Insultantes, grossophobes, illégales : des affiches invitent à voter Jordan Bardella dans cette circonscription du Doubs

Dans la nuit du samedi au dimanche 16 juin 2024, des affiches moquant les candidats du Nouveau Front populaire de la quatrième circonscription du Doubs ont été collées sur des panneaux électoraux de Montbéliard. Illégales, ces affiches enjoignent à voter "Jordan Bardella". Chaque camp accuse l'autre.

Devant certains bureaux de vote de Montbéliard et de son agglomération, les passants ont eu de quoi être surpris ce dimanche 16 juin au matin : sur les panneaux électoraux, pourtant voués à rester vierges jusqu'au début officiel de la campagne électorale ce lundi 17 juin, des affiches avaient été collées. 

Photomontages de Jean-Luc Mélenchon avec une pancarte "votez Jordan Bardella", ou portant un voile, dénonciation de la dette de l'État français, ou encore blague grossophobe sur Mathilde Pannot, députée sortante LFI dans le Val-de-Marne... Sur chacune de ces affiches, en petits caractères noirs, l'inscription "affiche humouristique" (sic).

Sur l'une d'elles, le visuel de campagne des candidats du Front Populaire - PS de la 4ᵉ circonscription du Doubs, Magali Duvernois et son suppléant Martial Bourquin, a été détourné : deux têtes de clowns sont superposées sur les visages des candidats. En bas à droite, "les 20 et 27 juin, je vote pour Jordan Bardella". 

"Ce sont des pratiques d'officine d'extrême droite"

"C'est lamentable" lâche Martial Bourquin, ancien sénateur PS du Doubs et maire d'Audincourt. Pour le candidat suppléant, l'origine des affiches ne fait pas de doute. "Chassez le naturel, il revient au galop" dénonce le candidat suppléant, "on joue les gens bien sapés en costume cravate, mais derrière, ce sont des pratiques d'officine d'extrême droite". 

Magali Duvernois, candidate titulaire du Front Populaire et maire d'Exincourt, précise : "en aucun cas, je ne désigne la candidate, mais sans doute ses soutiens", "je pense que ce sont des gens proches des idées d'extrême droite".

L'élue se dit "pas vraiment surprise" : "s'il y a ce type d'affichage, c'est que le RN a peur de notre candidature, parce que nous sommes des gens implantés, que les personnes nous connaissaient et savent ce que nous avons fait en termes de politiques publiques" analyse-t-elle. Et d'énumérer "à Exincourt, j'ai fait la baisse de la tarification pour les cantines avec des plages horaires plus larges pour le périscolaire, la gratuité de la bibliothèque, le maintien des subventions aux associations". 

Son suppléant relève : "en plus, ils se trompent de circonscription". La plupart des affiches ont été collées à Montbéliard, qui fait partie de la 3ᵉ circonscription du Doubs, quand le duo est candidat dans la 4ᵉ, qui comprend notamment Audincourt et Sochaux-Grand Charmont. 

"La première victime, c'est moi" estime la candidate RN

Du côté du Rassemblement national, la candidate et députée sortante Géraldine Grangier s'est déclarée "indignée" de ces affiches "humiliantes pour les candidats", mais aussi "personnellement touchée qu'on puisse émettre l'idée que ça puisse venir de moi". "Aucun militant RN ne ferait une faute au nom de Jordan Bardella" ajoute-t-elle, en référence à l'une des affiches. 

"Ça se moque ouvertement des candidats PS, mais réellement, la première incriminée, la première victime, c'est moi" a déclaré la candidate RN et élue au Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. "La priorité, c'est de rendre du pouvoir d'achat, de rendre de la sécurité" annonce la députée sortante.

Dans la 3ᵉ circonscription, où une partie des affiches ont été collées, il n'y a pas de candidat du Rassemblement National, mais Matthieu Bloch, candidat LR soutenu par le RN. "Ce qui est certain, c'est que ça ne vient pas de droite" affirme le maire de Colombier-Fontaine, "ce n'est pas dans nos valeurs de faire ce genre de choses".

 

Le candidat LR-RN a une hypothèse : "est-ce que ce sont des gens qui veulent attaquer Duvernois tout en attaquant Bardella ? Ça me semble plus crédible". "À mon avis, ça vient de l'extrême gauche" déclare-t-il, désignant sans détour la France Insoumise. "Imprimer, ça a un coût, qui a assez d'argent pour faire ça ?" interroge Géraldine Grangier. "À qui profitent ces affiches ?" 

La France Insoumise, qui a conclu un accord avec les partis de gauche PS-EELV-PCF, ne présente pas de candidats dans ces deux circonscriptions. Contacté, Martial Bourquin balaie cette hypothèse : "ils se moquent du monde". 

"C'est leur mode opératoire" répond LFI

Séverine Véziès, candidate LFI dans la 1ʳᵉ circonscription du Doubs, à qui nous avons appris ce lundi matin l'événement, récuse ces accusations : "les camarades ont autre chose à faire, ils sont en campagne avec les candidats du Front Populaire" a-t-elle déclaré. Elle aussi y voit la marque de fabrique du camp opposé : "qu'ils assument la violence dans leurs rangs", "si on prend l'exemple de Besançon, ce sont eux qui ont barbouillé la statue de Victor Hugo, ce sont des militants d'extrême droite, c'est leur mode opératoire" dénonce la candidate. 

"Ces groupuscules n'existent plus chez nous, il y a longtemps qu'ils ont été dissous" affirme Géraldine Grangier. "Il n'y a plus d'ultra au RN". 

Les panneaux électoraux sont réservés aux candidats officiels. Ils sont numérotés et attribués par tirage au sort en préfecture, après la clôture des inscriptions. Les candidats ne peuvent y mettre des affiches que pendant la période électorale, et dans les trois jours qui suivent le scrutin pour annoncer leur désistement ou remercier leurs électeurs, mais les panneaux surnuméraires sont ensuite retirés. Il est expressément interdit de coller des affiches sur les panneaux des autres candidats. 

Magali Duvernois a indiqué qu'elle ne donnerait pas de "suites juridiques" à cette affaire.

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