Blessé au dos après sa chute lors de la 1e étape du Tour de France 2020, Thibaut Pinot s’est accroché pendant trois semaines pour ne pas abandonner. Très loin au général le Franc-Comtois sera enfin sur ses terres ce vendredi. Un soulagement.
Pinot n'a même pas eu l'occasion de se battre avec les favoris
Le leader de la Groupama FDJ a perdu ce Tour dès la première étape de montagne dans les Pyrénées. La faute à une chute, bête. Il n’arrivera pas à Mélisey en jaune ce samedi, comme il en avait sans doute rêvé. Pour le coureur de 30 ans la roue n’a finalement jamais tourné. La fête, qui aurait pu être magnifique, est en partie gâchée."C’est peut-être un tournant dans ma carrière car là, ça fait beaucoup d’échecs pour moi". Au soir de l’arrivée à Loudenvielle, après avoir perdu quasiment vingt minutes sur les principaux favoris, Thibaut Pinot a eu des mots qu’ils ne pensaient peut-être pas, allant jusqu’à renier son histoire avec la Grande Boucle, "Je n’ai pas pris de plaisir depuis le départ" concluait-il.
Comment lui en vouloir ? Après des abandons en 2013, 2016, 2017 et surtout 2019 – année où idéalement placé au général il avait dû jeter l’éponge à deux jours de l’arrivée à Paris – le Tour s’est encore refusé à Thibaut Pinot. Une fois de plus. La fois de trop ?
Contrairement à l’an dernier Pinot n’a même pas eu le droit de se battre. Il a jeté les armes dans le Port de Balès, mais a perdu ce Tour 2020 dès la première étape, et cette malencontreuse chute à 3km de l’arrivée à Nice. Une chute groupée, évitable sans doute, loin d’être sans conséquence.
"Eviter d'aller au sol pour gagner"
"C’est une chute bête, sur une chaussée glissante" regrettait Marc Madiot, le manager de la Groupama-FDJ au soir de la 8e étape remportée par Nans Peters, "Dans le Tour on sait qu’il vaut mieux éviter les chutes. Pour réussir sur trois semaines, il ne faut pas aller au sol" avouait-il, amer.Une vérité que Thibaut Pinot a payé au prix fort. Les douleurs de sa chute ? Le Franc-Comtois les aura traînées pendant trois semaines. Incapable de se battre, relégué très loin des leaders en haute montagne, Pinot a souffert de son dos comme il n’avait sans doute jamais souffert sur la Grande Boucle.
Et pourtant il s’est accroché, s’est battu pour ses coéquipiers, auprès desquels il a tenu à s’excuser : "Le Tour, c’est la seule course qu’on ne peut pas abandonner. Je dois me battre pour l’équipe, aider les gars à aller chercher une victoire d’étape" se persuadait le Français, courageux.
Au-delà de l’importance de l’aspect collectif dans son combat contre lui-même, Pinot avait autre chose en tête. Une promesse qu’il s’était faite : être toujours en course, le samedi19 septembre, sur ses terres, pour une étape historique. "Thibaut va passer à 100 mètres de sa maison natale" se réjouissait d’ailleurs son père avant le départ, "Le voir en jaune ici, évidemment ce serait magnifique. Mais quoi qu’il arrive nous sommes déjà très fiers de tout ce qu’il a accompli".
La Planche attend quand même l'enfant du pays
Thibaut Pinot ne sera certes pas en jaune samedi entre Lure et la Planche-des-Belles-Filles, mais il sera là quand même, prêt à se battre, comme à son habitude. L’émotion sera sans doute vive pour le coureur formé au CC Etupes et ses proches, qui vivent toujours à Mélisey.Ces routes, Pinot les connaît par cœur, tout comme la montée effrayante de la Planche. Arpenter les Vosges saonoises avec le maillot jaune sur les épaules, l'enfant du pays en a forcément rêvé, mais il se réjouit tout de même de l'étape qu'il attend avant de rallier Paris : "Ce sera mon bonheur du Tour. Je vais avoir des frissons de voir tout le monde au bord de la route" a dit le Français à l'arrivée à Champagnole ce vendredi.
— Équipe Cycliste Groupama-FDJ (@GroupamaFDJ) September 18, 2020
Constat implacable de cette Grande Boucle, Primoz Roglic et Tadej Pogacar ont assommé le Tour dans les Alpes. Thibaut Pinot lui, ne saura jamais s’il aurait pu offrir au duo slovène une opposition à la hauteur de ses ambitions : "Le Tour est déjà tellement difficile quand on est à 100% physiquement, alors quand on ne l’est pas, c’est vraiment compliqué (...) Mon dos m'a fait terriblement souffri. Il y a eu des journées horribles" a avoué le natif de Lure en troisième semaine.
Contrairement à 2015 - quand il s’était imposé au sommet du Tourmalet après avoir perdu ses espoirs de victoire au général dans les Pyrénées - Pinot n’a même pas pu sauver son Tour 2020. Trop faible physiquement, il a essayé, en vain. Le maillot à pois ? Une victoire d’étape ? Des espoirs secondaires eux aussi envolés.
La seule course qu'on ne peut pas abandonner, c'est le Tour de France.
Prendre les échappées en deuxième et troisième semaine s’est avéré trop difficile pour le leader de la FDJ, lutter avec les leaders en montagne était une mission impossible. Malgré sa fragilité celui qui était encore l’un des favoris du Tour il y a trois semaines mettra sans doute ses dernières forces dans la bataille. Car oui Pinot imaginait évidemment un plus beau retour à domicile. Son plus cadeau samedi, sera sans doute de voir sur les bord de la route toute sa famille.