Résignés, en colère : les salariés face à la rémunération de Carlos Tavares, 100.000 euros par jour, validée par les actionnaires de Stellantis

Les actionnaires du constructeur automobile Stellantis ont validé ce mardi 16 avril 2024 à 70,2% des voix la rémunération du directeur général du groupe. Cette rémunération pourrait atteindre 36,5 millions d'euros pour l'année 2023. Un vote purement consultatif qui fait osciller les salariés du groupe entre colère et pour certains, résignation. Réactions à l'usine de Sochaux dans le Doubs.

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Sept actionnaires sur 10 ont donné leur feu vert à une rémunération jugée déjà “stratosphérique”, il y a quelques semaines par les syndicats de l’usine historique de Sochaux dans le Doubs. 


Devant les portières de l’usine ce mardi alors que l'AG annuelle des actionnaires se déroule à Amsterdam aux Pays-Bas, les salariés sont pour beaucoup résignés. “C'est une honte, c’est tout” lâche un salarié interrogé par nos journalistes Alexane Marcel et Eric Debief. “Tant mieux pour lui, c’est comme ça, c’est la vie, c’est un grand patron” ajoute un autre.

L’écart avec nos salaires est grand. Mais ça a été voté. Les gens lui ont donné. Donc pourquoi ne pas le prendre cet argent.

Un salarié de Stellantis Sochaux

 “J'espère bien qu’un jour ça changera. Faudrait que tout le monde soit solidaire, que tout le monde pose les gants, mais cela n’arrivera jamais” déplore un ouvrier.  

100.000 euros par jour pour le patron de Stellantis


Pour l’année 2023, Carlos Tavares touchera donc 36,5 millions d’euros. Dont une prime de 10 millions d'euros liée à la transformation du groupe créé en 2021 de la fusion de PSA et de Fiat-Chrysler ainsi que des bonus attribués seulement si certains objectifs sont remplis d'ici à 2025, dernière année de son mandat actuel. Bilan : une rémunération, en hausse de 56% par rapport à l'année 2022 qui met en colère les syndicats.

Stellantis c'est aussi "des salaires qui ne permettent pas de vivre"


“Stellantis depuis 2021, c’est 130.000 emplois supprimés. Ce sont des usines qui se vident. Ce sont des cadences inhumaines pour les travailleurs qui sont en ligne. Et ce sont des salaires qui ne permettent pas de vivre” s’insurge Anthony Rué, délégué syndical CGT. Pour ce dernier, Stellantis doit consentir à augmenter les salaires et pas seulement des primes de 4000 euros. “Ce qu’on réclame, c’est qu’il n’y ait plus de salaires nets en dessous de 2000 euros, et surtout que les salaires soient indexés sur le cout de la vie”. 

La rémunération de Carlos Tavares, on en parle comme si c’était un joueur de foot, un basketteur américain, mais c’est notre patron.

Bilal Benchaa, délégué syndical CFDT Sochaux Belchamp



Pour les syndicats, la bonne santé financière du groupe doit passer par une redistribution équitable. Y compris pour les intérimaires écartés des primes. 

Si Tavares gagne autant, c'est que derrière, il y a des actionnaires qui gagnent encore plus, et nous ce qui nous scandalise c’est que plus l’entreprise fait de l’argent, moins elle en redistribue.

Anthony Rué (CGT Stellantis Sochaux)

Des milliards d'euros dans le vert pour le groupe automobile

Avec ses 14 marques dont Peugeot, Citroën, Fiat, Dodge et Opel, Stellantis a publié le 15 février 2024 un nouveau bénéfice record de 18,6 milliards d'euros pour 2023, en hausse de 11% sur un an. Son chiffre d'affaires s'approche des 190 milliards d'euros.


En déplacement en Moselle, mardi 15 avril, Carlos Tavares a déclaré à France Bleu Lorraine : “90% de mon salaire est fait par les résultats de l'entreprise, (...) donc cela prouve que les résultats de l'entreprise ne sont apparemment pas trop mauvais ...Si vous estimez que ce n'est pas acceptable, faites une loi et modifiez la loi et je la respecterai.” 

La gauche veut légiférer pour limiter les salaires des grands patrons

Plusieurs responsables de gauche ont annoncé mardi vouloir légiférer pour limiter le salaire des grands patrons, prenant ainsi au mot Carlos Tavares. "Chiche M. Tavares: je dépose aujourd'hui une proposition de loi pour fixer un salaire maximum dans les entreprises, en limitant à 20 les écarts entre la plus grande rémunération et le plus petits salaires", a écrit sur X le député La France insoumise Matthias Tavel.


Le patron des députés socialistes, Boris Vallaud, a lui annoncé que son groupe déposera de nouveau une proposition de loi de 2020 visant à limiter les écarts de rémunération au sein des entreprises. 
"En 10 ans, le patron de Stellantis a vu sa rémunération multipliée par 10. Et quand je propose d'indexer les salaires sur l'inflation, on me dit que c'est trop demander ! Ce monde est fou", a estimé  pour sa part le N.1 des communistes Fabien Roussel.

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