Presque un jeune sur deux a froid l'hiver. Ce sont les chiffres en France. La ville de Besançon (Doubs) a décidé d'offrir des "leggings" thermiques aux étudiants touchés par la précarité énergétique. Trois distributions sont prévues début mars.
"Le legging thermique ne sauvera pas la planète, mais c'est une solution toute simple pour réduire ta conso d'énergie." C'est le message étonnant de la Ville Besançon passé aux étudiants en difficulté. Elle a décidé de leur offrir des caleçons longs (et chauds) pour les aider à faire face à leurs factures de chauffage.
Une vidéo a été réalisée avec des étudiants au centre-ville et diffusée sur les réseaux sociaux. On y apprend que ce "legging" permet de baisser le chauffage de 1°C à 1,5°C dans les logements et de gagner entre 20 et 40% sur les consommations d'énergie.
"Pour nous, c'est assez facile de contacter des ménages confrontés à ces problèmes de coût de l'énergie, explique Jean-Emmanuel Lafarge, conseiller municipal (EELV) délégué à la maîtrise de l'énergie. Mais c'est très compliqué de localiser ces étudiants en difficulté qui restent souvent une année seulement dans leur logement et qui sont toujours très timides par rapport à cette précarité. Le legging est d'abord un moyen de prendre contact avec eux."
450 "leggings" ont ainsi été achetés et personnalisés aux couleurs de la ville : "Ici c'est Besac". Coût total de l'opération : 10 000 €. Elle a été imaginée par le Service Local d'Intervention pour la Maîtrise de l'Energie (Slime). Trois jours de distribution sont prévus : le 2 mars dans les locaux du Secours Populaire à Planoise, le 6 mars à l’épicerie solidaire l’AGORAé sur le campus de la Bouloie et le 9 mars lors de la distribution alimentaire de l'association étudiante Cop1 à Hop Hop Hop (sur inscription).
Les distributions alimentaires aux étudiants précaires sont très bien organisées par les associations à Besançon. On voulait apporter quelque chose de différent. On a cherché à apporter notre compétence et des solutions alternatives pour aider ces jeunes à réduire leurs frais.
Jean-Emmanuel Lafarge, conseiller municipal de Besançon (EELV), délégué à la maîtrise de l'énergie.
Près d'un étudiant sur deux
Selon les chiffres du baromètre du médiateur national de l'énergie, les 18-34 ans sont en effet les plus touchés par la précarité énergétique : presque un sur deux avoue souffrir du froid (45% contre 31 % du reste de la population) et plus de la moitié d’entre eux a du mal à payer certaines factures d’énergie (55% contre 31% au global). En 2022, près de huit sur dix indiquaient déjà restreindre le chauffage en hiver (78 %, contre 69 % du reste de la population).
Depuis 10 ans, la Ville de Besançon lutte contre la précarité énergétique avec ce fameux dispositif Slime, déjà déployé à ce jour dans 40 collectivités territoriales en France. Il vise à massifier le repérage, l’orientation et l’accompagnement des ménages aux revenus très modestes qui peinent à régler leurs factures de gaz et d'électricité.
Le Slime de Besançon en profite également pour lancer une grande enquête auprès des étudiants bisontins. L'objectif de ce questionnaire anonyme accessible en ligne est de comprendre les situations des étudiants, l'impact de la précarité énergétique sur leur vie quotidienne, l'impact sur leur santé et leur bien-être ainsi que la manière, ils gèrent leur budget. "Le but étant que le Slime puisse adapter ses pratiques pour accompagner les étudiants au plus près de leurs besoins et réfléchir à des actions à créer ensemble pour y répondre", explique-t-on.