Depuis le début du mois de Juin, une vaste opération de comptage des chiroptères de Bourgogne-Franche-Comté a débuté. L'Observatoire de la Faune de Bourgogne (OFAB) met à contribution les particuliers pour compter les chauves-souris nichant dans les milieux bâtis.
Chaque année, au début de l'été, la Société d'Histoire Naturelle d'Autun (SHNA) lance une opération de comptage des chauves-souris se trouvant dans les bâtiments.
L'été, une période propice au comptage
25 espèces différentes de chauves-souris vivent en Bourgogne. Certaines de ces espèces fréquentent les milieux bâtis au cours de l'année et durant l'été, les femelles et les mâles se séparent. Les femelles se regroupent en colonies pour mettre au monde leur unique petit de l'année, alors que les mâles, plus solitaires, vivent à l'écart de ces groupes.
Pourquoi s'intéresser aux chauves-souris ?
L'Observatoire de la Faune de Bourgogne mène un inventaire global de la biodiversité depuis 20 ans. Le grand public est régulièrement sollicité pour mettre en lumière des problématiques sur certains groupes d'espèces menacées. Les chauves-souris sont assez représentatives de la biodiversité.
Selon Alexandre Cartier, chargé de mission à la Société d'Histoire Naturelle d'Autun (SHNA) et spécialiste des chiroptères, "les chauves-souris sont assez emblématiques des espèces en forte régression depuis 50 ans. Elles sont de très bons indicateurs de nos milieux naturels, et quand les chauves-souris se portent bien sur un secteur, c'est révélateur d'un ensemble favorable pour toutes les autres espèces, car elles sont assez exigeantes dans leur gîte de reproduction, d'hibernation, leur territoire de chasse.
Comme tous les insectivores, c'est une population qui est en pleine chute, liée à la modification de nos paysages, nos modes agricoles, l'usage des pesticides..."
Beaucoup d'espèces se sont adaptées aux constructions humaines
Le spécialiste note toutefois une nuance à apporter aux observations : "les chauves-souris se sont adaptées à tous les milieux, on en retrouve partout, à la campagne comme en ville. Les espèces les plus sensibles ne se retrouvent plus en ville car leur habitat de chasse a évolué.
En revanche, beaucoup d'espèces se sont adaptées aux constructions, et se retrouvent sous des toitures, des joints de dilatation d'immeuble, dans les parcs urbains. Elle vont chasser sur des zones éclairées artificiellement (par exemple les rangées de lampadaires)"
Les données collectées participent à la prise en compte des espèces recensées, notamment dans les projets d’aménagement sur le territoire, et donc à leur protection.
Le comptage peut se faire directement dans le gîte lorsqu’il est accessible (en prenant une photo par exemple pour minimiser le dérangement) ou lors de l’envol des chauves-souris à la tombée de la nuit.
Comment fonctionne l'enquête ?
Alexandre Cartier se réjouit des retours du grand public qui participe à l'enquête : "cela fait une quinzaine d'années que l'Observatoire de la Faune de Bourgogne existe, et que le grand public aide à compléter les inventaires des espèces en Bourgogne, et ça marche bien. Cela nous permet d'avoir une dizaine de milliers de données sur les espèces de notre territoire."
L'avantage de cette campagne participative réside aussi dans la possibilité de recenser les espèces dans les lieux privés, là où les scientifiques n'ont pas forcément accès : "ce sont les propriétaires eux-mêmes qui nous transmettent les photos et leurs observations. Ils nous signalent la présence de chauves-souris chez eux, parfois certains en ont peur, ou d'autres veulent obtenir des conseils pour cohabiter avec elles."
Alexandre Cartier déplore toutefois que "malheureusement, le premier réflexe de certaines personnes, c'est de se débarasser des chauves-souris dès qu'ils les découvrent. Ils n'ont pas compris la place de la chauve-souris dans l'environnement en tant que régulateur de la population d'insectes. C'est essentiel dans le règne animal, elles prennent le relais des oiseaux insectivores la nuit. Il faut continuer à sensibiliser les gens sur l'utilité des chauves-souris."
Pour participer à l'enquête, rendez-vous sur la page http://faune.bourgogne-nature.fr/fr/actualites/enquete-sur-les-chauves-souris-dans-les-maisons_246_A627.html.
Des photos peuvent être envoyées et des commentaires sont possibles (effectif compté etc....)