Certains commerçants et restaurateurs se mobilisent dans le Pays de Montbéliard (Doubs). "Indépendants", ne faisant partie d'aucun syndicat ou organisme professionnel, ils se plaignent de n'avoir ni information, ni aides financières. Leur objectif : "Aucun commerce ne doit fermer !"
Daniel Bourquin est restaurateur, c'est le patron du Marco Polo au pied du château de Montbéliard. "Apprenti depuis l'âge de 15 ans. Arrivé tôt et parti tard, je travaille beaucoup, comme les autres restaurateurs. Le fonds de solidarité, ce n'est pas pour moi, car je ne rentre pas dans la bonne catégorie. Mais, à trois ans de la retraite, je suis obligé de prendre un prêt garanti par l'Etat pour 5 ans... Je ne pourrai pas partir comme prévu. Avec la crise, j'ai licencié 2 salariés, 7 autres sont au chômage partiel..."
Il ne se lamente pas sur son sort. Le restaurateur explique juste la situation, et veut venir en aide aux commerçants et aux restaurateurs du Pays de Montbéliard. A tous, et sur l'ensemble du territoire.
Un déficit d'information sur les aides
"Indépendant dans l'âme", Daniel Bourquin ne fait partie d'aucun syndicat, organisme professionnel ou association. Le groupe mobilisé à ses côtés va d'ailleurs rejoindre l'association des commerçants de Montbéliard. Pour être plus efficace.Ce qui manque aux commerçants et aux cafetiers restaurateurs ? Déjà de l'information. "De l'argent, il y en a. A la région. A PMA (Pays Montbéliard Agglomération). Mais on ne sait pas comment aller le chercher. Ceux qui ont obtenu un prêt garanti par l'Etat l'ont déjà consommé en grande partie ou entièrement..." Il s'en prend aux experts-comptables "qui facturent toutes leurs démarches, notamment les demandes d'aides. A la longue, ça revient cher..." dit-il.
Didier Klein, vice-président (UDI) en charge de l'économie à l'agglomération PMA, partage le constat de Daniel Bourquin : "Oui, c'est compliqué. Chacun a ses aides. L'Etat, la Région, les Communautés de communes ou d'agglomération. C'est difficile de s'y retrouver. C'est pourquoi on a mis en place un numéro pour les commerçants, restaurateurs, artisans, pour tous les indépendants. Ceux qui sont vraiment compétents, ce sont les CCI (Chambres de Commerce et d'Industrie)."
Il détaille les aides mises en place par PMA : "On avait un dispositif qui existait avant la crise : Echop. On aide les locataires à payer les loyers de leurs locaux. On a été les premiers à le faire en Bourgogne - Franche-Comté, dès avril. On a déjà distribué 350 000 euros et 1,2 million a été prévu. D'ailleurs, la région s'en est inspirée pour mettre en place son dispositif. Ensemble, on paye la moitié des loyers."
Risque de suicide ?
Face à la crise sanitaire et économique, chacun réagit différemment. Certains veulent des actions violentes ou du moins spectaculaires pour se faire entendre. Daniel Bourquin raconte : "Jusqu'à maintenant, on calme les troupes. Cela ne servirait à rien. Pas de manif, pas de blocage aux ronds-points. On retient les gens... Mais jusqu'à quand ? Ce qui m'inquiète, ce sont les gens qui envisagent le suicide. Des propos donnent l'alerte. On fait attention. Pour notamment deux personnes. Et il y a ceux qui ne disent rien, restent dans leur coin... Ceux-là m'inquiètent encore plus" ajoute le restaurateur montbéliardais.
Didier Klein est, lui aussi, conscient de ce risque pour certains, ceux qui subissent cette crise de plein fouet. Notamment les restaurateurs "premiers fermés, derniers à rouvrir. Ils ne pourront pas rouvrir avant l'année prochaine. Perdre un commerce, c'est dur mais un suicide... c'est irréparable et ce serait catastrophique."
Didier Klein rencontre vendredi 20 novembre dans l'après-midi Daniel Bourquin et des représentants des unions et associations de professionnels pour trouver des réponses à cette crise sans précédent.