Depuis le 21 mars au matin, une soixantaine de salariés d'Enedis organisent un barrage filtrant devant les bureaux d'exploitation du groupe, à Montbéliard (Doubs), pour lutter contre la réforme des retraites. L'objectif de l'action : "ralentir l'activité de l'entreprise et impacter les finances de la direction".
"Cette loi était mauvaise hier, elle est mauvaise aujourd'hui et sera mauvaise demain". Cette formule, Pascal Jeanmougin, secrétaire général CGT Energie Franche-Comté Sud, la prononce avec force devant les locaux de l'entreprise Enedis de Montbéliard.
Electriciens, gaziers, techniciens réseaux, etc. Pour protester contre le vote de la réforme des retraites, une soixantaine de salariés sont installées devant le bureau d'exploitation de la société depuis le 21 mars au matin. "On organise un barrage filtrant", explique le leader syndical.
C'est-à-dire ? "Le bâtiment gère tout les accès aux travaux en Alsace-Franche-Comté", continue Pascal Jeanmougin. "On ne laisse passer que les agents assurant des opérations de services d'urgences, comme les coupures de courant et les pannes sur les routes. Le reste, les chantiers, les installations, ne se font pas".
L'objectif : ralentir l'activité d'Enedis et, in fine, la bonne marche de l'entreprise. "Depuis le 7 mars, nous sommes en grève reconductible", précise Pierre Partout, secrétaire général CGT Mines-Energie Franche-Comté Nord. "Après le vote au Parlement, on a voulu tester une nouvelle forme d'action pour créer un électrochoc chez les dirigeants".
Jusqu'au retrait de cette loi, on ne faiblira pas
Pierre Partout,secrétaire général CGT Mines-Energie Franche-Comté Nord
Les grévistes essayent donc de se relayer pour tenir sur le long terme. Un effort prenant en temps et en argent mais qui, selon Pierre Partout, est nécessaire : "Il faut comprendre que 80 % de la population ne veut pas de cette réforme. Elle va impacter tous les travailleurs, quel que soit leur sexe, leur catégorie socio-professionnelle ou leur âge. Jusqu'au retrait de cette loi, on ne faiblira pas".
"Non aux 64 ans", "la retraite à 60 ans". Les slogans et pancartes présents sur les lieux montrent bien la détermination des manifestants. "La grève, certes, ça fait perdre de l'argent, et la fin du mois va être dure", reprend Pascal Jeanmougin. "Mais les salariés d'Enedis font des métiers physiques. On est prêt à souffrir aujourd'hui pour vivre plus longtemps et en bonne santé dans nos vieux jours".
Leurs actions seront-elles récompensées ? Pierre Partout en est convaincu : "Dans l'histoire, des luttes sociales, importantes et légitimes, ont fait reculer certains gouvernements. Ce sont elles qui ont permis de décrocher des acquis sociaux et qui ont amélioré le quotidien des Français. On y croit".
Vers midi, les saucisses et merguez sont d'ailleurs de sortie. Le petit groupe a choisi de suivre le discours d'Emmanuel Macron, mais sans grande illusion. "Le président va encore nous sortir les mêmes arguments, tempête Pascal Jeanmougin. "C'est vrai, depuis 1950, le nombre de retraités augmente. Mais la productivité a elle été multipliée par 10. Cette richesse doit être mieux répartie. C'est l'alternative à cette réforme".
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Le barrage filtrant va-t-il se fixer dans le temps ? La réponse est tombé dans l'après-midi. "Nous levons le camp ce soir. On va tous aller à la manifestation du 23 mars à Besançon" conclut Pierre Partout. "Dans tout les cas, il y aura de futures actions. On se battra jusqu'au bout" .