Nadiejda est commerçante à Besançon (Doubs). Elle vit en France depuis 2006. La guerre actuelle entre l'Ukraine et la Russie l'inquiète. Une partie de sa famille est toujours en Russie.
Pour Nadiejda, l'inquiétude est au plus haut. La commerçante d'origine russe est arrivée en France en 2006, mais sa famille est restée en Russie. Le pays s'est engagé dans un conflit avec l'Ukraine, depuis jeudi 24 février. La commerçante juge la situation dangereuse pour ses proches.
Inquiétudes sur la famille et sur leur vie quotidienne
Aujourd’hui, Nadège a surtout peur pour sa famille. « Ma sœur et mon beau-frère sont restés en Russie. Je m’inquiète pour eux mais aussi pour ma nièce qui attend bientôt son enfant, donc mon petit-neveu ». Dans la ville où ils se trouvent, il y a des manifestations contre cette guerre.
Comme dans le reste de la Russie, elles sont réprimées durement par les autorités : « Les personnes ont peur d’aller manifester, mais elles y vont quand même. Il n’empêche que quand elles voient les policiers, elles tentent de se cacher », explique Nadège.
L’autre préoccupation de cette commerçante de Besançon concerne leur vie quotidienne. La Russie risque de faire face à des sanctions, notamment financières. Cela commence à avoir des conséquences. Les banques et les commerces commencent à montrer des signes de faiblesse, d’après ses proches. « Les retraits d’argents sont limités et les rayons des magasins commencent à se vider », mentionne la femme.
Du côté des médias, la télévision publique russe est accusée de tronquer l’accès à l’information. Selon Nadège, « le pouvoir en place réfute l’appellation de « guerre » et préfère parler d’une « opération militaire ne visant qu’à tuer les nationalistes et à détruire les bases aériennes ukrainiennes. Les chaînes publiques ne parlent que des sanctions, de l'Europe et des déclarations du président des Etats-Unis, Joe Biden ».
La population sur place essaie par conséquent de chercher des informations supplémentaires sur internet, mais c’est difficile. « Le réseau est plus lent que d’habitude, quand il n’est pas coupé. En ce moment, je suis presque toutes les nuits à parler avec ma sœur, mais j’ai peur de perdre bientôt le contact avec ma famille », s’inquiète Nadège.
Un sentiment de honte vis-à-vis de la Russie
Son avis est très tranché sur la situation en cours dans son pays d’origine. « Cette guerre, c’est la honte, la démence. Il vaut mieux toujours parler, se réunir autour d’une table. Aujourd’hui, le pouvoir russe est une grande honte. C’est une honte pour le pays. Le grand objectif des politiques doit être de trouver un accord et que le peuple vive bien. Je vois pourtant le contraire : des cadavres de soldats russes, cadavres de citoyens et soldats ukrainiens », tonne la commerçante du Doubs.
L’armée russe ne trouve pas plus d’estime à ses yeux : « aujourd’hui, elle est vue comme une force agressive à travers le monde. Pour moi, elle doit plutôt protéger le pays et contribuer à sa gloire ». Elle montre des images issues de son téléphone, à l'appui. On peut y voir ce qui est présenté comme un véhicule blindé russe écrasant une voiture. Une situation qui l'irrite au plus haut point : « Qu'est-ce qu'ils font là-bas ? Qu'est-ce qu'ils cherchent ? ».
Elle craint même que le monde fasse l’amalgame vis-à-vis de la Russie : « Le peuple russe n’est pas Poutine. Poutine ne représente pas la population du pays. Je soutiens évidemment les Ukrainiens, même si ces derniers temps nous ne sommes pas toujours d’accord avec nos voisins au niveau politique ».
La recherche d'une paix hypothétique
Pour l'heure, Nadiejda n'a d'autre choix que d'attendre. En temps normal, un grand tableau représentant la cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux à Moscou (Russie) orne l'un des murs de sa boutique. Depuis le début du conflit, une grande banderole « non à la guerre !!! » recouvre désormais ce tableau. « Là, en ce moment, le symbole de Moscou, c'est la Place Rouge [NDLR : où se rassemblent notamment les manifestants contre la guerre]. C'est le symbole de notre gloire, notre respect », ajoute la commerçante. Celle qui dit accueillir une clientèle « russe, ukrainienne, roumaine, polonaise, moldave, tchèque, slovaque et française » a d'ores et déjà indiqué participer aux rassemblements de soutien à l'Ukraine, organisés à Besançon.