Dans le pays de Montbéliard (Doubs), FORVIA entreprise issue du groupe Faurecia a démarré les livraisons de réservoirs à hydrogène. L’entreprise souhaite rassurer sur son développement alors que des élus de la Région Bourgogne-Franche-Comté demandent des comptes au groupe sur les millions de subventions reçues dans le cadre de la création de cette usine.
Un communiqué pour rassurer et couper court aux inquiétudes ?. Mardi 13 juin, le PDG Patrick Koller, PDG de Forvia s’est exprimé sur la situation de l’usine du Doubs nouvellement créée en 2021. Un bâtiment flambant neuf destiné à produire des réservoirs à hydrogène pour les véhicules.
"FORVIA a démarré les livraisons de réservoirs d’hydrogène de type IV (composés de fibre de carbone et d’un revêtement polymère) depuis son site d’Allenjoie (Doubs), où ils sont produits en série. Cette usine de pointe, la première de ce type en Europe et Amérique du Nord, a pour objectif de produire 100 000 réservoirs par an, détaille le communiqué. Les coûts de production seront divisés par 5 entre 2023 et 2025" assure Forvia.
FORVIA a franchi une étape importante dans son histoire avec l'hydrogène ! Avec des livraisons déjà en cours et un carnet de commandes solide, notre usine d'Allenjoie devient une référence en matière d’hydrogène. De la fabrication des réservoirs aux systèmes de stockage complets, notre capacité de production à moyen terme de 100 000 réservoirs par an démontre notre engagement en faveur de la production à grande échelle et de l'excellence opérationnelle. Nous produisons la technologie sûre et abordable dont notre société a besoin en matière d’hydrogène, tout en répondant aux attentes de nos clients et en décarbonant notre avenir
Patrick Koller, PDG de Forvia
Selon ce dernier, des clients européens de premier plan, tels que Stellantis, Hyvia et MAN, ont déjà accordé leur confiance au site d’Allenjoie.
Plus de 7 millions de subventions publiques pour l’usine d’Allenjoie
Le véhicule à hydrogène, beaucoup en rêvent. Mais pour y arriver, il faut maîtriser une pièce centrale, le réservoir à hydrogène. Un cocon de carbone capable de résister à de très hautes pressions. Il faut aussi fournir des conteneurs, sortes de ministations-services. Autant d’éléments en cours de fabrication près de Montbéliard. Pour arriver à ce résultat, le groupe Faurecia a reçu des aides massives de l’État et de la région.
Lettre Faurécia by France 3 Franche-Comté on Scribd
Le 12 juin, deux élus de la Région Muriel Ternant et Matthieu Guinebert, élus communistes ont adressé une demande d’explication au PDG de Forvia. “Depuis 5 ans, le Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté subventionne la stratégie Hydrogène au nom des engagements pris de maintenir les emplois existants et d’en créer de nouveaux : L’ensemble de ces aides régionales réparties sur les sites d’Allenjoie et de Bavans pour la filière Hydrogène représentent 6,4 Millions d’euros et 7,2 Millions d’euros lorsqu’on prend en compte les aides indirectes. Qu’advient-il du carnet de commande sur le site d’Allenjoie ? Y-a-t-il des perspectives à moyen ? Qu’en est-il du marché Renaud, Mercedes ? Quels sont les débouchés espérés de la production ? En effet, le coût des véhicules à hydrogène, les limitations technologiques (vitesses, autonomie) et le manque d’infrastructures nationales et régionales sont autant de freins au développement de cette future technologie. Comment comptez-vous passer au-delà de ces contraintes ? " Autant de questions pour ces élus.
On a attribué 7,2 millions d’euros entre 2019 et 2020 à Faurecia. Sauf qu’aujourd’hui, on se retrouve dans une situation où les emplois diminuent. Et du coup, on s’interroge sur l’avenir du site.
Matthieu Guinebert, élu communiste à la Région
Des emplois en baisse, une faible production actuellement
Selon les élus, le site d’Allenjoie emploierait aujourd’hui 230 CDI et 50 intérimaires. Il y a quatre ans, les effectifs étaient de 300 CDI et 108 intérimaires. Et Faurecia a supprimé 93 emplois dans l’un des sites dans l’Indre.
Faurecia était spécialisé jusqu’ici dans les systèmes d’échappement, un domaine peu à peu abandonné avec la fin des véhicules thermiques prévue en 2035.
Une quarantaine de réservoirs seulement seraient fabriqués chaque semaine dans l’usine d’Allenjoie. Une montée en charge limitée qui aurait fait rater un marché avec un constructeur allemand. Le principal syndicat sur place rappelle qu’il s‘agit d’une technologie complexe. En montant en puissance, les coûts de production vont diminuer, mais cela pourrait prendre 18 à 24 mois ans, estime Christophe Husson, syndicat CFE-CGC Faurecia.
L’agglomération de Montbéliard qui soutient le sous-traitant automobile appelle aussi à la patience. Le marché des véhicules à hydrogène n’a pas encore trouvé son modèle, plus tourné pour l'instant vers les grands véhicules que la voiture individuelle.