Canal+ et la Ligue de football professionnel ont fini par trouver un accord sur les droits TV du foot français, jeudi 4 février. Comme tous les clubs de Ligue 1 et Ligue 2, l'AJ Auxerre et le DFCO vont devoir baisser leurs charges.
A défaut d’affronter un grand vide, le football français va pouvoir reprendre de l’air, au moins jusqu’à la fin de la saison 2020-2021. Depuis la défaillance du diffuseur sino-espagnol Mediapro cet automne, 80 % des droits télé du football français étaient vacants.
Canal+ et la Ligue de football professionnel (LFP) ont fini par trouver un accord, jeudi 4 février, pour que la chaîne cryptée, filiale de Vivendi, récupère les droits de diffusion de la Ligue 1 et de la Ligue 2 jusqu’à la fin de la saison en cours, ont annoncé la LFP et le groupe Canal+ dans un communiqué commun.
La situation reste quand même très compliquée.
Un soulagement pour les clubs français ? "Oui et non", répond Francis Graille, président de l'AJ Auxerre. "Les matchs vont être exposés sur une chaîne où il y a un maximum de fans. De ce point de vue là, on est heureux" confie le dirigeant. "Ce sera un tout petit bol d’air car il y a toujours un prêt à rembourser."
Olivier Delcourt, président du DFCO, salue l'accord trouvé avec Canal+ mais ne parle pas de soulagement. "C'est une solution qui a été trouvée compte tenu de la situation d’urgence dans laquelle s'est trouvée plongé l’ensemble du football français. La situation reste quand même très compliquée."
Baisse de 49 % des revenus télévisuels des clubs
Selon plusieurs sources ayant connaissance du dossier interrogées par l’Agence France-Presse, la filiale de Vivendi a proposé une allonge de 35 millions d’euros, en plus de ce qu’elle paye déjà à la Ligue 1 (330 millions d’euros pour la saison), afin de récupérer l’intégralité des matchs délaissés par Mediapro.
Selon ces mêmes sources, la LFP a présenté en conseil d’administration, jeudi, une baisse de 49 % des revenus télévisuels des clubs pour la saison 2020-2021 en Ligue 1, baisse chiffrée à 40 % pour la Ligue 2.
C’est une situation très délicate pour tout le football français."
"On n’est donc pas plus avancés car on est toujours en danger" déclare Francis Graille. "La baisse des montants s’ajoutent à la crise du covid et à la fin de la saison dernière avec un prêt garanti par l'état qu’il faudra remourser. Il y a une crise sanitaire qui fait qu’on n’a personne dans les stades et des difficultés à trouver des partenaires."
Les clubs professionnels français, qui avaient spéculé sur l’explosion des recettes télévisuelles avec l’arrivée de Mediapro, vont devoir composer avec la disparition d’une bonne partie de cette manne. Or celle-ci pèse lourd dans leur économie. Près de 30% pour l'AJ Auxerre, 60% pour le DFCO. "Les droits vont baisser de 50%, ce qui s’ajoute à la baisse des droits de 30% de la fin de saison dernière qui n’a pas eu lieu", précise Francis Graille. "Donc, c’est une situation très délicate pour tout le football français."
"L’affaire Mediapro aura de grosses répercussions sur l’avenir du football français" reconnaît Olivier Delcourt. "C’est bien malheureux car on se retrouve avec 50% de moins de droits TV. Le contrat signé avec Mediapro était sur 4 ans donc tous les clubs ont fait des projections sur quatre ans. Il va falloir trouver des solutions et gérer au mieux le club pour s’en sortir."
Une diminution des charges
L'objectif de tous les clubs est aujourd'hui d'explorer toutes les pistes pour diminuer les charges et s'en sortir financièrement. "On va creuser toutes les pistes et faire ce qu’il faut pour boucler cette saison financièrement le mieux possible et redémarrer la saison prochaine dans de bonnes conditions", explique Olivier Delcourt.
Les salaires, il y aura des discussions avec les joueurs, bien sûr.
Parmi les pistes évoquées, celle de la négociation d'une baisse des salaires des joueurs. Si du côté de l'AJ Auxerre, Francis Graille certifie "qu'il n'y a rien d'envisagé pour le moment", l'idée fait son chemin du côté du DFCO. "Les salaires, il y aura des discussions avec les joueurs, bien sûr", déclare Olivier Delcourt. "J’attendais de savoir à quelle sauce on serait mangé avant d’organiser une réunion. On va en parler car eux aussi étaient demandeurs pour aider le club." Les clubs le savent, le plus dur reste à venir.
Cet accord entre la LFP et Canal+ ne court néanmoins que jusqu’à la fin de la saison. Il faudra ensuite renégocier la commercialisation des droits des prochaines saisons, avec les différents opérateurs intéressés. Canal+, mais aussi Dazn, sorte de Netflix du sport, Amazon et Discovery, qui ont postulé lundi 1er février à l’appel d’offres.