Cinq départements de la région avaient alerté le Premier ministre au début du mois sur une "pénurie" de fibre optique. Le syndicat professionnel du secteur rejette cette affirmation. Il reconnaît cependant une "tension" due selon lui à un manque de planification des différents projets.
Cinq départements de Bourgogne-Franche-Comté ont interpellé ce mois-ci le Premier ministre Edouard Philippe, craignant de ne pouvoir "tenir leurs engagements" en matière de déploiement d'internet très haut débit en raison d'une "pénurie" de fibre optique au niveau mondial.
L'industrie française des câbles leur répond et rejette la crainte d'une "pénurie" de fibre optique au niveau mondial. Mais elle réclame une planification plus "rigoureuse" des programmes du plan France Très Haut Débit (THD) afin de lui donner une visibilité à plus long terme.
Reflet de l'intensification du plan THD, un nouveau record de livraison de câbles à fibre optique a été atteint l'an dernier en France, avec 13 millions de km de fibres de ce type déployées sur le territoire, contre 2,3 millions de km en 2012, selon des données publiées jeudi par le syndicat professionnel des industriels français des câbles, le Sycabel.
Grâce à ce plan, depuis 2015, la France installe annuellement plus de câbles optiques que le Japon, l'Allemagne ou le Royaume-Uni. Mais l'Hexagone ne représentait l'an dernier que 2,2% de ce marché mondial, largement dominé par la Chine (58% du marché), selon des données du cabinet d'études britannique CRU International.
Si le Sycabel rejette le terme de "pénurie", il reconnaît une "tension" perçue sur le marché mondial touchant tous les types de fibres. "La production de fibres est dominé par de grands acteurs régionaux. C'est une industrie très particulière, avec beaucoup de savoir-faire, de technologies, et d'installations coûteuses", explique à l'AFP Régis Paumier, délégué général du Sycabel.
Dans des marchés d'infrastructures comme la fibre optique, "le risque pour un industriel c'est d'investir trop et trop vite pour un projet, sans savoir que faire ensuite" de ses capacités de production une fois ce projet terminé, ajoute-t-il.
"L'Etat, les collectivités, les régions, tout le monde (...) a passé des contrats, monté des projets. Cela a demandé du temps et puis tout arrive là, d'un coup".
Pénurie de main-d'oeuvre
Le secteur français des câbles a déjà investi 140 millions d'euros sur les cinq dernières années pour s'adapter à la montée en puissance du plan THD, soit 17,5% de son chiffre d'affaires, souligne encore le syndicat professionnel.
L'Observatoire du THD en France s'attend pour sa part à un marché "probablement tendu jusqu'à fin 2019", période à laquelle la montée en charge de la capacité de production en France devrait permettre de répondre aux besoins.
Le besoin de fibre optique dans le pays cette année devrait s'élever à 20,7 millions de km, selon l'Observatoire, prédisant aussi un pic annuel de 23 millions de km de 2019 à 2022, année à la fin de laquelle le THD doit couvrir l'ensemble du territoire, selon le calendrier prévu.
Autre frein potentiel à la réalisation de cet objectif en temps voulu : la main-d'oeuvre. "Nos centres de formation ne sont pas tous remplis, et beaucoup d'installateurs (de câbles, NDLR) quittent le métier après leur formation", en raison d'un travail jugé trop pénible, déplore M. Paumier.
Or le plan THD devrait mobiliser 28 000 emplois directs équivalent temps plein en 2022, contre 12 000 en 2017, selon l'Observatoire du THD, dans le déploiement des réseaux optiques, les raccordements, la maintenance, les opérateurs de télécoms, les bureaux d'étude.