Pour les Jeunes Agriculteurs du Doubs, les prix du lait en grandes surfaces sont insuffisants face aux charges à payer. Ce vendredi 18 février, ils se sont fait entendre en se rendant dans une grande surface de Chalezeule, près de Besançon.
À l’approche du salon de l’agriculture, les producteurs laitiers sont en colère. Ce vendredi 18 février, une soixantaine d’agriculteurs se sont rassemblés sur le parking du supermarché Carrefour de Chalezeule près de Besançon (Doubs). Une action décidée alors que les négociations sur le prix des produits laitiers se tiennent en ce moment entre les grandes surfaces, les coopératives laitières et les industriels.
Ils s’estiment lésés par les prix de vente pratiqués par la grande distribution, alors que leurs charges augmentent. Le collectif a donc décidé d’aller rencontrer la direction de ce supermarché mais aussi des consommateurs, pour attirer leur attention.
Des charges lourdes à supporter
Le long cortège de tracteurs et de voiture s'immobilise sur le parking du supermarché. Les agriculteurs ont décidé de vérifier quels sont les prix pratiqués par cette grande surface, sur les produits laitiers.
« Nous sommes mécontents du prix auquel la grande distribution vend nos produits. Les négociations liées à la loi Egalim 2 sont en cours, nous sommes venus pour leur rappeler qu’on est là. S’ils n’avaient pas nos produits, ils ne pourraient pas vendre », se justifie Maxime Chapuis.
Le président des Jeunes Agriculteurs dans le Doubs et le reste du collectif arpentent les rayons de produits laitiers. Le fromage mais surtout le lait. Le collectif vérifie l’origine des produits mais aussi les prix de vente affichés. Dans les étals, il y a cette bouteille d’une grande marque de lait estampillé bio.
Un autre producteur laitier en colère tique : « À première vue, on peut se dire que tout est bien. Le seul souci, c’est le prix du litre de lait auquel est vendu cette bouteille. Elle coûte 1,50 euro alors qu’un producteur n’est même pas payé 40 centimes de son litre. Ce ne sont pas 40 centimes de bénéfice qui vont dans sa poche. En face, il y a des charges ».
C'est insuffisant pour que les agriculteurs puissent vivre, selon lui. « Le problème, c’est qu’il n’y a même pas le tiers de ce litre de lait qui rémunère l’agriculteur. Sur le lait bio à 40 centimes, un producteur ne gagne rien. Il ne lui reste pratiquement rien à la fin, l’agriculteur travaille pour le plaisir de travailler. Quand il vend son litre de lait, le coût de production est supérieur au prix auquel il le vend », s’indigne-t-il.
Des prix de vente indécents
Pour les Jeunes Agriculteurs du Doubs, les prix pratiqués par la grande distribution sont inadaptés. « La grande distribution vend toujours plus cher aux consommateurs, alors que pour nous le prix du lait est resté stable depuis deux ans. Alors que nos charges augmentent : le prix du gazole, le prix de l’aliment, les engrais. La loi Egalim 1 prévoyait qu’on vende nos produits en fonction de nos charges. En pratique, ce n’est pas le cas », explique Maxime Chapuis. Selon lui, « le prix standard du lait devrait être à 40 centimes le litre, pour pouvoir bien vivre. Actuellement, il n’est même pas à 35 centimes ».
D'après le représentant, la situation devient délicate. « Je touche un peu plus que le SMIC mais ramené au temps de travail que je fournis, je ne touche réellement que 3 à 4 euros grand maximum de l’heure. On a des investissements à faire qu’on ne fera peut-être pas cette année, qu’on va devoir décaler un peu. Pour couvrir les frais, on va devoir traire un peu plus de lait et ça devient très contraignant », se désole-t-il.
La pression du bio
Alors que les prix du lait ne suivent pas, les agriculteurs sont aussi poussés à basculer dans les productions bio. C’est un autre motif d’inquiétude, pour cette productrice de lait à Comté : « Aujourd’hui, on nous demande de passer au lait bio et on pousse à l’agriculture biologique ».
Ici encore, les prix ne suivent pas selon elle. « Quand on entend qu’un lait standard conventionnel dans notre zone est payé à 37 centimes le litre et que nos laits bio sont payés à environ 38 centimes, pour nous ce n’est pas normal. Pendant ce temps, les charges continuent d’augmenter incroyablement », tonne la productrice.
L'action de ce 18 février est un « premier avertissement, dans une ambiance bon enfant », comme le précise Joseph Boby, un autre agriculteur participant à ce rassemblement. Ils attendent d'abord la fin des négociations et le salon de l'agriculture mais n'excluent pas d'autres actions « en force », s'ils n'obtiennent pas satisfaction.