Faute de candidats, un boucher-charcutier-traiteur de Serre-les-Sapins (Doubs) mise sur l'humour pour recruter. Avec ses employés, il pose en petite tenue devant sa boutique et espère faire le buzz pour trouver enfin du renfort.
"La boîte aux lettres ne plie pas sous les CV", reconnaît Xavier Deforet. Boucher-charcutier-traiteur à Serre-les-Sapins (Doubs), il cherche désespérément depuis des semaines des volontaires pour venir lui prêter main-forte.
Mais faute de candidats, il a décidé d'employer les grands moyens. Pas question de rendre son tablier, bien au contraire. C'est la seule chose qu'il a gardée sur la photo. Avec ses salariés, il pose en effet presque nu devant la vitrine de sa boucherie. "Tu aimes travailler dans la bonne humeur ?" interpelle avec humour la petite annonce qui a été publiée ce mardi 3 décembre 2024 sur ses réseaux sociaux. L'offre d'emploi se veut alléchante.
"Faire le buzz"
"J'avais fait une annonce classique mais ça n'attire pas l'œil", sourit l'artisan qui espère maintenant "faire le buzz" pour étoffer son équipe. "On manque de bras, explique-t-il à France 3 Franche-Comté. J'avais déjà besoin d'une personne supplémentaire et j'ai un gars qui part s'installer du côté d'Auxerre, je suis dans une situation alarmante."
L'entreprise est plutôt florissante. Victime de son succès, Xavier Deforet a même dû déménager de Frasnois il y a un an pour s'installer dans de nouveaux locaux plus grands et plus adaptés dans la commune voisine. L'équipe de 12 personnes fait également merveille dans les concours. Fin novembre, la "team Deforet" a décroché cinq médailles au Concours international de la charcuterie de Lyon : de l'or pour son jambon cuit, sa saucisse fumée séchée, sa rosette et son saucisson sec pur porc, et de l'argent pour ses rillettes !
Problèmes de recrutement
Pas de quoi pour autant séduire les apprentis ou les jeunes diplômés. "Il y a 10 ou 15 ans, on avait des classes de 100 élèves dans les centres de formation, regrette Xavier Deforet. Aujourd'hui, si on en a 20, on est au bout du bout."
C'est un problème de fond. Dans 10 ans, c'est plus de la moitié des artisans bouchers qui vont partir à la retraite sans personne pour les remplacer. J'ai trois apprentis, on forme, on aménage les plannings, mais on n'arrive pas à recruter.
Xavier Deforet, artisan boucher à Serre-les-Sapins (Doubs).
Et de prendre pour exemple Philippe Bonnet, un de ses collègues à Besançon (Doubs), qui a dû récemment cesser son activité, notamment à cause de ces problèmes de personnel. "Philippe Bonnet a fermé mais on a du souci à se faire pour tous les métiers artisanaux manuels, bouchers, boulangers, pâtissiers", déplore-t-il.
Chez lui, dit-il, un jeune diplômé gagne 1 750 euros net par mois pour 35 heures de travail hebdomadaire, bien au-dessus du SMIC. "On n'est plus à 50 heures par semaine comme avant", assure le boucher qui a commencé à travailler à l'âge de 14 ans. Il en a aujourd'hui 34 et toujours plein d'espoirs malgré tout pour sa profession. Il espère surtout que sa drôle de recette pour embaucher lui permettra "d'accrocher un ou deux candidats sérieux".
Chaque année, selon la Confédération Française de la Boucherie, Boucherie-Charcuterie, Traiteurs (CFBCT), plus de 10 000 apprentis et 2 000 adultes en reconversion sont pourtant formés au métier de boucher.
On compte encore aujourd'hui plus de 18 000 boucheries artisanales en France. Même si on mange de moins en moins de viande. Entre 2013 et 2022, la consommation moyenne de viande par habitant est passée de 85.1 kg équivalent-carcasse en moyenne à 83.5 kg équivalent-carcasse.