La Franche-Comté face au réchauffement climatique : quelles conséquences ?

La Franche-Comté a vu ses températures augmenter de 1,5 degrés en 130 ans. D'ici à la fin du siècle, le phénomène va s'amplifier et les thermomètres pourraient atteindre des sommets. Mais quelles conséquences ces changements pourront-ils avoir sur la région ? 

44 degrés à l'ombre. Un record de chaleur en ce mois d'août 2078 où les températures ne sont jamais descendues en dessous des 35 degrés. Loin d'être un scénario du prochain film catastrophe, cette projection  pourrait bien devenir le quotidien des Franc-Comtois d'ici 60 ans. 
La région glisse figurativement vers le sud de 10 mètres par jour soit 4 kilomètres par an. Dans dix ans, le climat de la Franche-Comté sera équivalent à celui de Lyon actuellement. Aux horizons 2080, toute la région aura des températures similaires à celles que connaît actuellement le nord de la Grèce.

 



"La moyenne des températures a augmenté de plus d'1,5 degrés dans la région depuis 1885, date à laquelle les premiers relevés ont commencé en France-Comté", explique Bruno Vermot-Desroches, délégué départemental de Météo France à Besançon et également auteur de Histoire du climat en Franche-Comté. "Cette année, les taux de CO2, gaz responsable du réchauffement climatique, ont atteint des records.", insiste Bruno Vermot-Desroches. Les températures vont donc continuer à augmenter. Selon les différents scénarios envisagés, plus ou moins optimistes, l'augmentation pourrait être entre 1.5 degrés et 5 degrés dans la région d'ici à la fin du siècle, dans 80 ans seulement.  

 


"Les arbres qui ne s'adapteront pas au réchauffement climatique disparaîtront"


Le réchauffement climatique, ce n'est seulement quelques degrés en plus. C'est aussi des conséquences sur les paysages et l'économie de la Franche-Comté. 
Les forêts de la région qui représentent 40% du territoire devraient être touchées. Pour François Chanal, technicien forestier à l'Office national des forêts (ONF) depuis 37 ans, "les forêts seront sûrement moins denses pour que tous les arbres puissent avoir accès à l'eau de la nappe phréatique. Les résineux comme les sapins et les épicéas, plus sensibles aux fortes températures risquent d'être plus touchés. Pour faire simple, les arbres qui ne s'habitueront pas disparaîtront. Vu la rapidité et l'intensité du réchauffement, il est encore difficile de savoir exactement quelle essence s'adaptera".

Logiquement, la sylviculture, pourvoyeuse de 2 380 emplois en 2017, devrait aussi être touchée. L'année dernière, les deux tiers des récoltes de bois étaient des résineux. Des essences d'arbres qui "vont réduire leurs aiguilles et moins grandir pour s'adapter au manque d'eau", selon François Chanal. 


Le tourisme d'hiver touché de plein fouet 


D'autres domaines d'activités pourraient bien être touchés. Le tourisme lié au sport d'hiver qui représente 4 à 6 % des emplois dans le Haut-Jura et le Haut-Doubs devrait aussi connaître des difficultés. D'après un rapport de la Cour des comptes de février 2018, « le réchauffement climatique modifie profondément les équilibres sur lequel se sont construits le dynamisme et l'économie des stations de ski ». 

"Les hivers devenant plus doux, il y aura moins de neige. D'autre part, les montagnes s'érodent et là où il y a moins d'altitude, il y a aussi moins de neige. Une station comme celle de Chapelle-des-Bois passera de 1100 mètres d'altitude à moins de 900 mètres dans 60 ans", explique Bruno Vermot-Desroches.  Les phénomènes convergeants, les vacances à la montagne pourraient avoir du plomb dans l'aile.   


La viticulture et l'agriculture devront s'adapter


La sécheresse touche particulièrement la Haute-Saône cette année. Les agriculteurs du département en appellent à la solidarité pour nourrir leurs bêtes alors qu'ils entament déjà leurs réserves d'hiver. A l'avenir, les épisodes de sécheresse devraient se reproduire régulièrement avec la hausse des températures. Les cultures très gourmandes en eau comme le maïs devraient à terme envisager un changement de céréale.

Autre secteur marqueur de la Franche-Comté, la viticulture. Les vins devraient être profondément touchés par le réchauffement climatique car plus de soleil signifie plus de sucre dans le raisin et donc plus d'alcool dans le vin. Les grands crus du Jura pourraient voir leurs taux d'alcool grimper en flèche et changer ce qui font leurs caractéristiques. Pour tenter de contrer le phénomène, certains viticulteurs testent de nouveaux cépages et d'autres zones de plantations. Des démarches qui pour certaines sont incompatibles avec les règles fixées par les Appellations d'origine protégées (AOP) ou contrôlées (AOC).
 
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