Pâques : "On est obligés d'augmenter nos prix" se désolent des chocolatiers

La fête de Pâques n'échappera pas à l'inflation. Comme leurs confrères boulangers, les artisans chocolatiers de Franche-Comté doivent choisir entre augmenter leurs prix ou rogner leurs marges. Un équilibre précaire. Dès cette année, certains lapins en chocolat seront plus chers.

C'est une fête qui représente pour beaucoup l'insouciance et la légèreté de l'enfance. Les doux souvenirs des chasses aux œufs dans les jardins des grands-parents, le panier rempli de lapins, poules et petits pralinés. Le retour du printemps, les repas de famille et une certaine nostalgie, qui nous fait presque regretter l'indigestion que l'abus de chocolat provoquait presque immanquablement. Des souvenirs que l'on voudrait transmettre aux enfants d'aujourd'hui. Pourtant, l'actualité et l'inflation pourraient venir troubler l'image d'Epinal.

Alors que l'INSEE estime que l'inflation s'est élevée à 5,6% entre avril 2022 et mars 2023, les œufs de Pâques ne seront pas toujours épargnés. En Franche-Comté, les artisans chocolatiers naviguent cette année dans des eaux troubles, entre les difficultés financières des consommateurs, parfois bien en peine de d'acheter des produits frais, et des charges de production qui explosent.

Lapins en chocolat, pralinés, mignardises… Tous les produits sont concernés

Comme leurs confrères boulangers, les artisans chocolat doivent composer avec des coûts de production qui explosent. "Les produits laitiers, les crèmes, le beurre… C'est des fois deux, fois trois sur les prix" se désole Marc Verdant, chocolatier dans le Doubs, à Pontarlier et à Avanne Aveney. "Les fruits secs, ça a doublé, le chocolat ça a pris 20, 30 pourcents…".

Toutes les matières premières sont concernées, même celles qu'on ne soupçonnerait pas. "Les emballages, c'est énorme" continue l'artisan. "Un œuf de Pâques, ou une poule, on va le mettre dans une cloche en plastique ou une boîte en carton pour le protéger. Ça a pris 40%... "

La profession n'échappe pas à la vertigineuse augmentation des prix de l'énergie. Si la fabrication du chocolat est moins couteuse en électricité que la fabrication du pain, le coût est bien là. "Pour vous donner une idée", explique Bruno Grandvoinnet, chocolatier à Besançon, "normalement, j'ai une facture à 1.800 euros. Ma dernière facture, c'est 4.700 euros. L'aide de l'Etat, ça représente 700 euros." L'artisan ajoute qu'il estime avoir de la chance, car tous ses confrères ne sont pas soutenus par cette aide.

Limiter au maximum l'augmentation des prix de vente

Dans ce contexte, les chocolatiers se trouvent dans des situations très différentes. Selon les aides qu'ils reçoivent, ou non, leur masse salariale, et les marges qu'ils avaient auparavant, certains n'ont pas eu le choix. "On est obligés d'augmenter nos prix" se désole Marc Verdant "il y a les salaires, l'énergie, les matières premières… on est obligés".

L'artisan a cependant essayé de limiter ces augmentations en fonction des contraintes de chaque produit. "Aujourd'hui, on doit faire super attention à ce qu'on achète et on doit surveille, surveiller.. Et si on le fait pas…" le chocolatier préfère ne pas aller au bout de sa phrase.

D'autres chocolatiers ont réussi à limiter la casse pour ces Pâques 2023. En général, ils bénéficient d'une spécificité du secteur : des prix négociés à l'année. "Quand on achète notre chocolat, on a un tarif fixé pour l'année" explique Rémi Viennet. "Beaucoup travaillent comme ça, et chacun sa période. Nous, le tarif a été fixé en mars 2022, et on avait acheté notre chocolat pour l'année". Mais ses tarifs changeront après les fêtes de Pâques. "A titre personnel, je n'ai pas fait de répercussion sur mes clients" confie Bruno Grandvoinnet. "On a négocié nos prix, d'une saison sur l'autre".

Les clients seront-ils au rendez-vous ?

Une contrainte forte pèse sur le secteur des artisans chocolatiers : "Le chocolat, ça n'est pas un produit de première nécessité" reconnaît Bruno Grandvoinnet. "Pâques, ça reste une fête catholique. Demain, on peut fêter Pâques en achetant moins de chocolat… par contre, les artisans, ils ne pourront plus payer les factures."

Même son de cloche chez Marc Verdant. "Au niveau consommateur, à un moment donné, ça va être compliqué". "Dans le contexte actuel de morosité ambiante, la réforme des retraites, l'inflation… Bon, il y a des gens qui vont peut-être se passer de chocolat cette année."

Une perspective difficile pour l'avenir. "S'il y a des gens qui commencent à ne plus fêter Pâques, c'est pas terrible pour les années futures années" continue le chocolatier du Haut-Doubs. Bruno Grandvoinnet, par ailleurs président de la CGAD Doubs (Confédération Générale de l’Alimentation en Détail), ne cache pas son inquiétude : "On va avoir des supers entreprises en très grosses difficultés dans les mois à venir".

Les ventes des prochains jours, période cruciale pour les chocolatiers, pourraient être déterminantes.

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