Les étudiants de Franche-Comté font face à une précarité, notamment alimentaire, croissante. Les raisons sont multiples, mais les solutions le sont tout autant.
Vous vous souvenez peut-être de ces images : de longues files d’étudiants patientant pour recevoir un colis d’aide alimentaire dans l’un des points de distribution, en plein deuxième confinement. C’était il y a deux ans et si les étudiants ont pu retrouver les bancs de l’université ainsi qu’un job pour certains, ils ne sont pas tous tirés d’affaire quand il s’agit de s’alimenter.
La précarité étudiante “augmente” et “persiste”, indique une étude de l’association COP1-Solidarités étudiantes rendue publique le 3 octobre. La mise en place des repas à un euro pour les étudiants boursiers, maintenue pour l’année scolaire en cours, ne résout pas tout. En Franche-Comté, de nombreuses initiatives tentent de répondre au besoin toujours plus grand des étudiants en situation de précarité.
Trouver les services adaptés aux besoins
“Les étudiants n’ont pas forcément la connaissance des aides à leur disposition”, explique Murielle Ruffier, chargée de mission Précarité étudiante à l’université de Franche-Comté. Pour cela, l’Université de Franche-Comté met à disposition un guide des aides pour les étudiants. Les aides y sont regroupées par catégories (numérique, alimentaire, matériel, logement, psychologique, financier, etc.). “Ça nous est apparu comme une nécessité que chaque étudiant ait accès aux mêmes niveaux d’aides partout sur le territoire”, complète Murielle Ruffier, qui met régulièrement le guide à jour.
Il peut arriver que les étudiants éprouvent des difficultés à se tourner vers leurs enseignants. Afin de pallier cela, une ligne d’écoute est disponible. Ce sont des étudiants en Master 2 de psychologie à l’université de Franche-Comté qui conseillent et réorientent les étudiants vers les aides financières adéquates ou les services les plus adaptés pour répondre à leurs besoins. “Cela permet aux étudiants d’appeler quelqu’un de leur âge plutôt que de s’adresser à un enseignant”, ajoute Murielle Ruffier. La ligne écoute-info est accessible du lundi au vendredi de 12 h à 13 h 30 et de 18 h à 19 h 30 au numéro suivant : 03.81.66.55.66. Elle reste gratuite et anonyme.
Des courses à -90 %
Quand faire ses courses devient un problème, les étudiants peuvent se tourner vers l’AGORAé, une épicerie solidaire installée au campus de la Bouloie à Besançon dans le Doubs. Tenue par les bénévoles de l’association Bureau des Associations Franc-Comtoises (BAF), l’épicerie est ouverte tous les mercredis de 18 h à 20 h. Accessible sur critères sociaux, l’épicerie propose des produits (denrées alimentaires, produits d’hygiène ou encore matériel scolaire) à un dixième de leur prix initial.
“C’est très difficile de demander de l’aide et d’accepter de la nourriture gratuite” explique Murielle Ruffier. “À l’AGORAé, les étudiants payent quand même à la hauteur de leurs moyens. C’est important pour eux.” “C’est aussi un lieu de vie, précise Romain Hassold, président de la BAF, pour permettre aux étudiants de se rencontrer, car la précarité mène à l’isolement”. “Et la précarité est totalement présente à Besançon.”
Il est également possible de s’adresser au service social du CROUS de Bourgogne-Franche-Comté, où “les assistantes sociales peuvent proposer des aides financières annuelles ou ponctuelles”, rappelle le président de la BAF.
“À partir du moment où une personne se déplace le vendredi après-midi pour du dentifrice, c’est qu’elle en a besoin.”
“73 % des bénéficiaires [des redistributions de Cop1-Solidarités étudiantes] ne perçoivent pas de bourse d’aide” indique l’association. Pour ceux qui ne pourraient donc pas accéder à l’AGORAé, les distributions alimentaires d’associations (Croix Rouge, Restos du Coeur, Secours populaire, etc.) peuvent être d’un grand secours. À l’instar de l’association Les Josettes Bisontines, qui propose une distribution alimentaire et de produits d’hygiène, un vendredi sur deux, de 14 h à 17 h, à la faculté des Sciences du Langage, de l’Homme et de la Société de Besançon.
Pour y avoir accès, pas besoin d’attester d'un quelconque dossier social. “On considère qu’à partir du moment où une personne se déplace le vendredi après-midi pour du dentifrice, c’est qu’elle en a besoin”, commente Axelle Barbosa, bénévole de l’association. “On est là pour ceux qui ne rentrent pas dans les cases des aides, que cela soit ponctuellement ou non.”
L’association Les Josettes Bisontines reçoit une soixantaine de personnes par distribution. Du côté de l’AGORAé, entre 20 et 30 étudiants sont bénéficiaires “mais le chiffre augmente tous les mois” constate Romain Hassold. Selon Murielle Ruffier, ils ont été une centaine sur l’année 2021. Selon les chiffres de la BAF, entre 120 et 150 étudiants sont bénéficiaires des Restos du Cœur chaque semaine à Besançon.