"Les enfants doivent être au cœur de nos journées", des assistantes maternelles font maison commune à l'Hôpital-du-Grosbois

Elles ont décidé de ne plus rester seules et d'accueillir ensemble les enfants qu'elles gardent. Deux professionnelles de la petite enfance viennent d'ouvrir une maison d'assistantes maternelles (MAM) à L'Hôpital-du-Grosbois (Doubs). Entre "nounou" et crèche, une nouvelle alternative pour les parents.

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Ne les appelez surtout pas des "nounous" ! Toutes les deux ont travaillé pendant des années dans des crèches avant d'ouvrir cette Maison d'Assistantes Maternelles (MAM) à L'Hôpital-du-Grosbois entre Besançon et Pontarlier (Doubs) le 6 novembre 2023. "Beaucoup de gens pensent que garder des enfants, ce n'est pas un métier, admet Elsa Lacroix. C'était peut-être vrai avant, mais aujourd'hui, les assistantes maternelles sont formées, évaluées, contrôlées. Même si l'image de la nounou est encore coriace !"

Par définition, une MAM est un regroupement d'assistantes maternelles dans un endroit adapté, avec des équipements communs partagés. Mais Elsa Lacroix, 35 ans, et Patricia Fanget, 53 ans, elles, ont voulu créer une "vraie maison" pour respecter au mieux le rythme des enfants. Ils sont cinq pour l'instant, mais huit pourront être accueillis à terme dans cette structure, pensée pour eux.

"C'est une structure plus petite et tournée vers l'extérieur, le jardin, précise Elsa Lacroix. Elle insiste aussi sur les différentes pièces aménagées pour l'éveil, le repas et le repos. "Pour les parents, on conserve cet accueil familial, ajoute Patricia Fanget. Ce n'est pas une crèche de 60 places." 

Les deux assistantes maternelles insistent sur cette nécessité de s'adapter à chacun. "On met les enfants au cœur de nos journées, assure Elsa Lacroix. On respecte leur rythme. S'il est fatigué et qu'il veut continuer à dormir, on ne le relève pas. C'est un peu de l'individuel dans le collectif !"

Les deux femmes ne cachent pas non plus que c'est aussi une façon pour elle de rompre l'isolement. Un isolement qui décourage les candidates à ce métier. "C'est dur de rester seule avec plusieurs enfants, explique Patricia Fanget. Il n'y a pas le même risque à deux. On peut se passer le relais et c'est rassurant pour nous, comme pour les parents."  

"Les assistantes maternelles vieillissent et elles sont en train de disparaître, ajoute Elsa Lacroix. Les jeunes ne veulent plus se lancer seules. Et c'est peut-être pour cela que ces MAM, qui sont aussi plus encadrées aujourd'hui par la PMI (Protection Maternelle Infantile, ndlr), fleurissent un peu partout."

60 000 places en moins

Le Haut Conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge (HCFEA) avait dressé en mars dernier un bilan "morose" de l'offre d'accueil existante. Le nombre de places disponibles est en baisse depuis plusieurs années en France. C'est particulièrement vrai pour l'accueil des jeunes enfants par les assistantes maternelles (60 000 places en moins entre 2013 et 2020). En 2021, l’accueil par une assistante maternelle restait pourtant le premier choix pour 23 % des parents. "Seule l’offre par les crèches privées à but lucratif augmente, en particulier les micro-crèches à tarif libre", indiquait le HCFEA dans son rapport. 

Mais pas question pour les deux assistantes maternelles d'entrer en concurrence avec les autres structures locales. Le village dispose en effet depuis presque deux ans d'une micro-crèche de 12 places, "Les mini-pousses", gérée par l'association Familles rurales la Clef verte d’Etalans."Ça laisse le choix aux parents, assure Patricia Fanget. On est complémentaires en fait et on est déjà en relation avec eux."

"Service public de la petite enfance"

Hasard du calendrier, la MAM de L'Hôpital-du-Grosbois a ouvert ses portes quelques jours seulement avant le vote de la loi pour le plein emploi mardi 14 novembre. Un texte adopté par l'assemblée nationale par 190 voix contre 147, qui prévoit justement, dans son article 10, la création d'un "service public de la petite enfance"

Les communes ou les intercommunalités seront ainsi chargées d'organiser l'accueil des "enfants âgés de moins de trois ans", avec de nouvelles obligations qui entreront en vigueur à partir du 1er janvier 2025. Les communes de plus de 10.000 habitants vont également devoir mettre en place au plus tard en 2026, un relais petite enfance (RPE).

Ce futur SPPE comme l'appellent les professionnels du secteur, était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Il doit proposer 100 000 solutions d'accueil en plus d'ici à 2027 avec un objectif de 200 000 places nouvelles à horizon 2030 et le déblocage d'une enveloppe importante de plus de 5,5 milliards d’euros en cinq ans.

Le gouvernement souhaite, dit-il, développer les accueils souples et flexibles pour offrir à tous les enfants une expérience de socialisation avant l’entrée à l’école maternelle. Il pourrait notamment apporter un fort soutien aux MAM avec un doublement de l’aide au démarrage de 3 000 à 6 000 euros. Une enveloppe de 60 millions d'euros est également annoncée pour soutenir les crèches familiales et les autres "initiatives inspirantes de rénovation de l'accueil individuel".

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