5.013 personnes ont découvert en 2021 qu'ils étaient atteints du VIH, selon les estimations de Santé Publique France. En Bourgogne-Franche-Comté, on compterait 37 nouvelles contaminations pour un million d'habitants. Pour le 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le sida, AIDES rappelle une fois encore l'importance de se faire dépister régulièrement, quelle que soit son orientation sexuelle.
Plus de 40 ans après le début de son épidémie, en 2021, le VIH continue de contaminer de nouvelles personnes. Comme chaque année, en ce 1er décembre, pour la journée mondiale de lutte contre le sida, Santé Publique France dévoile les données des dépistages. En 2021, selon les estimations, 5.013 personnes ont appris qu'elles étaient séropositives au VIH.
En Bourgogne-Franche-Comté, l'organisme estime que 37 personnes ont été dépistées positives au VIH en 2021 par million d'habitants. Pour rappel, la région comptait en 2021 un peu plus de 2,7 millions d'habitants. Un chiffre en hausse : en 2019, avant le covid, ce taux était de 34 nouveaux dépistages positifs pour un million d'habitants. "Sur les dernières estimations, on compte un peu plus de 2.200 personnes qui vivent avec le VIH dans la région" précise Emmanuel Bodoignet, président d'Aides Bourgogne-Franche-Comté.
Des nouveaux malades en majorité hétérosexuels…. Et dépistés plus tardivement
"Cette année, le public le plus concerné par ces découvertes de séropositivité, ce sont les hétérosexuels" ajoute Emmanuel Bodoignet. "Ils représentent 51% des nouvelles découvertes de VIH". Un chiffre en augmentation. En majorité, ces nouveaux séropositifs sont des personnes nées à l'étranger, ils représentent 36% des nouvelles contaminations, mais aussi des hétérosexuels, homme ou femme, nés en France, qui forment eux 15% des nouveaux diagnostics de VIH.
Les hétérosexuels, en général, sont diagnostiqués un peu plus tardivement, avec des défenses immunitaires plus basses
Dr. Laurent Hustache-Mathieu, infectiologue au CHU de Besançon
Autre évolution : les dépistages précoces sont en recul. C'est-à-dire que les personnes diagnostiquées ont tendance à l'être alors qu'elles ont atteint un stade plus avancé du VIH. En 2021, 1.450 personnes "ont découvert leur séropositivité alors qu'elles étaient à un stade avancé de l'infection à VIH" selon le rapport de Santé Publique France. 658 d'entre elles auraient même appris être atteintes du sida, le stade le plus critique de la maladie. "C'est le cas très inquiétant où la personne aura des problèmes de santé toute sa vie" explique Emmanuel Bodoignet
De l'importance d'un dépistage le plus rapide possible
"Plus on est diagnostiqué tôt, moins le virus va avoir le temps de faire des dégâts dans votre organisme", indique le docteur Laurent Hustache-Mathieu, infectiologue au CHU de Besançon. Au contraire, si le dépistage est plus tardif, "le VIH a eu le temps d'abîmer votre organisme, et ça va entraîner une fragilité ultérieure, même si vous avez un traitement parfaitement efficace". "Si le virus a fait son travail, même une fois que vous avez accès à un traitement, vous allez payer cette période" regrette-t-il.
Malheureusement, "le dépistage n'a pas retrouvé son niveau d'avant-covid" constate le président de Aides Bourgogne-Franche-Comté. En effet, l'année dernière, 5,7 millions de tests de dépistages ont été réalisés dans des laboratoires médicaux, quand ils étaient un peu plus de 6 millions en 2019.
Quand on a une vie sexuelle active, un dépistage par an, c'est pas mal. Et une vie sexuelle très active, entre 3 et 5 partenaires par trimestre par exemple, tous les trois mois, c'est plutôt bien
Emmanuel Bodoignet, président de Aides Bourgogne-Franche-Comté
Vers la fin de l'épidémie de VIH ?
Le dépistage est d'autant plus important, qu'il est l'un des axes majeurs de la politique de lutte contre le sida de l'OMS, qui vise "l'objectif 0 découverte de VIH dans le monde" d'ici à 2030. L'ONUSIDA, le programme des Nations Unies dédié au VIH, détermine ainsi des objectifs pour chaque région du monde, donnés sur des périodes de cinq ans, pour "mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique".
L'organisme préconise ainsi "les trois 95". "95% de la population dépistée, énumère Emmanuel Bodoignet, 95% des personnes dépistées séropositives ont accès à un traitement, et 95% de celles-ci ont une charge virale indétectable". En effet, lorsque le traitement d'une personne atteinte du VIH fonctionne bien, sa charge virale, la présence du virus dans son sang, peut baisser au point que l'on ne le détecte plus. Quand c'est le cas, ces personnes ne peuvent plus transmettre le virus. D'où l'importance, une fois de plus, de dépister et traiter efficacement les personnes atteintes. Santé Publique France estime que dans le pays, environ 24.000 personnes vivraient toujours avec le VIH sans le savoir.