VIDÉO. Guéri du COVID mais malade du pouvoir d'achat, L'Antonnoir, la fameuse salle de concerts de Besançon, réduite au silence

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Dernier concert à L'Antonnoir à Besançon (Doubs) avec sur scène, le groupe américain Maserati. ©S. Bourgeot / H. Perret / M. Loir

Le mur du son a tremblé une dernière fois ce mercredi 8 mai 2024 à L'Antonnoir. Avec sur scène, le groupe américain Maserati en tournée en Europe. La salle de concerts mythique de Besançon (Doubs) doit fermer défintivement ses portes pour des raisons économiques.

"Big up l’Antonnoir, beau boulot !", lance un fidèle dans la salle. "Heart brocken (cœur brisé) parce que c'est un lieu de ouf", se désespère ce spectateur irlandais. L'Antonnoir a lâché ses dernières notes ce mercredi 8 mai 2024. Avec cet ultime concert de Maserati, un groupe de post-rock américain fondé en 2000 à Athens, en Géorgie.

"Aux Etats-Unis, j'ai travaillé dans une boîte un peu comme ça, avec le rock’n’roll et des groupes tous les soirs, j'étais au bar, je faisais la programmation, raconte Coley Dennis, le guitariste du groupe Maserati. Pour la culture, c'est important des clubs comme celui-là." Et beaucoup parlent avec nostalgie de ce qu'ils vont perdre. "Le fait qu'on puisse avoir des artistes de vraiment grosse qualité, des stars internationales, à un mètre de soi dans des conditions extraordinaires qu'on ne retrouvera jamais plus", déplore ce vieil habitué.

Chronique d'une fermeture annoncée

En février dernier, c'est "avec une profonde tristesse" que l'Antonnoir avait annoncé sa fermeture définitive. "La reprise post-COVID lente et difficile, ainsi que d’importantes dépenses imprévues mais néanmoins indispensables en 2023 ont eu raison de notre trésorerie et de notre équilibre déjà fragilisés par la crise sanitaire", avait expliqué la direction de la salle sur ses réseaux sociaux.

"Partout en France, les salles de concert privées ferment les unes après les autres, les discothèques de taille moyenne également, principalement pénalisées par des coûts d’exploitation en hausse constante", avait-elle ajouté, reconnaissant que son modèle économique associant concerts et club ne fonctionnait plus.

Et ce, malgré tous les efforts déployés pour relancer la machine. "jusqu’à la dernière minute, nous y avons cru et consacré notre énergie à nous réinventer, à faire en sorte que le maximum de styles et de courants musicaux soient représentés sur notre scène, à lancer de nouveaux types d’évènements (spectacles enfants, salon de la microédition, after sieste etc.)."

Nos clients dépensent deux fois moins qu'avant la crise sanitaire. Et on ne peut poursuivre comme ça, en fait. C'est le bar qui finance nos actvités et quand les gens dépensent beaucoup moins au bar, bien qu'ils soient plus nombreux, cela ne compense pas le manque à gagner.

François Michelet, co-associé et directeur de L'Antonnoir.

Du Cousti à L'Antonnoir

BellRays, Red Fang, ou encore John Parish, ils sont nombreux à s'être produits ici. De l'emblématique Cousti ouvert en 1977 à l’Antonnoir qui a pris la relève en 2017, la salle a toujours misé sur cet ADN 100% live et su se faire un nom pour attirer un public toujours nombreux.

ll y avait déjà une petite réputation qui permettait de faciliter un peu les choses et en faisant venir au fur et à mesure d'autres groupes, ça a un peu tourné dans le milieu. Oui, c'était quand-même assez facile de faire venir les groupes.

Lucie Rozé, co-associée programmatrice de L'Antonnoir.

Entre les Passagers du Zinc dans le quartier Battant et la Rodia, la scène des musiques actuelles, campée sur les rives du Doubs, et avec une jauge à 300 spectateurs, L’Antonnoir laissera comme un vide dans le paysage musical bisontin. "On aimerait bien monter un autre projet sous un format associatif, confie François Michelet à France 3 Franche-Comté. Avec un pool de mécènes. Sortir du milieu de la nuit pour ne conserver qu'une scène de musiques actuelles." Reste encore maintenant à trouver un écho favorable du côté de la ville.

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