Dès le lundi 6 février, la réforme des retraites sera examinée à l'Assemblée nationale. Comment nos députés se positionnent-ils ? Si les Macronistes voteront pour, le Rassemblement National et La France Insoumise contre comme prévu, la surprise pourrait venir des rangs des Républicains, dont quatre d'entre eux sont de Franche-Comté.
La mobilisation du mardi 31 janvier a été forte. Même si le pourcentage de grévistes a diminué, notamment dans la fonction publique, les cortèges semblaient plus fournis dans les principales villes de France que lors de la première journée, le 19 janvier. En Franche-Comté, plus de 30 000 personnes ont battu le pavé contre la réforme qui prévoit l’âge de départ à la retraite, non plus à 62 ans, mais à 64 ans et après 43 années de cotisation.
Du coté macroniste
Face à cette mobilisation de la rue, les députés de la majorité veulent rester sereins. Ils souhaitent encore et encore expliquer, faire de la pédagogie. Et ils reconnaissent que « faire deux ans de plus, ça ne fait plaisir à personne. »
Pour Éric Alauzet, député Renaissance du Doubs, un petit retour en arrière s’impose : « Dans l’histoire, on a assisté aux mêmes phénomènes de société, en 1995 ou en 2010. Les gens ne sautent pas de joie. Je comprends le mécontentement. Il n’y aurait pas eu de manifestations, ça m’aurait étonné ! »
Nicolas Pacquot, député Horizons du Pays de Montbéliard, veut axer son discours sur la détermination : « Il faut du courage politique pour cette réforme qui ne plaît pas. Du courage politique car elle est nécessaire, voire indispensable. »
Je n’ai jamais dit que cette réforme est populaire.
Nicolas Pacquot député du Doubs (Horizons, majorité présidentielle)
Éric Alauzet constate : « Le débat ne fait que commencer. » D’ailleurs, Laurent Croizier, député Modem de Besançon, se déclare combatif : « Je défends bec et ongles des améliorations. Je défends des amendements. Notamment, celui qui veut mettre en place un bonus-malus pour les entreprises pour l’emploi des séniors. »
« Si nous voulons garder notre système de retraites par répartition, il faut le réformer. Déjà, ceux qui partent en retraite maintenant partent dans de moins bonnes conditions qu’avant. Les pensions de retraite s’érodent depuis 2010… » insiste Éric Alauzet.
Du côté des oppositions Nupes ou RN
À gauche, comme prévu, pas de surprise pour Florian Chauche, le seul député de la Nupes de Franche-Comté. Il est député LFI du Territoire de Belfort et il s’oppose avec véhémence à cette réforme.
Il a déjà manifesté lors des deux journées de mobilisation, à Belfort le 19 et le 31 janvier à Paris. Il n’accepte ni l’âge de départ à la retraite, 64 ans, ni le nombre d’années de cotisation, 43 ans.
Plus de 7 000 amendements déposés à l'Assemblée nationale ? Il les justifie : « Ce n’est pas du tout un blocage de l’Assemblée nationale. Et démontrer que d’autres financements sont possibles. »
On veut juste ralentir le débat.
Florian Chauche député LFI Nupes du Territoire de Belfort
De plus, sur la forme, il signale que la procédure choisie par le gouvernement (50 jours maximum pour faire les débats et la navette avec le Sénat) est inadmissible : « C’est une manœuvre du gouvernement pour réduire le rôle du parlement. Et même, selon la constitution, ce nombre de 50 jours n’est pas valide. Les débats pourraient durer plus longtemps mais le gouvernement ne le veut pas ! »
Pour les élus du Rassemblement National, ils sont 88 désormais, aucune hésitation : ils s’opposent à cette réforme, comme nous l'avions expliqué dans cet article. Ils voteront tous contre, dont les trois députés RN de Franche-Comté, Antoine Villedieu et Émeric Salmon de Haute-Saône et Géraldine Grangier du Doubs.
Un contre et des incertitudes encore dans le clan républicain
Toujours à droite, chez les Républicains, rien n’est encore fermement décidé, même si la majorité macroniste compte bien sur eux pour faire passer sa réforme.
Ian Boucard, député LR du Territoire de Belfort, s’oppose ferment à cette réforme comme il l'a déjà dit. Justine Gruet, son homologue du Jura, n’a pas encore arrêté sa position sur le texte.
Même Marie-Christine Dalloz, l’autre députée républicaine jurassienne, émet des réserves : « J’attends de voir en séance quelles avancées nous obtiendrons sur les carrières longues et le sujet de la retraite des femmes. Ma position n’est pas arrêtée à ce jour… »
Annie Genevard, députée LR du Haut-Doubs, déclare : « Je suis plutôt favorable à cette réforme. C’est la seule solution si on ne veut pas augmenter les cotisations et baisser les pensions de retraite. »
Elle rappelle que son groupe a « négocié » certains points comme la revalorisation des petites retraites pour qu’elles atteignent les 85 % du SMIC, soit 1200 €, ce qui semble obtenu. Elle souhaite des améliorations pour les carrières longues, la retraite des femmes ou encore l’emploi des séniors.
Si elle est « plutôt favorable », elle affirme « ne pas en être certaine à 100 % ». D’ailleurs, impossible de déterminer le nombre de députés LR qui voteront pour, contre cette réforme ou s’abstiendront.
Histoire de faire monter les enchères entre LR et Élisabeth Borne ? « Non, il s’agit de crédibilité. On voulait la retraite à 65 ans, comme l’a dit notre candidate pour la présidentielle.»
Le texte de la réforme sera examiné dès le lundi 6 février et jusqu'au 17 février. Ensuite, la réforme partira au Sénat puis reviendra à l'Assemblée nationale. Les députés auront jusqu'au 17 mars pour examiner à nouveau le texte et le voter.