L’université de Franche-Comté porte plainte contre Némésis pour dégradations de locaux à la suite de la découverte lundi 6 novembre d’autocollants, de tags xénophobes et racistes à l’extérieur de la bibliothèque Proudhon à Besançon. Une enquête a été ouverte.
Les dégradations auraient presque pu passer inaperçues si les auteurs présumés du collage de nombreux stickers sur des poteaux à l’entrée de la bibliothèque Proudhon à Besançon n'avaient pas elles-mêmes revendiqué "une session stickage" sur le compte Instagram Némésis Besançon 25.
Ces autocollants représentent une jeune femme aux cheveux longs sur fond bleu. Quant aux tags au sol, découverts proches des endroits où les stickers ont été apposés, ils ont été vite effacés par les services de l’université. Il s’agissait d’inscriptions racistes et xénophobes. D'après des photographies prises avant le nettoyage, on pouvait lire "libérez-nous de l'immigration" ou encore "les Françaises ne sont pas de frontières violables". C'est pour cette raison que l'Université a décidé d'engager une plainte.
Ce collectif est tout récent à Besançon, il existe en France depuis 2019. En septembre 2023, lors de la braderie de Lille, des membres du collectif Némésis avaient été mises en garde à vue à la suite d'actions racistes. D'après le quotidien Libération, le député RN Julien Odoul avait dénoncé sur Twitter la garde à vue des militantes identitaires, les décrivant comme des "lanceurs d'alerte".
Une publication effacée des réseaux sociaux
Dans la capitale bisontine, des jeunes femmes ont créé un groupe local. Avec un compte Instagram pour diffuser leurs convictions. Sur leur page, des photos et une petite vidéo les montraient en train de coller les autocollants. La publication a été dépubliée dans l'après-midi du mardi 7 novembre et ce compte n'est plus accessible. Contacté cette même après-midi du 7 novembre par France 3 Franche-Comté, le collectif bisontin n'a pas répondu à notre sollicitation.
L’université de Franche-Comté a décidé de porter plainte contre Némésis pour dégradation de locaux. Quant à Timo Lecki, le représentant étudiant de « la seule alternative écolo et solidaire » au conseil d’administration de l’université, il va demander à l’université de prendre une motion interdisant ce type d’action militante.
L'université de Franche-Comté soupçonne également le « collectif féministe et identitaire, pour la défense des droits des femmes en Europe» pour reprendre l’expression publiée sur son site, d'avoir apposé au sein de ses locaux des tags racistes et xénophobes. À ce titre, d'après les actions revendiquées sur le site du collectif, ces jeunes femmes font systématiquement un rapprochement entre les violences faites aux femmes et l’immigration « de masse ».
L’étudiant dénonce l’action de Némésis Besançon et estime que « cela ne sert qu’à distiller de la haine et de la xénophobie ». Timo Lecki rappelle que l’an dernier, la Cocarde étudiante, un groupe d’étudiants d’extrême-droite, était présent sur le campus bisontin. Deux militants d'extrême-droite, avaient été condamnés par le tribunal correctionnel de Besançon à 140 heures de travail d'intérêt général. Ils avaient dégradé une statue de Victor Hugo en novembre 2022, car ils la trouvaient "trop noire".
Contacté par France 3 Franche-Comté, le collectif bisontin Némésis n'a pas donné suite à nos sollications. Mais, par l'intermédiaire de son avocat, le collectif a démenti formellement dès le 8 novembre être l'auteur des tags et collages à l'université de Besançon.
Pas d'extrême-droite au conseil d'administration
En 2022, lors des élections étudiantes au conseil d’administration de l’université de Franche-Comté, l’extrême-droite n’est pas représentée. La BAF a quatre sièges, la CGT étudiante 1 siège et « la seule alternative écolo et solidaire » 1 siège.
Le collectif a choisi de s’appeler Némésis, une référence à la Déesse grecque, « personnification de la vengeance divine qui s’exerce contre les hommes cherchant à échapper à leur destin » selon le Larousse. « Fille de la nuit », Némésis pourrait bien incarner le côté sombre de femmes et d’hommes, bien loin des valeurs humanistes de Victor Hugo.