À l'occasion des journées européennes de la migration, de nombreuses activités sont organisées par la Ligue de protection des oiseaux (LPO), pour s'initier à la reconnaissance et au comptage des volatiles. Cette période de l'année est essentielle pour dresser un tableau des espèces dans la région et de leurs nouvelles habitudes.
Grives, milans noirs, pigeons ramiers, les curieux sont invités à venir découvrir les espèces migratrices dans la région ce week-end des 7 et 8 octobre, à l'occasion des journées européennes de la migration. Cette période de l'année propice au passage des volatiles dans la région. Elle permet de réaliser des comptages et ainsi de contribuer à dresser un tableau des comportements des espèces d'une année à l'autre.
Si les premiers relevés ont débuté en septembre, les températures très douces de ces derniers jours ralentissent le passage des oiseaux. "C’est très bas par rapport aux autres années, avec un démarrage assez timide", constate Alexis Révillon, chargé de mission à la LPO, coordinateur du site de la montagne de la Folie en Saône-et-Loire. "Nous avons des conditions météorologiques jamais connues, avec des températures très élevées. Nous ne savons pas encore si cela impacte les oiseaux positivement ou négativement", précise-t-il.
Été indien
Ces derniers jours, des changements de comportement ont été identifiés chez certaines espèces. Les passereaux qui migrent habituellement la nuit et pendant la matinée, ne sont plus observés dans le ciel au petit matin. D'autres volatiles volent plus haut en altitude. Ainsi, leur identification est rendue plus difficile et les équipes de comptage doivent jongler avec les brumes de chaleur qui bouchent la visibilité à l'aube.
Cette douceur inhabituelle tend à retarder la migration de certaines espèces, un phénomène qui comporte des risques. "Des oiseaux qui partent trop tardivement, peuvent être victimes de bouleversement climatique rapide, comme une vague de froid", explique Dominique Delfino, photographe naturaliste et membre du groupe local du pays de Monbéliard de la LPO. Une situation qui pourrait entraîner une hausse de la mortalité des oiseaux qui se retrouvent piégés.
Espèces nouvelles
À l'inverse, depuis quelques années, de nouvelles espèces semblent se plaire davantage en Bourgogne-Franche-Comté. "Nous observons de plus en plus de petits chevaliers et des grues cendrées", se réjouit Dominique Delfino. La population de milans noirs a, elle aussi, augmenté grâce à des dispositifs de protection de l'espèce et la cigogne blanche a multiplié ses effectifs dans la région.
"Le changement climatique vient complètement brouiller les cartes et complique les interprétations que l'on peut avoir. Des espèces ont changé au niveau de leur comportement comme celles qui ont des migrations partielles ou à courte distance", explique Alain Joveniaux, président du groupe ornithologique du Jura. C'est le cas de la fauvette à tête noir, cette espèce qui se déplaçait du Nord-est au Sud-ouest, vole désormais d'Est en Ouest en s'installant dans de nouvelles zones d'hivernage.
Pour comprendre les effets du changement climatique, il faudra plusieurs dizaines d'années, s'accordent unanimement les experts rencontrés. C'est pourquoi les journées de comptages à l'échelle européenne sont primordiales pour mieux identifier les nouveaux comportements des oiseaux. Des sessions découvertes sont organisées à travers toute la Bourgogne-Franche-Comté pour en apprendre plus sur la faune ornithologique locale.
