Antoine, Jurassien de 27 ans, est en détention provisoire à Fleury-Mérogis depuis maintenant trois mois. Ses proches continuent à remuer ciel et terre pour le faire sortir. Une demande de remise en liberté vient d'être refusée. Le point sur la situation avec sa mère et l'avocat Maître Uzan.
Au 26 février 2019, Antoine, jeune jurassien soupçonné d'avoir blessé un policier lors d'une manifestation de Gilets jaunes à Paris en novembre dernier, est toujours en prison. Trois mois après les faits, ses proches continuent à se battre pour sa libération. "Antoine est toujours en préventive. On est en attente d'une demande de mise en liberté déposée le 18 février" nous a expliqué Isabelle, la mère du Franc-Comtois. Depuis, la décision des juges est tombée. Antoine est maintenu en détention. Comme les faits qui lui sont reprochés et qu'il réfute sont considérés comme relevant des Assises, le mandat de dépôt peut durer un an.
Sur la page Facebook intitulée "Il faut libérer Antoine" et rassemblant plus de 2700 personnes, les amis et la famille d'Antoine écrivent : "3 mois que nous crions à l’injustice à l’incompréhension et au désespoir. 3 mois qu’un innocent est en prison. 3 mois de souffrance, d’enfermement et de solitude pour toi."
Jusqu'à 15 ans de prison
Le samedi 24 novembre, Antoine, a été arrêté près de la place de l'Etoile à Paris. Il a été mis en examen pour violences policières ayant entraîné une mutilation puis incarcéré 3 jours plus tard. Il est accusé d'avoir jeté un projectile, "une bombe agricole", sur un policier et de l'avoir blessé à l'oeil. Si les faits sont avérés, il encourt jusqu'à 15 ans de prison.
Le plus dur pour les proches d'Antoine, c'est l'attente... interminable. "On n'a pas de nouvelles concernant l'avancée de l'enquête. Antoine nous écrit quand il peut, car c'est compliqué de lui envoyer de l'argent. Et c'est encore plus compliqué pour lui d'acheter des timbres et des lettres car il ne peut pas dépenser ce qu'il veut chaque semaine. Il y a un quota" détaille Isabelle.
"Une lenteur incroyable"
Me Uzan, l'un des avocats du jeune homme, ne se faisait pas beaucoup d'illusions quant à la remise en liberté de son client. Pourtant, selon lui "l'incarcération d'Antoine apparaît profondément illégitime, parce qu'elle s'inscrit dans un moment insurectionnel national et les critères de mise en examen on été méconnus et occultés."
L'avocat d'Antoine dénonce également une instruction "d'une lenteur incroyable" alors qu'"on ne sait pas si le CRS atteint par le projectile présente une mutilation ou une infirmité qui permet de maintenir le caractère criminel dans cette affaire."
Il ajoute : "Si la remise en liberté est refusée on fera appel auprès de la chambre de l'instruction à Paris."
"Un taux d’occupation de 142 %"
Le jeune homme, qui possédait un casier judiciaire pour un fait de conduite sous stupéfiants et violence datant d'il y a 8 ans, est incarcéré dans la plus grande prison d'Europe, située dans le département de l'Essonne. Au total, 4 200 détenus se partagent l'espace, dans "un climat de tensions permanentes" selon François Bès, de l’Observatoire International des Prisons (OIP), interrogé en 2018 par le journal La Croix après une vague de suicides au sein de cet établissement pénitentiaire.
"[Fleury-Mérogis est] une ville dans la ville, où le flot des incarcérations est tel que les détenus sont noyés dans la masse. Un mastodonte pénitentiaire où les relations humaines sont forcément limitées et les problèmes exacerbés. Ce à quoi s’ajoute un taux d’occupation de 142 % au 1er août 2018, source de tensions pour l’ensemble de la détention" ajoute l'observatoire.
Après trois mois d'incarcération, Antoine reste combatif, selon Maître Uzan, l'un de ses avocats, qui l'a rencontré en prison. Il continue de clamer son innocence.