Le SYBERT alerte sur de violentes explosions dans son four de valorisation énergétique, causées notamment par la présence de bouteilles de protoxyde d'azote lors de l'incinération des ordures ménagères résiduelles.
La mauvaise publicité du protoxyde d'azote se poursuit. Le Syndicat mixte de Besançon et de sa région pour le traitement des déchets (SYBERT) a alerté, mardi 5 décembre, sur de violentes explosions dans son four d'unité de valorisation énergétique (UVE), provoquées par la présence de récipients sous pression (bouteilles de gaz, d'hélium, de protoxyde d'azote...) lors de l'incinération des ordures ménagères résiduelles (OMR).
Utilisé culinairement dans les siphons à chantilly ou médicalement pour anesthésier les patients, le protoxyde d'azote est consommé ces dernières années pour ses propriétés de "gaz hilarant". Outre le danger que cette pratique représente pour la santé publique, de nombreuses bouteilles de gaz sont abandonnées sur la voirie ou jetées dans les poubelles jaunes ou grises comme des déchets ordinaires.
"C'est un triple problème sanitaire, sécuritaire et économique", s'agace auprès de France 3 Franche-Comté, Alexandre Piton, directeur industriel du SYBERT, qui dénombre 600 bouteilles retrouvées en une année sur le centre de tri bisontin. Sous la chaleur du four, les résidus de protoxyde d'azote explosent, provoquant une dégradation précoce des équipements et un danger pour le personnel présent tout au long de la chaîne de traitement des déchets.
Le protoxyde d'azote, un déchet "orphelin"
Alors que les autres bouteilles de gaz doivent être déposées dans les points de vente qui les distribuent (supermarché, station-service, chauffagiste...), le protoxyde d'azote est un déchet dit "orphelin", car aucune filière de traitement n'est organisée par l'État. Face à cette contrainte, le SYBERT propose une gestion sur rendez-vous et en quantité limitée dans les déchetteries de Thise-Chalezeule et Besançon-Tilleroyes. "Il ne faut pas que l'usager de bonne foi se retrouve dans une impasse", explique Alexandre Piton, qui ne souhaite pas non plus faire de publicité. "On trouverait suspect quelqu'un qui nous apporte 30 bouteilles de protoxyde d'azote. Personne n'est dupe, ce n'est pas pour faire de la chantilly".
Entre 20 et 30 euros pour éliminer une bouteille
Selon le directeur industriel du SYBERT, chaque bouteille coûte entre 20 et 30 euros à éliminer, soit un surcoût de 12.000 à 18.000 euros juste pour les récipients retrouvés dans les poubelles jaunes cette année. Interdit à la vente en France pour les mineurs, le protoxyde d'azote est facilement achetable sur internet. Une hypocrisie dénoncée par le SYBERT auprès des pouvoirs publics.
"Ils ont pris acte en nous disant qu'ils travaillaient pour limiter la taille des bouteilles, or c'est le contraire que l'on constate", s'insurge Alexandre Piton, alors que des bouteilles allant jusqu'à 3,3 litres ont été retrouvées par le SYBERT. "Plus la taille augmente, plus il risque d'y avoir des résidus de gaz et donc une explosion plus forte". De quoi réfléchir à deux fois avant de jeter un récipient sous pression.
En cas de doute sur la destination d'un déchet, le SYBERT est joignable par mail à contact@sybert.fr, par téléphone au 03 81 21 15 60 ou directement à l'accueil physique situé à La City, à Besançon.