Pascal Bezin participait, en 2012, à sa 20ème Transjurassienne. Il raconte sa course, suivi par une équipe de France 3. 2ème épisode : de Lamoura à Prémanon... par une température polaire !
Dimanche : 4 heures du matin...et beaucoup de degrés en dessous de zéro !
Dimanche, 4 heures du matin. Je me réveille pour réanimer le feu dans la maison et préparer le petit déjeuner. Matthias et Jean-Luc enregistrent encore quelques images avant d’aller prendre notre bus prévu à 5h30 au Bois Gourmand. Mais catastrophe ! Lorsqu'on arrive à 5h35, le bus est déjà parti. Après une course contre la montre avec la voiture de reportage, tout rentre finalement dans l'ordre sur la route des Rousses. Jean-Luc filme le reste du voyage à bord de l’autocar spécialement mis à disposition des coureurs et nous arrivons à Lamoura au petit jour.Matthias nous a rejoint avec la voiture dans laquelle tous les trois, nous tentons de nous réchauffer avant l’heure du départ. 8h15. Il faut quitter la chaleur de l’habitacle et nous rendre sur la ligne. Nous commençons l'interview 10 minutes avant le départ, mais la caméra est gelée. Le temps de remédier au problème technique et de reprendre la petite séance de questions, nous nous apercevons que la deuxième ligne s’est déjà envolée. Cette place qui nous était attribuée pour prendre part à cette Transjurassienne 2012. « La seule fois où j’aurais eu le privilège de voir le départ depuis un autre point de vue que celui du coureur, après 19 participations ! » Nous partons donc 2 à 3 minutes derrière, ce qui nous permet d'être seuls sur la piste, d'éviter la casse et de mieux gérer l'effort. Jean-Luc a du mal à enfiler ses gants. Il a du mérite parce que tenir la caméra à mains nues avec cette température de moins 20 degrés, puis ensuite chausser les skis, c'est fort.
Pendant 2 kilomètres, la piste est à nous, puis nous remontons vite sur la fin du paquet. Jean-Luc a l'air de bien skier, ça devrait être bon. Les derniers du peloton sont d'un niveau technique catastrophique. C'est impossible qu'ils puissent faire 76 kilomètres. On a l'impression qu'ils commencent le ski réellement ce matin.
Au pied de la Serra, nous attaquons la première pente. Jean-Luc est bien dans mes skis. On double les concurrents par dizaines. Première petite descente pour s'apercevoir que le fartage est excellent et qu'on glisse mieux que tout le monde. C'est bon pour le moral. J'en oublie complètement la caméra portée par Jean-Luc. J'en oublie aussi complètement le froid.
Rencontre avec la bise... celle qui ne réconforte pas !
On sort légèrement de la forêt pour se retrouver en prise directe avec la bise. Elle souffle puissamment en soulevant la neige fine par tourbillon. Les coureurs cherchent à s'abriter les uns derrière les autres. Je commence à comprendre que ça risque d'être dur entre les Rousses et la Suisse. Mais cette bise rend le paysage féerique. Les arbres givrés disparaissent et réapparaissent selon les rafales de vent. Le soleil n'est pas encore là. Nous sommes à l'ombre de la forêt du Massacre.J'essaie de respirer par le nez en fermant la bouche, pour ne pas brûler les poumons. Utopie. C'est impossible ! On s'arrête au dessus de la Darbella avant la descente sur le tunnel pour discuter de la prise de vue. La descente fait environ 1 kilomètre. C'est la première partie de plaisir de la Transju : 2 minutes à 40/50 km/h. Nous doublons les concurrents par paquets, mais ce n'est pas significatif. Nous sommes encore à l’arrière de la course, les skieurs sont moins bons techniquement et je pense que beaucoup ne savent pas farter. Le peloton est très dense et je viens buter sur d'autres skieurs, à l'attaque du tunnel de la Darbella.
Jean-Luc m'a bien suivi et on attaque ensemble la longue montée qui nous fera ensuite basculer sur Prémanon. Le rythme est lent et je me dis que c'est la première fois de toutes mes Transju que je ne souffre pas dans cette côte. Grâce peut-être à notre départ relax...
De nouveau, une descente plaisir sur le village de Prémanon. Et là, le soleil pointe son nez. Que du bonheur, je vous dis...
C'est le premier ravitaillement, celui auquel il ne faut pas s'arrêter, car ça permet de doubler un grand nombre de concurrents. Malheureusement, aujourd'hui mon bidon est gelé. Impossible d'en tirer la moindre gorgée, il y a un bloc de glace à l'intérieur. Par conséquent, il vaut mieux boire deux thés bouillants qui auront leur importance pour la suite. Je regarde mes voisins autour de moi. Tout le monde a l'air marqué par le froid.
« Ca va, Jean-Luc? »
« Impeccable, mais ça va vite dans les descentes ! »