Pour la première fois, le syndicat étudiant La Cocarde, proche du Rassemblement national et du parti Reconquête, entre au conseil d'administration de l'Université de technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM). Il remporte 20% des voix lors des élections étudiantes.
Ils seront sept étudiants issus du syndicat La Cocarde à siéger au Conseil des études et de la vie universitaire, ainsi qu'au Conseil d'administration de l'UTBM (Université de technologie de Belfort-Montbéliard).
Ce mouvement étudiant est implanté dans plusieurs villes de France, mais c'est la première fois que ce syndicat proche de l'extrême droite investit le champ universitaire franc-comtois. "C'est une surprise parce qu'on ne s'y attendait pas du tout. On pensait se retrouver avec deux ou trois élus, au final, on en a plus du double. On est agréablement surpris de voir que cela a mobilisé les étudiants", se félicite Quentin Macullo, responsable régional de La Cocarde Etudiante et élève ingénieur à l'UTBM.
Une percée historique qui s'explique en partie par une participation record aux élections étudiantes de l'établissement. Cette année, le taux de participation s'élève à 21%, contre 8% les années précédentes. La communication de l'UTBM pour voter aux élections a attiré les étudiants en ingénierie.
Sur 500 voix exprimées, La Cocarde a remporté 96 voix, qui lui permettent d'être représentée au sein du Conseil d'administration. Les élus de La Cocarde siégeront aux côtés des étudiants issus de deux autres listes, plus nombreux. Parmi elles, la liste d'un mouvement étudiant apolitique qui a réagi à cette victoire surprise. "Je suis assez étonnée. On a plus de 80 nationalités représentées sur notre campus. Je suis plutôt déçue parce que l'UTBM a toujours été une école apolitique. L'élection d'une telle liste pourrait nuire à la tranquillité de nos études", s'inquiète Enora Brunel, élève ingénieure élue au Conseil des études et de la vie universitaire. Si les voix de La Cocarde restent minoritaires, les conseils étudiants vont devenir le théâtre de nouveaux débats.
La préférence nationale comme mesure phare
Pour les nouveaux étudiants de La Cocarde élus, il est déjà temps de penser à appliquer le programme présenté lors des élections. Leur mesure phare concerne l'attribution des bourses et des logements du CROUS. Avec un seul mot d'ordre : priorité nationale. "Pour nous, c'est inacceptable que des étrangers puissent avoir accès à des bourses et des logements quand des Français n'en ont pas. On n'est pas pour l'exclusivité, mais on souhaite que ce soit des Français qui puissent en bénéficier", explique Quentin Macullo.
Parmi les autres propositions du syndicat : la suppression d'un cours dispensé à l'université sur les études de genre. "C'est quelque chose qui n'a pas vocation à être enseigné à des étudiants en école d'ingénieur. C'est la première fois qu'on a un cours qui est complètement d'un autre monde et qui, pour nous, est en opposition avec la science", constate l'étudiant.
La "droite nationale" plutôt que l'extrême droite
Les élections passées ont laissé des traces sur les bâtiments de l'université. Des autocollants et tags "Antifa", pour antifasciste, ornent plusieurs murs de l'UTBM. Pour Quentin Macullo, La Cocarde n'est pas d'extrême droite. Pourtant, les liens entre le syndicat et le Rassemblement National sont multiples. "C'est un terme utilisé uniquement à vocation péjorative. On réfute ça, on se présente comme la droite nationale", se défend-t-il. Avant d'ajouter : "on travaille avec des députés du Rassemblement national, de Reconquête d'Eric Zemmour et Debout la France, mais on reste indépendant vis-à-vis d'eux".
Pour les étudiants élus majoritairement aux deux conseils, il s'agit désormais de discuter et de débattre sur de nouveaux sujets, mais aussi de communiquer avec les étudiants de l'UTBM. "Pour nous, ce qui va être important, surtout, ce sont les prochaines élections", explique Enora Brunel. "On va devoir communiquer avec les étudiants pour leur faire comprendre l'importance de ces conseils, pour qu'ils sachent pour qui ils votent. Pour essayer de garder une voix apolitique, car l'UTBM n'est pas là pour faire de la politique", conclut-elle. Les élections étudiantes ont lieu tous les deux ans.
Pour rappel, la Cocarde étudiante avait fait parler d'elle dans le Doubs en février 2023. Le représentant du mouvement à Besançon, Théo G., exclu depuis, avait été condamné par la justice pour avoir dégradé une statue de Victor Hugo qu'il jugeait "trop noire" (relire notre article).