Une fois encore le quartier de la Petite-Hollande à Montbéliard a été le théâtre de violences urbaines dimanche 7 février 2021 au soir. Les forces de l’ordre, déployées en nombre, ont très vite ramené le calme. La maire (LR) de Montbéliard, Marie-Noëlle Biguinet, se dit scandalisée.
Dimanche 7 février 2021 à 18h30, un premier appel est passé aux forces de l’ordre pour signaler la présence dans le quartier de la Petite-Hollande d’une cinquantaine de personnes encagoulées prêtes à en découdre. Les premiers départs de feu ont été constatés un peu plus tard, « trois quarts d’heure après ». La bande d’individus a mis le feu à six voitures stationnées du côté de l’avenue Blum et à trois poubelles au niveau de la rue de la Petite-Hollande. Par ailleurs, d’autres départs de feux ont été observés en plein milieu de la chaussée entre la rue de la Petite-Hollande et la rue du Petit Chênois.
« Je suis scandalisée par un tel comportement inqualifiable. Comment une cinquantaine de personnes peuvent pourrir la vie à 8.000 autres habitants et s’en prendre aux forces de l’ordre. C’est un défi lancé à la République. Je n’arrive pas à exprimer la colère qui m’anime » a réagit ce lundi matin, Marie-Noëlle Biguinet, maire (LR) de Montbéliard.
Le préfet du Doubs s'est rendu sur place
Rapidement, les forces de l’ordre de Montbéliard, Besançon, Vesoul et Belfort ont été déployées sur place et ont très vite rétabli l’ordre. « Il faut noter la reprise très rapide du terrain avec une montée en puissance des effectifs à 35 personnels engagés au plus fort de l’intervention. Au total ce sont dix patrouilles de police et deux patrouilles de gendarmerie qui ont été mobilisées. Au bout de 45 minutes, le calme été rétabli » se félicite Michel Klein, le directeur départemental de la sécurité publique du Doubs, avant de préciser que « maintenant une enquête va être menée pour déterminer les auteurs de ces faits et les traduire rapidement devant la justice pour qu’ils soient condamnés ».
A la suite de ces violences urbaines, le préfet du Doubs Joël Mathurin se rendra ce lundi 8 février 2021 à 16 heures à la Halle couverte du chantier des Hexagones (rue Mozart) à Montbéliard pour faire le point avec les forces de sécurité et la maire de Montbéliard, Marie-Noëlle Biguinet. A cette occasion des mesures seront présentées. Elles seront destinées à prévenir leur réitération.
Réactions politiques
Les premières réactions politiques n'ont pas tardé. En premier lieu, celles de deux candidats à la présidence de la région Bourgogne Franche-Comté, Julien Odoul du Rassemblement National (RN) et Gilles Platret le maire (LR) de Chalon-sur-Saône
Le préfet « condamne » ces violences... Les habitants du quartier de la Petite-Hollande qui les subissent au quotidien ne veulent pas des mots ou des communiqués de l’Etat : ils veulent qu'on arrête ces racailles et qu'on les condamne ! #Montbéliard https://t.co/PL8pHr5mFA
— Julien Odoul (@JulienOdoul) February 8, 2021
Gilles Platret, le maire de Chalon-sur-Saône et candidat aux régionales en appelle lui aussi à l’Etat. Dans un courriel envoyé à la presse, Gilles Platret s’indigne de voir qu’un « territoire de la République ne peut être laissé en pâture à des vauriens et des caïds qui font régner leur loi (…). Il importe donc au premier chef que l’État prenne ses responsabilités et, conscient de l’ampleur et de la profondeur du problème, mobilise les effectifs de police et de maintien de l’ordre nécessaires. Et pas simplement pour éteindre l’incendie, mais qu’il maintienne les forces du maintien de l’ordre sur place pour que le feu ne reprenne pas ».
Les violences urbaines troublent régulièrement ce quartier de la Petite-Hollande
En novembre 2020, la maire de Montbéliard, les députés Denis Sommer et Frédéric Barbier et les sénateurs Jean-François Longeot et Annick Jacquemet, s’étaient rendus Place Beauvau pour rencontrer le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin afin d’exposer la situation alarmante de la Petite-Hollande et demander des moyens pérennes. Ils avaient alors rencontré Alexandre Brugère, conseiller spécial sécurité du ministre.
La raison de ce déplacement à Paris, un rocambolesque rodéo quelques jours plus tôt, toujours dans le même quartier sensible de la Petite Hollande, où un engin de chantier avait été volé et utilisé pour détruire les caméras de vidéo-surveillance installées trois jours plus tôt. Les élus avaient notamment demandé que la police de Belfort puisse venir en renfort. « De ce rendez-vous nous avons obtenu huit policiers nationaux. Ils arriveront en mars. C’est très bien mais il faut que ça avance » réagit Marie-Noëlle Biguinet.
Même sentiment du côté d'Alliance, syndicat de police. « L'histoire se répète. On a eu une petite acalmie mais force est de constater que le message n'a pas porté ses fruits au vu des violences gratuites envers nos collègues. Quand on regarde les réponses pénales, il ne faut pas s'étonner du sentiment d'impunité qui pourrit la vie des gens » s'indigne Christophe Dalongeville secrétaire départemental du syndicat Alliance police nationale.
« Nombreux sont les copropriétaires qui ne supportent plus la dégradation de leurs conditions de vie »
Dans ce quartier classé zone de sécurité prioritaire depuis 2012, les équipements pour le bien-être et le bien-vivre sont nombreux. « On y trouve un pôle médical de services et un centre commercial en cours de reconstruction. La Petite-Hollande accueille de nombreux équipements publics comme la sécurité sociale, la caisse d’allocations familiales, le tribunal de grande instance, l’université, une mairie de quartier, un centre communal d’action sociale, une piscine, un collège, deux gymnases, une crèche, un centre de loisirs avec une ludothèque et une salle de spectacle, deux maisons de retraite » argumente la maire de Montbéliard.
Malgré « un environnement favorable en termes d’équipements publics, le renforcement de la vidéo-surveillance et le doublement de la police municipale, la situation et l’ambiance ne cessent de se dégrader » alerte Marie-Noëlle Biguinet, dans un courrier adressé à Gérald Darmanin en juillet 2020.
Par ailleurs, ce quartier a la chance, depuis sa création dans les années 60, de bénéficier de nombreuses copropriétés qui ont ainsi assuré une véritable mixité sociale « mais nombreux sont les copropriétaires qui ne supportent plus la dégradation de leurs conditions de vie. On parle de mixité sociale c’est facile à dire mais elle ne fonctionne que s’il y a paix et sérénité et là ce n’est pas le cas » ajoute l'élue.
Une demie-compagnie de CRS doit être déployée lundi 8 février en fin de journée dans le quartier. Le Préfet du Doubs s'est rendu sur place dans l'après-midi.