Anne Vignot, la maire EELV de Besançon (Doubs), a annoncé qu'elle allait porter plainte pour incitation à la haine contre des militantes d'extrême droite qui ont brandi des pancartes et une banderole associant migrants et violeurs pendant le carnaval ce dimanche 7 avril 2024.
La réaction d'Anne Vignot ne s'est pas fait attendre. La maire écologiste de Besançon (Doubs) a annoncé ce dimanche 7 avril 2024 qu'elle allait porter plainte pour "incitation à la haine". Alors que le carnaval battait son plein au centre-ville, deux militantes du collectif d'extrême droite Némésis, qui se revendique féministe, ont brandi devant la tribune officielle, des pancartes sur lesquelles étaient inscrits les messages "Violeurs étrangers dehors" et "Libérez-nous de l’immigration".
Lors du carnaval de #Besançon, des personnes ont brandi deux pancartes associant migrants et violeurs. Une banderole avec un message similaire a été suspendue sur une façade de la grande rue. Dès demain je porterai plainte pour incitation à la haine pour la Ville.
— Anne Vignot (@Anne_Vignot) April 7, 2024
Indignation à Besançon
Une banderole a également été déployée sur la façade d'un immeuble de la Grande rue, l'artère principale du centre-ville, sur lequel on pouvait lire : "46 femmes auraient été épargnées si les OQTF [Obligation de Quitter le Territoire Français, ndlr] avaient été appliquées en 2023." Une affiche qui a suscité l'indignation et la colère de nombreux habitants et responsables associatifs ou politiques de la capitale comtoise.
Voici le message haineux que le collectif némésis a affiché en plein CV aujourd’hui à Besançon.
— Séverine Véziès🔻⏚ (@SeverineVezies) April 7, 2024
Nous demandons à la mairie de la faire retirer urgemment et qu’une plainte soit déposée pour provocation à la haine raciale.
Face à l’extrême droite, ne jamais rien laisser passer ! pic.twitter.com/w2BUUOpyOj
Laurent Croizier, député MoDem du Doubs et conseiller municipal de Besançon, a fermement condamné "cet acte raciste sous couvert de pseudo-féminisme" et "la mise en scène grotesque d’une idéologie haineuse". Dans un communiqué, le parlementaire tient à rappeler que "le combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes mérite mieux que ces faux-prophètes."
"Immondes, insupportables et insoutenables"
Lors d'un point avec les journalistes ce lundi 8 avril, Anne Vignot a dénoncé des actes "immondes, insupportables et insoutenables". La maire de Besançon a fustigé ceux et celles "qui se sentent suffisamment décomplexées pour être capables d'enfreindre la loi" et qui ont profité d'un rassemblement "populaire et festif" avec plusieurs dizaines de milliers de personnes pour distiller leurs idées et désigner un "bouc-émissaire, l'immigré, l'étranger".
Au nom des principes de la République, on ouvre la porte à ceux qui veulent bafouer la République. L'Histoire nous a appris que ce schéma-là, ce chemin-là, nous ont amenés à la pire des situations. Aujourd'hui, nous vivons cela à Besançon. Je me battrais toute ma vie contre ce genre de dérives.
Anne Vignot, maire EELV de Besançon.
"C'est la pure vérité"
"Ce n’est pas un message haineux, c’est la pure vérité", n'en démord pas le collectif Némésis sur son compte X-anciennement Twitter. "En 2019, Emmanuel Macron avait promis un taux d’exécution de 100% des OQTF", insistent les militantes identitaires.
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Alice Cordier, 26 ans, fondatrice et directrice de Némésis, a également répondu directement à Anne Vignot ,toujours sur X. "Oui, nous avons appelé à l'expulsion des violeurs qui sont étrangers", réaffirme-t-elle.
Oui, nous avons appelé à l’expulsion des violeurs qui sont étrangers.
— Alice Cordier (@CordierAlice2) April 8, 2024
Vous vous opposez à cela @Anne_Vignot ? https://t.co/r9fvSCmJD5
"On ne généralise pas, assure Alice Cordier à France 3 Franche-Comté. On ne dit pas que tous les étrangers sont des violeurs mais qu'il faut expulser les violeurs étrangers. On critique une politique migratoire qui est incontrôlée aujourd'hui, comme le disent aussi des membres du gouvernement."
Quand on voit que 63% des agressions sexuelles dans les transports franciliens sont le fait d'étrangers, oui, on dit qu'il y a urgence.
Alice Cordier, fondatrice et directrice du Collectif Némésis.
Et l'activiste assume cette intrusion en plein carnaval bisontin. "Tant que l'Etat ne prendra pas conscience de la situation, on le rappellera quel que soit l'endroit ou quel que soit l'événement, ajoute-t-elle. On dit de nous que nous sommes des féministes qui cassent l'ambiance. C'est vrai. Mais on n'échappe pas à cette insécurité."
Ce n'est pas la première fois en tous les cas que ce collectif fait parler de lui à Besançon. En novembre dernier, l’Université de Franche-Comté avait déjà porté plainte pour dégradations de locaux à la suite de la découverte d’autocollants, de tags xénophobes et racistes à l’extérieur de la bibliothèque Proudhon. Une action dont s'étaient vantées les jeunes militantes du groupe sur les réseaux sociaux en postant notamment une vidéo sur Instagram. Avant de supprimer cette vidéo et de démentir être les auteures de ce "stickage" par l'intermédiaire de leur avocat. Cette plainte serait néanmoins "en voie de classement" selon le Parquet et la police, rapporte l'Est-Républicain.
Collectif fondé en 2019
Le Collectif Némésis s'est formé en France en octobre 2019. Il revendique 150 "femmes sur le terrain" au niveau national et compterait une dizaine de membres à Besançon. Une section s'est en effet créée ici en septembre dernier, avec "des étudiantes ou de jeunes professionnelles âgées de 20 à 27 ans", indique Alice Cordier. Le mouvement est également actif en Suisse romande depuis juin 2021 et se réunit généralement à Lausanne.
En septembre 2023, lors de la braderie de Lille, certaines de ses membres avaient été mises en garde à vue à la suite d'actions racistes.
L’incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination, c'est-à-dire "le fait de pousser par son attitude des tiers à maltraiter certaines personnes, en raison de leur origine, de leur religion, de leur sexe ou de leur orientation sexuelle", est une infraction punie par la loi. Les auteurs risquent un an d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende.