Un mois après une première mobilisation, les personnels des lycées professionnels et des lycées agricoles et maritimes sont à nouveau en grève contre la réforme des enseignements dans leurs filières. Elle vise à doubler le temps d'apprentissage en entreprise au détriment de l'enseignement général. Les syndicats dénoncent une baisse d'instruction et d'émancipation des jeunes pour en faire des ouvriers spécialisés malléables.
Le mouvement avait déjà été très important le 18 octobre dernier dans les établissements professionnels de la région. Ce jeudi 17 novembre, le mouvement de grève national et intersyndical est encore très suivi. Il s'est doublé de rassemblements devant le lycée Pontarcher de Vesoul, le lycée Jules Haag site Marceau de Besançon, le lycée des Huisselets à Montbéliard, le lycée agricole de Mancy à Lons-le-Saunier ainsi que devant la Direction des services départementaux de l'Éducation Nationale de Belfort.
Les personnels de ces lycées s'opposent farouchement à la réforme préparée par la ministre déléguée chargée de l'Enseignement et de la Formation professionnels Carole Grandjean. Celle-ci prévoit de multiplier par deux le temps de présence en entreprise aux détriment des enseignements au lycée. Suppression d'heures de mathématiques, sciences, histoire-géographie ou langues. Des suppressions de postes de professeurs en découleront.
"Les jeunes vont se retrouver directement en ateliers, à l'usine, avec aucune culture générale, ils travailleront comme les ouvriers du XIXème siècle, devant des machines à 16 ans, sans droit du travail", s'inquiète Fabien Landry, professeur d'Histoire-Géographie au Lycée Jules Haag, et adhérent à la CGT-Education.
Une régionalisation des formations
Par ailleurs, les grilles horaires ne seront plus les mêmes sur l'ensemble de la France, mais les filières seront régionalisées : les formations s'adapteront directement aux besoins et demandes des entreprises localement, surtout celles en tension. La présidente de Région, Marie-Guite Duffay était ainsi aussi interpellée par les tracts syndicaux ce matin. Les enseignants craignent que les élèves obtiennent des diplômes amoindris, qu'ils ne pourront pas faire valoir dans d'autres régions, d'autres secteurs d'entreprise et surtout qui ne leur permettront pas d'accéder à des diplômes supérieurs, BTS ou école d'ingénieur.
Cet été, les lycées professionnels sont passés sous la double tutelle du ministère de l'Éducation Nationale et du ministère du Travail. Un changement édifiant selon les syndicats, qui dénoncent dans leur tract "une révision des cartes de formation au seul prisme des intérêts économiques particuliers des entreprises sur les secteurs d'activité en pénurie de main d'œuvre".
Ça devient un bac qui doit répondre directement à un besoin des entreprises locales. On va demander aux lycées de former de la main d'œuvre rapidement, peu formée, peu qualifiée. Ça va à l'encontre de pourquoi le bac professionnel s'est créé il y a quelques années.
Mathieu Lardier, Professeur de Mathématiques-Sciences, SNUEP-FSU
Les discussions avec la ministre sont pour l'heure interrompues, les syndicats ayant quitté la table des négociations. Ils exigent le retrait du projet de réforme de la voie professionnelle.