VIDÉO. Une mine d'or blanc à conquérir, les compagnons d'Emmaüs se recyclent dans le polystyrène à Montbéliard

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Le polystyrène expansé est composé à 98% de gaz pour seulement 2% de matière revalorisable mais il peut être compressé pour le transport.
Emmaüs Montbéliard développe une filière de recyclage du polystyrène expansé ©S. Bourgeot / D. Colle / P. Corne

C'est une première en France chez Emmaüs. À Montbéliard (Doubs), les Compagnons font le pari du recyclage du polystyrène expansé. Une filière qui peut rapporter gros, mais qu'il reste encore à organiser dans l'agglomération.

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C'est un plastique pas fantastique. C'est l'un des seuls en effet qui ne doit pas être mis dans les fameuses poubelles jaunes. Le polystyrène expansé ne peut pas être recyclé avec les autres matériaux et aujourd'hui, il doit souvent être jeté dans les bacs de déchets ménagers destinés à l'incinération. La matière est pourtant 100% recyclable, mais si sa valorisation est compliquée avec 98% de gaz et seulement 2% de matériau réutilisable.

C'est cette mine d'or blanc que les Compagnons d'Emmaüs Montbéliard font aujourd'hui le pari d'exploiter sur leur site de Fesches-le-Chatel (Doubs). Ils ont investi 40 000 euros dans une presse spéciale pour comprimer le polystyrène, réduire 40 fois son volume et faciliter ainsi son transport et son stockage.

Ça doit être du polystyrène 100% pur. On enlève le plastique, le scotch, les étiquettes. La presse a une pression de 35 bars. On sort des pains de 1 m, 1 m20 qu'on peut charger sur les palettes.

Galdim Besimi, chef technique d'Emmaüs Montbéliard

Un investissement plus que nécessaire pour Emmaüs Montbéliard. Depuis la mise en place du tri sélectif sur son territoire par Pays de Montbéliard Agglomération (PMA), la Communauté s'est vue priver en effet d'une grande partie de ses déchets recyclables et donc de ses ressources. Un manque à gagner estimé à 120 000 euros depuis le mois d'avril et qui pèse lourdement sur les finances. Il lui faut donc trouver absolument de nouveaux marchés pour pérenniser la structure qui accueille 30 compagnons.

Un vrai savoir-faire

"Une Communauté Emmaüs traditionnellement, ça vit des dons des personnes et des entreprises, et donc de tout ce qu'on a dans la maison, des meubles, des jouets, des livres, rappelle Thierry Rosselot, le responsable d'Emmaüs Montbéliard. Mais historiquement, à Montbéliard, on travaille les déchets depuis 40 ans."

On a un vrai savoir-faire (...) Retraiter des nouvelles matières, ce sont les pistes qu'on envisage aujourd'hui. Polystyrène aujourd'hui, PVC demain, il y a sûrement d'autres choses, l'or peut-être ? Mais on n'en a pas suffisamment !

Thierry Rosselot, responsable Emmaüs Montbéliard

Les barres de matière brute pourront être revendues entre 350 et 1000 euros la tonne. PMA récupère aujourd'hui cinq tonnes d'emballages en polystyrène par an. Mais dans une agglomération qui compte près de 140 000 habitants, ce sont près de 15 tonnes qui pourraient être collectées chaque année.

Emmaüs Montbéliard espère maintenant trouver des débouchés. Des industriels se seraient déjà montrés intéressés. Si elle réussit son pari, la Communauté pourrait plus facilement financer la construction de 40 logements pour les Compagnons et l'aménagement d'un magasin d'objets de seconde main.

Le polystyrène en chiffres

Selon les estimations du Ministère de la Transition écologique, ce sont près de 2,2 millions de tonnes d’emballages en plastique ménagers, industriels et commerciaux qui sont mis sur le marché en France chaque année. Le polystyrène représente à lui seul plus de 350 000 tonnes par an, soit 7% des matériaux plastiques utilisés tous secteurs confondus.

Ces emballages en polystyrène ménagers restent à ce jour très faiblement recyclés (de l’ordre de 3 à 4%), et ce hors de France. Ils génèrent par ailleurs une pollution importante : les fragments de polystyrène sont en effet l’un des dix déchets les plus retrouvés sur les plages et dans les fonds marins, aux côtés des mégots ou des bouteilles en plastique.

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