Les universités et grandes écoles ne rouvriront pas avant février 2021 comme l’a annoncé le président de la République mardi 24 novembre 2020. Une attente qui risque d’être longue pour de nombreux étudiants, dont les cours en présentiel sont suspendus depuis octobre. TÉMOIGNAGES.
Emmanuel Macron l’a annoncé mardi 24 novembre 2020, les universités ne rouvriront pas avant le mois de février 2021. Certaines facultés sont déjà montées au créneau. Les présidents de dix universités françaises ont demandé mercredi 25 novembre, la possibilité d'accueillir leurs étudiants "dès début janvier avec une jauge de 50 %", dénonçant le risque d’"ajouter une crise étudiante à la crise sanitaire", s'ils doivent attendre février.Pour rappel, les étudiants avaient pu retrouver brièvement les bancs de la fac à la rentrée, après déjà plusieurs mois de cours et d’examens en distanciel durant le premier confinement. Fin octobre, les cours en présentiel dans les universités et grandes écoles ont de nouveau été suspendus, à l’aube du deuxième confinement. Mais suivre les enseignements à distance est loin d’être simple pour de nombreux étudiants et l’attente jusqu’au mois de février risque d’être longue.
Julie est étudiante en deuxième année de master Arts du spectacle à Besançon (Doubs). Pour la jeune femme, la perspective d’une ouverture des universités est une bonne nouvelle : "L’ouverture, c’est une lueur d’espoir après tous ces moments difficiles, mais c’est quand même loin". Elle continue : "C’est presque la fin de l’année, il restera plus que trois mois de cours… Mais pour le côté moral et psychologique ça fera du bien".Les professeurs sont là pour nous, mais c’est quand même pas pareil
Sur ses deux années d’études, Julie a passé presque un an loin de la fac : "C’est vraiment pas facile. Les professeurs sont là pour nous, mais c’est quand même pas pareil".
Hayan est étudiant en sixième année de médecine à Besançon. Une année charnière, car à la fin de celle-ci, il sera enfin diplômé. Mais pour le jeune homme de 24 ans, la motivation est difficile à trouver. "C’est compliqué de se motiver seul à travailler", avoue-t-il, "les bibliothèques universitaires sont fermées, sachant que la majorité des étudiants en médecine travaillent là-bas car ça aide à se concentrer".C’est compliqué de se motiver seul à travailler
Ainsi, Hayan aimerait au moins que les B.U soient totalement ouvertes avant février : "La bibliothèque est ouverte, mais il faut réserver son créneau, les places et les horaires sont limités. C’est contraignant. Ça serait bien que la bibliothèque soit ouverte et que quelques cours aient lieu, surtout pour les années supérieures. On est quand même moins nombreux qu’en première année", explique-t-il.
Ils s’appliquent à faire ce qu’on leur demande, mais malgré la bonne volonté il y a un décrochage général
"Pour ce qui est du confinement, pour les étudiants, c’est très difficile", explique Mickaël Fortier enseignant à l’IUT de Belfort-Montbéliard dans le département carrière sociale. "Certains s’y retrouvent, mais il y a des étudiants en très grande difficulté. Ils s’appliquent à faire ce qu’on leur demande, mais malgré la bonne volonté il y a un décrochage général". Le jeune professeur s’inquiète pour ses étudiants et se sent impuissant face à la situation : "Il y a une détresse, qui est très frustrante pour nous, car on ne peut pas y répondre".
Une stigmatisation des jeunes ?
Professeur, étudiants… Ils s’accordent à dire qu’ils ressentent une stigmatisation des jeunes, une infantilisation face à l’ouverture tardive des universités. "Pourquoi tout rouvre et pas nous ? Je pourrai aller dans les magasins samedi prochain, mais je ne peux pas retourner à la fac ?", se désole Julie. "On fait quand même plus attention quand on est plus grand que les collégiens ou les lycéens. On fait plus attention sur les mesures barrières, on respecte toujours les distances", explique quant à lui Hayan.Un avis partagé par Mickaël Fortier, qui ne comprend pas cette mesure : "Si on nous avait dit que tout devait être fermé jusqu’à cette date en raison de la situation sanitaire, on aurait compris. Mais là que les universités soient les toutes dernières à ouvrir, je ne comprends pas", fustige l'enseignant. "C’est tout à fait possible de mettre en place les gestes barrières. J’ai l’impression que cette décision d’ouvrir les universités en dernier, c’est uniquement la réponse à une stigmatisation de la jeunesse".