Psychiatrie : les folles économies de l’hôpital de Pontarlier

Dans le cadre de son plan de retour à l’équilibre financier et à la demande de l’ARS, le centre hospitalier intercommunal de Haute-Comté doit réaliser 350 000 € d’économie sur le département psychiatrie. Un projet insensé pour le personnel soignant.

Après la chirurgie, qui a vu récemment la fermeture de 11 lits et la suppression de 10 postes, c’est au tour de la psychiatrie de consentir l’essentiel des efforts demandés au centre hospitalier de Pontarlier engagé dans la réduction d’un déficit d’environ 1.8 millions € depuis 2 ans. Un objectif très ambitieux dans un secteur déjà plus que sous doté.

Aujourd’hui, un seul psychiatre libéral exerce dans un bassin de population de quelque 80 000 habitants. Le secteur public, en clair l’hôpital, est donc plus que lourdement sollicité par des patients de plus en plus nombreux. Dépression, burn-out, de nouvelles pathologies engorgent les salles d’attente des deux centre médico-psychologiques à Morteau et Pontarlier. Mais dans ces établissements consacrés aux consultations de jour, le manque de personnel ne permet pas d’assurer la cadence nécessaire aux rendez-vous. Les patients les plus délicats ne peuvent prétendre à plus d’un rendez-vous par mois, quand il en faudrait beaucoup plus. Au moindre grain de sable, comme un congé maladie inopiné, le service peut être amené à fermer, purement et simplement.

Lorsque l’hospitalisation s’avère nécessaire, la situation n’est guère meilleure. L’unité psychiatrique du Grandvallier ne compte que 35 lits en soin et 2 en chambres d’apaisement, tous régulièrement occupés. Le personnel avoue tenir une liste d’attente et craint chroniquement de ne pas pouvoir faire face à des situations d’urgence et de laisser « dehors », livrées à elles-mêmes, des personnes en grande souffrance, au risque de les voir passer à l’acte.

Le personnel se dit épuisé qui cumule les heures supplémentaires sans que cela ne suffise. Des activités, comme des sorties ou des ateliers, partie intégrante de la thérapie et qui aident à la réintégration des patients, sont régulièrement annulées faute de personnel.  En tension permanente, les aide-soignants et infirmiers dénoncent des conditions de sécurité de plus en plus précaires.

Dans ce contexte, rogner davantage des moyens déjà restreints paraît une gageure. Mathématiquement, 350 000 € d’économie représenteraient 8 à 10 postes de moins, soit près de 10% des effectifs actuels.

La direction du centre hospitalier assure n’avoir encore rien arrêté et se donne jusqu’en juin pour traquer les dépenses et communiquer son plan d’action, les coupes budgétaires devant être mises en œuvre pour 2020. S’il lui paraît difficile d’éviter la compression de personnel, elle met en avant une refonte des pratiques et process pour optimiser les moyens. Un discours aux échos étrangement industriels dans un secteur d’activité où l’humain prime sans aucun doute possible.
 

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