Résistants, jeunes, fougueux, inexpérimentés : il y a 80 ans, ce maquis du Doubs subissait une terrible attaque

Le 8 juillet 1944, au petit matin, les Allemands prennent d’assaut le maquis d’Écot (Doubs), constitué d’une centaine d’hommes.16 maquisards sont tués et 18 faits prisonniers. Retour sur cette sombre page de la Seconde Guerre mondiale.

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Le 5 juin 1944, la BBC, radio britannique, annonce le Débarquement en Normandie. Partout en France, de nouveaux maquis se constituent. Entre Écot et le hameau de Lucelans (Doubs), environ 150 hommes s’installent sur une crête au milieu de la forêt. Ils sont jeunes, peu expérimentés militairement, mais bien décidés à contribuer à la libération de la France.

La moitié d’entre eux ont entre 17 et 24 ans. “Cela signifie qu’ils n’avaient pas d’instruction militaire parce qu’ils avaient 20 ans ou moins en 1940”, contextualise Jean-Pierre Marandin, historien franc-comtois, au micro de notre journaliste Thierry Chauffour. Ces maquisards sont originaires principalement de 7 ou 8 localités du Pays de Montbéliard. Ils sont encadrés par des chefs d’équipe qui eux sont plus âgés.

L’idée au départ, c'est maintenir la dispersion des troupes allemandes et ralentir les acheminements en direction de la Normandie.

Jean-Pierre Marandin, historien

À plusieurs reprises, les maquisards se déplacent, les parachutages promis n’arrivent pas et au matin du 8 juillet 1944, les Allemands mènent une attaque d’envergure. 700 soldats allemands prennent d’assaut vers 7h du matin le camp des résistants. Le rapport de force est disproportionné. L’attaquant a surestimé les effectifs du maquis. Au moment de l’attaque, seulement 97 maquisards étaient présents dans le campement. L'assaut en force sonne la fin du maquis d’Écot. 16 hommes sont tués dont le chef Émile Joly et 18 sont faits prisonniers.

Le maquis de Lomont, un maquis de la deuxième génération

Six semaines plus tard, l’ordre est donné de créer un maquis sur le plateau du Lomont. Il comptera jusqu’à 3 200 hommes. Le contexte est alors différent. Les alliés avancent depuis la Normandie et un deuxième débarquement a lieu en Provence.

Il est créé le 16 août 1944 et il va tenir jusqu’à l’arrivée des troupes régulières de la première armée de Lattre de Tassigny le 6 septembre 1944. Ce maquis va offrir aux troupes alliées une plateforme de départ pour ensuite partir à la reconquête du pays de Montbéliard, du Territoire de Belfort.

Jean-Pierre Marandin, historien franc-comtois

Proche de la Suisse, dominant le Pays de Montbéliard et situé à 84 km de Besançon, l’emplacement du maquis est idéal. Le plateau du Lomont est facilement défendable puisqu’il est ceint à l’ouest par des falaises et que seuls de rares passages en permettent l’accès.

L’enjeu est simple : tenir le territoire pour permettre le parachutage de 53 tonnes de matériel avant l’arrivée des troupes régulières et une compagnie de parachutistes. Le maquis va subir deux attaques : une le 22 août 1944 au cours de laquelle 19 maquisards trouveront la mort et une le 6 septembre 1944, mais le maquis surmontera cette attaque.

Une résistance acharnée

À défaut, les Allemands occuperont les hauteurs parallèles au Lomont. “Ils vont établir des champs de mines, des barrages. Des duels d’artilleries vont ponctuer toute cette période de septembre à novembre 1944. Il faut dire que les Allemands protègent l’Alsace allemande”, note l’historien. À partir du 14 novembre 1944, c’est l’offensive dite du Doubs. Celle-ci permet aux Français de reconquérir Montbéliard (Doubs), Héricourt (Haute-Saône) et Belfort (Territoire de Belfort).

 

Cette résistance acharnée entraînera de sévères représailles allemandes à Étobon (Haute-Saône), Montenois (Doubs), Présentevillers (Doubs) ou Villars-sous-Écot (Doubs) où 22 personnes sont rassemblées et exécutées le 19 septembre 1944. Jean-Pierre Marandin trouve deux explications à ce massacre : “Les Allemands ont pu observer la liesse le 10 septembre, la population heureuse d’être enfin libérée” et “le village a été totalement complice du maquis d’Écot assurant une partie du ravitaillement, une escarmouche s’est même déroulée dans le village”.

Il faudra encore deux mois de combat entre les armées allemandes et alliées pour que la ville de Montbéliard soit libérée le 17 novembre 1944.

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