Comprendre comment on fait un journal, se libérer des préjugés et surtout, prouver qu’on est capables de réaliser un travail de fond. En participant aux résidences de journalistes mises en place par l’Education Nationale grâce au CLEMI (Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information), France3 encourage les jeunes à s’informer en restant critiques.
Les « gavés » de l’école….et de l’information
Ils sont en troisième découverte métiers au Lycée Denis Diderot à Bavilliers dans le Territoire de Belfort, et à la demande du professeur documentaliste de l’établissement, plusieurs journalistes doivent intervenir dans la classe afin de réaliser un reportage avec eux. J’en fais partie. La classe m’attend sans vraiment savoir de quoi nous allons parler. Pour eux, le journal régional n’existe pas et l’information se résume à ce qu’ils lisent sur les réseaux sociaux. Ils sont méfiants pour ne pas dire plus et ne croient pas que leur parole sera entendue. Ils se sentent exclus, des médias, de l’école, de la société. Ils sont là parce qu’ils n’aiment pas l’école depuis leur plus tendre enfance et qu’ils n’ont aucun projet précis. Mais personne ne le sait….L’idée naît alors de faire découvrir leur classe si particulière.
C’est quoi une classe découverte métiers ?
L’idée est là mais la mise en forme ? C’est quoi une interview ? Un angle journalistique ? Petit à petit , au fil des séances avec les deux professeurs à l’initiative de mes interventions, les jeunes choisissent qui ils vont interroger et quelles questions ils vont poser. Ce sont eux qui manipulent les outils, caméras et micros. C’est Didier Mirra, le professeur documentaliste qui fera le montage.
Travail sur le terrain
Tout au long de l’année, les élèves de la classe découverte métiers sont accueillis en entreprise pour se frotter au monde du travail et découvrir des métiers qui pourraient les intéresser. Après discussion , C’est Colin qui a été choisi pour illustrer le propos et comme il effectue un stage dans une entreprise de Montbozon en Haute-Saône, c’est là qu’une partie des élèves se rend pour l’interroger.
Colin découvre l’entreprise Gindro, spécialiste de la tuyauterie industrielle et les jeunes interrogent son tuteur et le directeur de la société.
Et les filles ?
Au fil des séances, il s’avère qu’un autre sujet préoccupe aussi les élèves : la situation des filles dans cet établissement quasiment exclusivement fréquenté par des garçons. Comment trouvent-elles leur place ? Sont-elles traitées différemment ? C’est Assia qui s’exprime au nom des filles. Ce sera donc l’objet d’un second reportage. Le travail instaure une confiance inespérée au départ et donne lieu à deux reportages montés avec les moyens du bord mais qui illustrent bien l’envie d’expression de ces jeunes qu’on oublie d’entendre ou qu’on classe à tort dans les" inadaptés " à notre société. Ce sont leurs mots…
Voici donc le résultat de leur travail. J’espère qu’ils en sont fiers et surtout que nos interventions dans leur classe ont modifié ne serait-ce qu’un petit peu leur regard sur le métier de journaliste, ses obligations et ses contraintes…
Le premier reportage est consacré à la découverte de ce qu'est une classe de découvertes métiers.
La seconde vidéo concoctée par les élèves et leurs professeurs aborde la question de la mixité puisqu'ici 95% des élèves sont des garçons.
Merci à eux et à leurs professeurs.
Résidence à Vesoul : « Vous ne diffuserez jamais notre travail !! »
Comme à Bavilliers, les élèves sont d’abord méfiants, voire hostiles au projet. Là encore, les jeunes se sentent déconsidérés. Ils sont en formation hôtelière, découvrent à la fois les métiers de la salle et ceux de la cuisine. Ils souffrent du regard que les autres portent sur eux.
La professeure documentaliste et la professeure de français qui mènent le projet imaginaient au départ les faire travailler sur les réfugiés qui sont accueillis au lycée Pontarcher mais là encore, les élèves ont envie qu’on leur donne la parole.
Dès le départ, ils doutent qu’on les prenne au sérieux et me mettent au défi de diffuser leur production. Je m’y engage si le travail est sérieux.
Voici donc leur reportage dans lequel de nombreux élèves des lycées hôteliers devraient se reconnaître.
Merci à tous les élèves et à leurs enseignants d’avoir joué le jeu jusqu’au bout.