Douze ans après le crash de Charm el-Cheikh en Egypte, le parquet requiert un non lieu

Plusieurs Francs-Comtois et Bourguignons avaient trouvé la mort dans le crash du Boeing au large de l'Egypte le 3 janvier 2004. Cette décision de non lieu "fait hurler"  Claude Fouchard, le président de l'association des familles des victimes. 
 

Avec Annie Gaudillière Membre de l'association des familles de victimes. Reportage M.Buzon, JS Maurice et E.Dubuis
Douze ans après le crash du Boeing 737 qui avait fait 148 morts dont 134 Français à Charm el-Cheikh (Egypte), le parquet de Bobigny a estimé que des poursuites n'étaient pas justifiées et a requis un non-lieu, selon nos confrères de l'AFP.
Le 3 janvier 2004, trois minutes après son décollage de la station balnéaire à destination de Paris, déséquilibré sur sa droite, l'appareil de la compagnie égyptienne à bas coût Flash Airlines s'était abîmé en mer Rouge.

En Franche-Comté, Annie Gaudillière a perdu dans ce dramatique accident son frère, sa belle-soeur et sa nièce âgée de 12 ans à l'époque. La famille originaire de Montfaucon, près de Besançon était partie pour pratiquer la plongée sous-marine. Philippe Decreux avait fondé l' entreprise Cofence.
En Bourgogne, la famille Fouchard, originaire de Franche-Comté, avait perdu onze membres de sa famille. Aujourd'hui, Claude Fouchard préside l'association des familles des victimes. Annie Gaudillière et Claude Fouchard craignaient ce non lieu. Même si le juge d'instruction dispose encore d'un mois pour décider s'il y aura ou non un procès, cette décision les révolte.

"Malheureusement, on va être obligé de vivre avec cela. Nous c'est à perpétuité notre peine. Cette décision n'est pas faite pour nous apaiser. J'entends encore Jacques Chirac nous dire qu'il allait faire tout ce qu'il faut... Nous avons été oubliés." 

déclare Annie Gaudillière. 

Claude Fouchard et les familles des victimes ne peuvent admettre que personne ne soit responsable dans cet accident. 

"Nous n'allons pas nous laisser faire après douze ans de procédure"


Selon le site Atlantico, qui a révélé l'information, le parquet de Bobigny estime que les pilotes sont responsables "de nombreux manquements et de calculs approximatifs" et que la compagnie aurait employé un équipage "dont la compétence réelle était sujette à caution". Mais, ajoute Atlantico, les pilotes étant morts dans l'accident, le parquet a constaté l'extinction de l'action publique, précise l'AFP.

L'enquête judiciaire pour "homicides involontaires" avait été ouverte le jour de la catastrophe. Elle avait donné lieu à 37 tomes de procédure, sans qu'aucune mise en examen n'ait été prononcée.

Contacté par l'AFP, Jean-Pierre Bellecave, l'un des avocats de l'association des victimes du crash, a regretté la décision du parquet, notamment "l'abandon de toute démarche à l'égard du président de la société Flash Airlines".

"La société a été liquidée depuis dix ans, mais son responsable est toujours en vie, lui. On aurait pu agir, au moins l'entendre", a-t-il poursuivi. "Mes clients se demandent désormais: Après toutes ces années, qui va nous venger?."


- Plus de 600 parties civiles -


En 2009, un rapport d'experts avait souligné l'insuffisance de formation des pilotes, pointant du doigt les "manquements" de la compagnie.
La formation du pilote n'aurait pas respecté les normes en vigueur et son "expérience précédente et sa courte formation en ligne ne permettaient pas un lâcher immédiat dans la fonction de commandant de bord", estimaient les quatre auteurs du document, dont un ingénieur en aéronautique. Quant au copilote, sa formation était "extrêmement sommaire et son entraînement en ligne très insuffisant pour compenser son inexpérience", soulignaient-ils.
Les experts avaient aussi relevé la "fatigue" due au temps de service des deux pilotes lors des deux semaines précédant le crash. En outre, Flash Airlines ne disposait pas des manuels de vol nécessaires.

En janvier 2008, une première expertise, réalisée par quatre autres experts indépendants, avait déjà conclu à "une déficience humaine" liée à une "absence de compétence" du pilote.
Le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) français avait lui aussi mis en cause le pilote, un ancien militaire, évoquant une "désorientation spatiale".
Très engagées dans la procédure, les familles avaient publié en juin 2007 leur propre rapport d'experts, qui épingle tous les acteurs, y compris la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), pour n'avoir pas interdit de vol la compagnie.
Le juge d'instruction dispose désormais d'un mois pour décider s'il y aura ou non un procès.
En parallèle de l'enquête judiciaire, des procédures civiles ont été engagées par les ayants droit des victimes. Le dossier compte plus de 600 parties civiles.

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