C'est au coeur du spacieux musée des maisons comtoises à Nancray (Doubs) que la démonstration s'effectue. L'endroit est suffisamment grand pour un exercice à l'extérieur. Et en même temps, les nombreuses maisons comtoises reconstituées sont d'excellentes cachettes.
Ce jour-là, c'est à Ozark, berger hollandais et Ghost berger belge malinois, que je vais avoir affaire. En matière de chiens de gendarmerie, je n'y connais pas grand-chose, et je suis loin d'imaginer ce qui m'attend.
L'idée est de voir travailler ces chiens spécialisés de la gendarmerie, et entraînés au sein du camp militaire de Valdahon dans le Doubs par le groupe d'investigation cynophile de la gendarmerie.
L'adjudant Arnaud m'attend devant une maison comtoise avec toute son équipe, renforcée par les gendarmes du PSIG ( peloton de surveillance et d'intervention) de Vesoul en Haute-Saône. Tous arborent un large sourire, que je peine à interpréter. Un sentiment à la fois agréable et inquiétant m'envahit.
Arnaud me propose d'abord de me présenter Jarouk, spécialiste du mordant. Cela signifie qu'il est utilisé pour dissuader des individus agressifs ou n'obéissant pas aux injonctions des forces de l'ordre.
Après une très courte approche de l'animal (qui n'encourage pas forcément aux caresses), l'adjudant me propose un échauffement. J'enfile un étrange costume, très épais, très lourd, très grand et peu saillant. Déguisé en bibendum, j'enchaîne ensuite les pompes et les exercices physiques avec l'aisance d'une danseuse classique habillée d'une combinaison de plongée.
Puis, je monte dans une voiture, pistolet d'alarme en main, place conducteur, voiture à l'arrêt, fenêtre passager ouverte. À l'extérieur, un cri perce la quiétude du site : " Gendarmerie, mains sur la tête ! Le scénario prévoit que je refuse de façon virulente et que je crie mon refus aux gendarmes en tirant deux coups de feu par la fenêtre.
Immédiatement, le chien Jarouk bondit et vient violemment m'attraper le bras gauche. L'attaque est d'une violence incroyable, ma tête cogne contre la fenêtre, et le chien ne souhaite pas lâcher sa prise. J'ouvre la portière, Jarouk tient bon. Je finis par tomber au sol, le chien toujours fermement accroché à mon bras. Ce n'est qu'après de longues minutes, après mon immobilisation totale et après plusieurs demandes de son maître, que le chien desserre enfin sa mâchoire.
Me voilà convaincu. Le chien n'a peur de rien. Il obéit aux ordres et réalise sa mission sans tergiverser. Je n'ose imaginer l'état de mon bras si je n'avais pas réalisé d'échauffement auparavant et surtout si je n'avais pas enfilé cette énorme tenue de protection.
Hors entraînement, il est extrêmement rare de recourir à un chien sans muselière. La plupart du temps, le chien en est pourvu, mais c'est une muselière dure, non seulement faite pour éviter les morsures, mais également conçue pour faire mal à la personne ciblée. Avec la puissance du chien lancé, et avec la coque de la muselière, c'est bien plus qu'un coup de poing de boxeur que reçoit "la cible".
Des chiens spécialisés au nez particulièrement fin
Après cette démonstration plus que persuasive, l'adjudant Arnaud prépare une autre situation. Il veut cette fois me montrer le savoir-faire d'Ozark, 3 ans, superbe berger hollandais. Lui est adorable, je peux le caresser sans crainte. Mais une fois lancé à la recherche d'argent (c'est une de ses spécialités), rien ne peut plus le distraire.
Rapidement, le chien stoppe sur une ancienne cuisinière à bois. La truffe plaquée contre le tiroir à cendres, il indique à son maître que les billets sont là.
Au terme de deux démonstrations étonnantes, l'adjudant m'explique les nombreuses compétences des chiens de la gendarmerie : chiens de mordant, chiens de recherches de personnes, de stupéfiants, de billets, d'armes, d'explosifs ou encore suiveurs de pistes de sang.
La séance se termine autour des chiens, largement récompensés de leurs séances de travail par un bel instant de jeu avec leurs maîtres. Des chiens en apparence comme les autres quand on les voit jouer comme ça, mais qui sont en fait des athlètes et des animaux de haute précision.
Reportage complet à découvrir ce dimanche 23 avril dans l’émission " En terre animale" à 10h40 sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté avec Franck Menestret et Muffin sa chienne, équipée d’une caméra embarquée.
Disponible en avant-première dès le samedi 22 avril sur France.tv.