À Pontarlier, une jeune femme originaire de la rivière Drugeon, a ouvert une antenne du collectif Nous Toutes. Un relais sur le territoire qui a pour vocation de communiquer et de sensibiliser au sujet des violences sexistes et sexuelles. Sa fondatrice a subi du harcèlement de rue alors qu’elle n’était qu’une enfant.
C’est dans les rues de Pontarlier, alors qu’elle n’avait que 13 ans, que Lylou Sauvonnet a commencé à subir du harcèlement sexuel. Propos dégradants, humiliants, voire violents, proférés par des hommes, le plus souvent entre 40 et 50 ans. "J’ai eu de la poitrine très jeune, et je me suis très vite fait sexualiser. Je pouvais me faire siffler, aborder de façon un peu violente, insistante surtout. Ça a été vite perturbant, je dirais, parce que je ne savais pas ce que c’était et les gens autour de moi ne réagissaient pas plus que ça. Raconte Lylou Sauvonnet, 19 ans, la fondatrice de l'antenne Nous Toutes à Pontarlier. Ça me faisait peur par après, j’étais embêté, j’avais peur de sortir. Je n’osais plus m’habiller comme je voulais, je portais des gros pulls et des pantalons larges. Je ne voulais pas que l'on voie qui j’étais. J’en ai beaucoup parlé, et en parlant, j'ai vu que ça n’arrivait pas qu’à moi."
Transformer le ras-le-bol en actions
Très vite, la jeune femme se lie d’amitié avec d’autres victimes de harcèlement et comprend la force de la parole et de l’entraide : un cheminement qui la pousse à créer une antenne du collectif Nous Toutes à Pontarlier. Une aventure dans laquelle elle est accompagnée par sa mère, qui exerce en tant que thérapeute dans ce cabinet.
"Lylou avait un ras-le-bol de sa situation de jeune fille harcelée dans la rue, et moi, j'étais très impacté par les femmes que je suis dans mon cabinet. Que ce soit au niveau des violences conjugales, des viols, du non consentement, livre Alexandra Bachelet, thérapeute et coach de vie. À force de parler, de montrer ce ras-le-bol, on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose, que ça n’était pas suffisant d’en parler entre nous deux. Il fallait que l’on porte notre voix et qu’on arrive à monter un projet pour faire changer la situation actuelle et venir en soutien aux femmes impactées par ce genre de situations."
Informations et sensibilisation
Créé en août, l’antenne pontissalienne communique via un compte Instagram : conseils de lecture féministes, vidéos, infos et numéros d’associations à contacter en cas d’urgence. "On n’est pas une ligne d’écoute, on n'est plus là pour sensibiliser, porter la voix, mais on ne peut pas prétendre avoir les compétences pour accompagner des personnes qui vivent des traumatismes", tient à souligner Lylou.
Une première expérience dans le militantisme qui enthousiasme cette étudiante en psychologie. "Je pense à la petite fille que j’étais, qui était toute seule dans sa chambre, à se dire que ce n'était pas normal, mais qui ne savait pas quoi faire. Aujourd’hui, j'aide et j’accompagne, et je ne suis pas toute seule. Donc, je trouve ça génial."
Composé de sept personnes, le collectif pontissalien aimerait à terme monter des conférences et des ateliers avec des professionnels du secteur pour sensibiliser aux violences sexistes et sexuelles.