Avec un bénéfice net de 13,4 milliards d’euros, le groupe automobile a réalisé une très bonne année 2021. Des résultats très encourageants, qui se répercutent sur les rémunérations… Mais ce n’est pas encore assez pour les syndicats de l'usine de Sochaux (Doubs).
« C’est une négociation qui se révèle décevante », admet Benoît Vernier, délégué syndical de la CFDT. Comme lui, les représentants syndicaux étaient partis la fleur au fusil, avec l’espoir de pouvoir décrocher de bonnes augmentations salariales lundi 22 février. Les négociations ont été intenses, et la nuit s’est raccourcie. Les discussions se sont poursuivies jusqu’à presque 22 heures, alors qu'elles avaient commencé sept heures plus tôt. Le réveil a été difficile pour les syndicats.
Et tout semblait jouer en leur faveur. Stellantis a publié ce matin ces excellents résultats financiers, avec un chiffre d’affaires net qui a augmenté de 14% et s’élève à 152 milliards d’euros. Quelques informations avaient déjà fuité hier. Malgré la pandémie et la crise des semi-conducteurs, la Peugeot 208 a été la voiture la plus vendue en France en 2021. Toutes ces nouvelles laissaient présager une forte redistribution aux employés.
Du jamais-vu en 20 ans
« Aujourd’hui, on a surtout le sentiment d’une direction non pas économe, mais plutôt avare », commence Eric Peultier, délégué syndical FO. Les 45.000 salariés de Stellantis toucheront une prime de d’intéressement de 4.300€ bruts en moyenne et les salaires seront revalorisés à 3,2 % (l'inflation s'élève à 2,8%).
Si le représentant de FO salue l’effort d’avoir obtenu a minima l’inflation et préservé le pouvoir d'achat des salariés, il concède : « on s’attendait à avoir plus que ça ». La réunion s’est tenue en audioconférence, un medium qui ne satisfait pas Eric Peultier, car « il est beaucoup plus facile pour la direction de couper l’audio quand elle estime avoir fini la discussion. Les marges de négociation sont moins grandes. » Le délégué syndical demeure satisfait qu’un geste ait pu être fait, et souligne qu’« une augmentation de 4.300 euros bruts, c’est presque du jamais-vu en 20 ans. »
Des revendications peu entendues
Même son de cloche côté CFDT. « La direction a refusé de rester sur les mêmes bases de négociation de 1% au-dessus de l’inflation », remarque Benoît Vernier, délégué syndical. Les principales revendications de l’organisation n’ont pas été entendues : les ouvriers n’auront pas d’augmentations individuelles pour la deuxième année consécutive, et le talon minimum de 50 euros a été refusé. Il s’agit du montant d’augmentation minimale pour les plus bas salaires.
Jérôme Boussard, de la CGT, ne mâche pas ses mots. « C’est du foutage de gueule », lance-t-il. Pour lui, Stellantis « redistribue très mal aux salariés, malgré des chiffres et des résultats très élevés ». Même s’il admet qu’il ne s’agit pas de « cracher sur l’argent », il s’attendait à beaucoup plus. Il explique : « Stellantis double ses bénéfices en un an, et nous ne récoltons que 1.000 euros de plus que l’année dernière pour la prime. » Le délégué syndical compte se réunir avec les salariés, pour savoir si des actions doivent être menées.