Des vélos. Il en a une centaine. En zinc, alu, ou plastique. Des petites figurines de 3 à 4 cm qu’Emmanuel Rivallain fait voyager de la Franche-Comté à la Bretagne.
Il suffit d’un rocher pour se croire à l’Alpe d’Huez.
Emmanuel Rivallain, photographe
Dans une boîte en bois, son trésor est toujours sous la main. A l'intérieur, une foison de petits vélos achetés au fil des années dans des magasins spécialisés ou sur Leboncoin.
Le vélo, Emmanuel Rivallain l’emprunte chaque jour pour venir au travail. Journaliste à France 3 Franche-Comté, l'homme à la plume toujours affutée, se souvient aussi de ce Tour de France qu’il a vu enfant en Vendée chez sa grand-mère. “Il est passé trois secondes, j’étais déçu" se souvient-il. L’enfant grandit et regarde chaque année la grande boucle devant la télé.
Des petites figurines, un Iphone toujours dans la poche, et le hasard d'une échappée belle dans un cadre inspirant. Rocheux, sableux, aquatique. Tantôt froid et humide, tantôt chaud et sec. Il en faut peu pour réveiller l'imaginaire. Tout a commencé il y a quelques années, quand Emmanuel s'amusait avec ses enfants sur les plages du Morbihan. Prendre ces photos avec ces vélos miniatures qui tiennent dans le creux d’une main d’enfant devient un rituel enchanteur. Le trait d'union entre une passion pour le cyclisme et la photo. Et puis le temps passe, les centres d'intérêts changent. Les enfants ne sont plus aussi émerveillés par ce rituel. Mais Emmanuel continue.
“Dès que je suis en balade, dès qu’il y a un sol intéressant, avec une matière, du sable, du goudron, de la neige, des épines, je me dit que je peux poser des figurines de cyclistes, évoquer la magie du Tour de France et les mettre ainsi en valeur” raconte le journaliste.
Des petits vélos, il en a une centaine. “Il y a beaucoup de casse, j’ai perdu des figurines tombées entre deux rochers, d’autres dans la rivière le Doubs. Alors j’ai des remplaçants !” dit-il. Comme dans les équipes pro.
“Ma photo préférée a été prise dans le Haut-Doubs aux Gras près de Morteau. Il faisait -15 degrés ce jour-là, j’ai posé mon petit vélo sur un fil barbelé. Le froid l’a aussitôt collé au fil, et derrière la neige s’est mise à tomber” se souvient-il.
Ma photo est réussie quand je crois deviner de la souffrance sur le visage de mes cyclistes !
Emmanuel Rivallain, photographe
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Au fil des images, des décors, le photographe aux yeux d’enfants s’amuse à jouer avec les échelles de valeur. “J’aime créer une image agréable qui raconte une histoire. Je me souviens aussi de chaque lieu. C’est une façon de voyager, plus précise, sans que cela s’évapore”.
“Les plongeurs se lestent avec des pierres. Les rêveurs mettent des cyclistes dans leur poche"
De ces photos surprenantes regroupées sur un compte Instagram, Emmanuel a auto-édité quatre carnets de voyage et de photos. Chacun des clichés se veut un poème visuel. Sur la cime des montagnes et des cols, sur les bords d'une falaise, à l'ombre des enfants jouant sur une plage ou sur le rail d'un chemin de fer ou dans la lumière d'hiver d'une forêt nue.
De la Bretagne à la Mer de Glace, en passant par la Franche-Comté. Le cycliste trace sa route sur fond de paysages majestueux. On en oublie qu'il n'est qu'une figurine de plomb.
Un tour imaginaire : les carnets accompagnés d’une petite figurine de vélo sont en vente en Franche-Comté à Besançon à la librairie Réservoir Books, à la Maison de la Presse, aux Sandales d’Empédocle. Vous pouvez contacter l’auteur par mail : emmanuel.ri(@)orange.fr ou via Instagram