Besançon a récemment été placée en "zone tendue" concernant l'offre immobilière, comme 153 autres communes françaises. Deux spécialistes du secteur nous expliquent pourquoi cette mesure va fluidifier le marché de l'immobilier, particulièrement saturé ces derniers mois.
154 communes de France ont été reclassées en "zone tendue", dont Besançon fait partie. L'idée de cette qualification est de fluidifier un marché de l’immobilier totalement bloqué. "Celui de l’acquisition l’est par une hausse des taux d’intérêts qui ont baissé le pouvoir d’achat notamment, et surtout, des primo-accédants, explique François Gullaud, directeur Général de Bersot Immobilier. Ce qui a une conséquence sur le marché locatif. Puisque les locateurs qui veulent passer à l’acquisition ne peuvent plus se le permettre et donc ne libèrent pas de logement. Le tout, corrélé au nombre de logements neufs lui aussi abaissé, donc on se retrouve aujourd’hui avec un marché locatif bloqué".
Effondrement du prêt immobilier
En effet, Romain Giancarlo, négociateur chez Schneider immobilier, développe : "il y a un an, quand on allait faire un emprunt à la banque, à hauteur de 200 000 euros sur 20 ans, on arrivait à un taux à 1,96 %. Aujourd’hui, pour le même montant et la même durée, on a un taux à 4,80 %". De ce fait, les acquéreurs ont plus de mal à se positionner. S’ajoute à cela la hausse des coûts des matériaux qui génère également une baisse du pouvoir d’achat et, indirectement, l’augmentation du coût de la vie et de l’énergie qui, eux aussi, prennent une part des revenus du foyer.
Pour faire simple, c’est un peu le serpent qui se mord la queue. On a donc des personnes qui ne peuvent pas acheter et donc ne libèrent pas leur logement, et donc des personnes qui ne trouvent pas de biens à la location.
Loi Pinel et prêt à taux zéro pour fluidifier le marché
Pour tenter de débloquer tout ça, l’un des leviers à actionner est le prêt à taux zéro (PTZ), un prêt sans intérêt, qui devait être supprimé à compter du 1ᵉʳ janvier 2024. Bruno Lemaire, ministre de l'Économie, l'a annoncé le 18 octobre sur RTL, le PTZ sera augmenté et étendu en 2024. "Il y a un effondrement du crédit immobilier et nous voulons que le plus grand nombre possible de ménages ait accès à un crédit immobilier aujourd'hui", avait déclaré le ministre au micro d'Amandine Bégot.
"L’objectif de cette modification du PTZ en plaçant Besançon dans les 200 villes supplémentaires, c’est que le PTZ va voir ses conditions d’accessibilité s’assouplir et représenter une part du prêt global plus importante (de 40 à 50 %). Le plafond de ressources va lui aussi augmenter de 25 %. Ça va redonner du pouvoir d’achat sur du neuf, puisque le coup du crédit global va baisser", ajoute François Gullaud.
Autre vanne qui peut être réouverte : celle de la loi Pinel, un dispositif qui permet d’investir dans de l’immobilier neuf pour le louer, tout en bénéficiant d’une réduction fiscale. Une mesure qui a déjà profité à la ville il y a quelques années. "Quand la loi Pinel a été mise en place sur Besançon, c’était quand même de 0 à 20 % de biens immobiliers neufs vendus", souligne Romain Giancarlo. Deux mesures qui vont permettre de fluidifier ce marché complètement sclérosé et donner un coup de fouet au marché du neuf.
De son côté, la municipalité prévoit plusieurs vagues de construction. À partir de 2025, près de 1000 logements devraient voir le jour à Besançon.
