Ce mercredi 5 juin 2024, le procureur de la république de Montbéliard (Doubs) a annoncé la mise en examen d'un homme de 87 ans pour l'assassinat de sa fille de 57 ans, autiste non-verbale, en début de semaine.
Un homme de 87 ans a été inculpé pour l'assassinat de fille de 57 ans, a indiqué ce mercredi 5 juin le procureur de la république de Montbéliard, Paul-Edouard Lallois. Lors d'une conférence de presse, le procureur a détaillé l'état de l'enquête autour de la mort de cette femme, atteinte d'une "forme sévère d'autisme", ce lundi 3 juin tôt le matin, à Nommay près de Montbéliard dans le Doubs.
La mère a alerté les secours
C'est la mère de famille qui a alerté les secours tôt ce lundi matin, à 6h28, précise le procureur. D'abord les sapeurs-pompiers, puis les gendarmes. La femme de 90 ans a expliqué avoir trouvé "le corps sans vie" de sa fille dans son salon, ainsi que son mari de 87 ans qui venait de tenter de se suicider.
Rapidement dépêchés dans le petit village de l'agglomération de Montbéliard, les secours n'ont pu que constater le décès de la femme de 57 ans. Celle-ci était la deuxième des trois enfants du couple, et vivait toujours chez ses parents, les week-ends et pendant les vacances.
La mère de 90 ans a expliqué avoir trouvé sa fille "gisant sur le sol, inanimée, avec un plaid disposé sur son corps". "Elle a constaté qu'autour du cou de sa fille se trouvait un sac plastique sur la tête, et du scotch sur la bouche et le nez" a rapporté le procureur. "Aucune trace de violence ni aucune lésion de défense n'ont été retrouvées" a-t-il ajouté.
L'homme de 87 ans, lui, avait selon son épouse, tenté de se pendre. Il ne présentait pas de lésions et a été placé en garde à vue après auscultation d'un médecin.
Une première tentative d'assassinat deux jours plus tôt
Le procureur de la République a expliqué que la fille de 57 ans "présentait un handicap, à savoir une forme sévère d'autisme", "se traduisant par une incapacité à parler, la nécessité d'une prise en charge quotidienne par ses parents, en dehors du temps passé dans un centre spécialisé". La femme était en effet prise en charge la semaine, en pension complète, dans un centre médicalisé.
En garde à vue, l'homme de 87 ans "a reconnu être à l'origine du décès de sa fille", "en expliquant avoir essayé de l'étrangler une première fois l'avant-veille avec une longue corde". Selon le procureur, il aurait raconté avoir pris peur face à une sorte de crise d'épilepsie que sa fille avait alors faite, et renoncé le samedi 1er juin à son geste. "Il avait décidé ce lundi matin de mettre fin aux jours de sa fille en expliquant que son souhait était de se donner la mort immédiatement après".
Selon les déclarations concordantes du couple, c'est après que sa fille est décédée, et alors qu'il se passait autour du cou une corde attachée à la mezzanine de la pièce, que l'épouse de 90 ans était entrée dans la pièce. Après qu'elle l'a fait descendre de l'escabeau sur lequel il était monté, et alors qu'elle s'affairait autour de sa fille, l'homme serait de nouveau monté sur cet escabeau, déterminé à mettre fin à ses jours. Sa femme aurait alors pris des ciseaux pour couper la corde.
"La prise en charge de sa fille devenait trop lourde à porter"
"L'enquête a été ouverte du chef d'assassinat compte tenu des éléments permettant de suspecter une préméditation" a déclaré Paul-Edouard Lallois. En garde à vue, où l'homme de 87 ans a tenu des propos "parfaitement cohérents", "ce monsieur a expliqué que la prise en charge de sa fille devenait trop lourde à porter, notamment pour son épouse de 90 ans".
Cette prise en charge "du lever au coucher" impliquait "des soins, la toilette, découper les aliments..." a énuméré le procureur.
Le procureur a précisé que l'homme de 87 ans "n'a pas exprimé ni de remords, ni de regrets", expliquant au contraire "qu'il assumait son geste et qu'il avait estimé que c'était selon lui la seule issue à la situation dans laquelle il se trouvait". "Son souhait était de mettre fin aux jours de sa fille, et dans la foulée de mettre fin à ses jours, ça lui paraissait une suite logique".
Les auditions de la famille, la mère de 90 ans et le deuxième enfant du couple, ont décrit une prise en charge difficile de la femme de 57 ans, mais sans élément qui aurait "laissé présager une telle issue". Il n'y aurait pas eu de dégradation de la prise en charge de cette femme autiste non-verbale, ou d'événement particulier concernant la santé du couple.
L'homme de 87 ans a été placé en détention provisoire "pour prévenir tout risque suicidaire" a décrit le procureur de la République. D'autres auditions pour comprendre "le parcours de ce foyer familial", ainsi que des expertises psychiatriques et psychologiques sont prévues. Le corps de la victime doit être autopsié ce mercredi à Besançon.
La brigade de recherche de la gendarmerie de Montbéliard est en charge de l'enquête.