Ce mardi 16 avril 2024, les actionnaires de Stellantis se réunissent en assemblée générale à Amsterdam aux Pays-Bas où est basé le siège de la société automobile. Ils vont donner leur avis sur la rémunération de Carlos Tavares, directeur général du géant industriel, qui suscite une nouvelle fois la controverse. Un vote qui ne sera pas contraignant, mais scruté de près. On vous explique.
Combien gagne le patron de Stellantis chaque jour ?
36,5 millions d'euros, soit 100.000 euros par jour. C'est la somme totale que pourrait toucher le patron du quatrième groupe automobile mondial pour l’année 2023. Ce qui représenterait une hausse de 56 % par rapport à 2022. Les syndicats de Stellantis notamment ceux de l’usine de Sochaux dans le Doubs avaient dénoncé à l’annonce de ces chiffres une rémunération indécente, stratosphérique.
La hausse de la rémunération 2023 du patron du puissant groupe automobile est notamment liée au versement d'une prime de dix millions d'euros pour la "transformation" du groupe créé en 2021 avec la fusion de PSA et de Fiat-Chrysler.
Les revenus du travail de Carlos Tavares, âgé de 65 ans, sont composés de plusieurs éléments dont des pensions de retraite qui seront versées sur le long terme, mais aussi des bonus attribués s'il est au rendez-vous d'objectifs fixés pour 2025, dernière année de son mandat actuel à la tête du constructeur. Pour l'exercice 2023, Carlos Tavares touchera dans un premier temps 23,5 millions d'euros. Versée en grande partie en actions, cette rémunération augmente aussi avec la valeur du titre du groupe, qui a quasiment doublé depuis trois ans.
Pourquoi la rémunération de Carlos Tavares fait-elle débat ces dernières années ?
Dans les usines du groupe, les salariés commentent bien sûr cette rémunération hors norme selon eux. Le groupe Stellantis va bien. Très bien. Avec ses 14 marques dont Peugeot, Citroën, Fiat, Dodge et Opel, Stellantis a publié le 15 février 2024 un nouveau bénéfice record de 18,6 milliards d'euros pour 2023, en hausse de 11% sur un an. Son chiffre d'affaires s'approche des 190 milliards d'euros.
Les actionnaires de Stellantis ont déjà émis quelques réserves sur l’argent touché par le numéro 1 du groupe. Ils avaient rejeté la rémunération de Carlos Tavares pour l'exercice 2021 avant de la valider pour 2022 à près de 80%.
En 2022, c’est au tour du président français Emmanuel Macron, de juger "choquant et excessif" le montant "astronomique" de la rétribution de Carlos Tavares.
Cette fois-ci, ce sont plusieurs sociétés de conseil aux investisseurs qui recommandent de voter contre la rémunération de Tavares cette année, dont l'agence américaine Glass Lewis.
Nous pensons que des augmentations significatives de la rémunération cible du PDG dans un contexte de licenciements massifs peuvent entraîner une disparité entre la rémunération des dirigeants et l'expérience des parties prenantes (clients, fournisseurs, actionnaires, employés, banques, NDLR).
souligne l'agence dans une note qu’a pu consulter l’Agence France Presse
Le vote des actionnaires peut-il bouger les lignes ?
Contrairement à ce qui se serait passé si le siège social de Stellantis était situé en France, le vote des actionnaires qui se tient ce mardi 16 avril, sera purement consultatif, la société étant de droit néerlandais. Mais le vote sera scruté de près. L'AG se déroulera à Amsterdam à partir de 14H00. Elle sera retransmise sur le site internet de Stellantis.
Comment se défend Carlos Tavares ?
En déplacement lundi 15 avril à l'usine de Trémery en Moselle, Carlos Tavares a assumé sa rémunération, "une dimension contractuelle entre l'entreprise et moi comme pour un joueur de foot et un pilote de Formule 1".
90% de mon salaire est fait par les résultats de l'entreprise, (...) donc cela prouve que les résultats de l'entreprise ne sont apparemment pas trop mauvais ...Si vous estimez que ce n'est pas acceptable, faites une loi et modifiez la loi et je la respecterai.
Carlos Tavares,au micro de France Bleu Lorraine Nord
Le groupe estime que la rémunération de son dirigeant doit être comparée également avec celle des autres multinationales comme Boeing aux États-Unis où Dave Calhoun touche 33 millions de dollars pour 2023.