Les laboratoires d'analyse médicale baissent leurs rideaux les 22, 23 et 24 octobre 2019. En grève, ils protestent contre les 170 millions d'économies prévus en 2020 par la réforme de l'Assurance maladie. En Franche-Comté au moins 12 laboratoires resteront ouverts, réquisitionnés par l'ARS.
En Franche-Comté comme dans toute la France les laboratoires d'analyse médicale privés, en grève, ferment leurs portes au public ces trois prochains jours les 22, 23 et 24 octobre. Ils répondent à l'appel de quatre syndicats de biologistes. Après un premier mouvement de grève suivi à 95 % le 23 septembre dernier, où les laboratoires avaient fermé quelques heures pendant 10 jours, cette fois-ci ils durcissent le mouvement. En fermant complètement les laboratoires ils veulent susciter une prise de conscience. "Les conséquences des baisses envisagées seraient la fermeture de nombreux laboratoires de proximité et le licenciement du personnel qui y travaille" explique le Syndicat National des Médecins Biologistes.
Malgré leur fermeture au public ces trois prochains jours, les laboratoires continueront à assurer leur activité technique d'analyse et la réalisation de prélèvements urgents. Certains sites sont réquisitionnés par l'Agence Régionale de Santé.
A Besançon c'est le cas de deux laboratoires, celui de Terre-Rouge ou celui de Planoise Polyclinique où les patients peuvent se rendre.
A Planoise, le laboratoire de la Polyclinique a donc dû renforcer ses équipes pour faire face à l'afflux de patients. Ils sont deux médecins biologistes au lieu d'un seul et une secrétaire médicale supplémentaire conforte également l'équipe. "Il y avait beaucoup de monde dès l'ouverture ce matin, l'information est donc bien passée" explique le docteur Elodie Caire-Tetauru, médecin biologiste. Le laboratoire réalise les prélèvements d'urgence et c'est aussi un centre d'aide à la procréation médicalement assistée. "Même si nous sommes en activité, nous sommes solidaires et soutenons la grève", explique-t-elle, "nous prenons le temps d'expliquer à nos patients les raisons de ce mouvement".
La grève est suivie dans toute la région à l'exception des six sites du groupe BioAllan situés à Belfort-Montbéliard.
21 sites réquisitionnés sur 140 en Bourgogne Franche-Comté
En Franche-Comté 12 sites sont réquitionnés par l'ARS : 4 laboratoires en Haute-Saône, à Vesoul, Héricourt, Lure notamment, 4 autres dans le Jura, 4 dans le Doubs à Pontarlier, à Brognard et Besançon.Au total en Bourgogne Franche-Comté, l'Agence Régionale de santé a réquisitionné sur arrêté préfectoral 23 sites de laboratoire sur les 140 de la région.
Des réquisitions illégales selon le Syndicat National des Médecins Biologistes qui ont effectué un recours devant le tribunal administratif pour entrave à l'exercice du droit de grève. "On ne peut réquisitionner des laboratoires pour un fonctionnement aux horaires habituels toute la journée" explique Jean-Claude Azoulay, le délégué national du syndicat.
Ces arrêtés de réquisitions n'ont pas été annulés par le juge du tribunal administratif en Bourgogne-Franche-Comté mais ils l'ont été dans d'autres départements en France, en Meurthe-et-Moselle ou encore en Alsace.
De son côté l'Agence Régionale de Santé se défend "les réquisitions des sites de laboratoires constituant des plateaux techniques indispensables à l’analyse des échantillons biologiques ont été prises dans notre région afin de maintenir une capacité d’accueil des patients relevant de l’urgence biologique en conservant une capacité analytique suffisante".
Un coup de sang ?
Fragilisés par 10 années de gel du financement des dépenses d'analyse médicale, la profession des biologistes "est gravement mise en danger" selon les syndicats.La caisse d'assurance maladie prévoit d’imposer près de 170 millions d’euros d’économies en 2020 aux laboratoires de biologie médicale, puis environ 122 millions en 2021 et 2022. "Ces 10 % d’économies demandés pour les trois prochaines années ne seront possibles qu’en fermant des laboratoires de proximité" affirme le docteur Jean-Claude Azoulay du SNMB.
"Si ces mesures venaient à être confirmées, elles mettraient à mal l'offre de soins pour les patients" explique le docteur Caire-Tetauru.
Des fermetures totales ou partielles ainsi que des réductions de l’amplitude horaire des laboratoires de biologie médicale (LBM) générant un transfert vers les urgences déjà saturées seraient à craindre ainsi qu'une industrialisation de leur exercice médical.
Depuis dix ans, les laboratoires ont réalisé près d'1 milliard d'économies (réduction d'effectifs, restructurations, mutualisation des activités techniques rassemblées sur de grands plateaux techniques). "Nous sommes à bout, aucune profession ne s'est restructurée autant que la biologie médicale" témoigne Docteur Norbert Desbiolles, délégué régional du SNMB.