Les agriculteurs bio de Haute-Saône sont proches de l’objectif gouvernemental. D’ici 2022, 15% des surfaces agricoles devront être converties en bio. Rencontre avec des exploitants qui ont prouvé que préservation de l’environnement et rentabilité économique étaient compatibles.
Que leur exploitation soit en bio depuis dix ans, cinq ans ou encore en conversion, les agriculteurs que nous avons rencontrés partagent une exigence professionnelle. Formation continue, remise en question permanente, partage des connaissances, ces agriculteurs sont en mouvement.
LA PREUVE PAR L’EXEMPLE
Chapeau de paille rivé sur la tête, Mickaël Grevillot n’a guère eu une minute à lui pendant ces deux journées de salon professionnel. Avec ses collègues de la chambre d’agriculture de Haute-Saône, ils ont organisé des débats, des ateliers, des rencontres avec des vétérinaires, des spécialistes de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) ou d’autres instituts agricoles. Et surtout avec des agriculteurs qui peuvent expliquer concrètement leurs expériences.En passant en bio, le couple supprimé l’ensilage de maïs pour ne plus avoir à compléter avec les 100 tonnes de tourteaux qu’ils devaient acheter. En 2003, le tourteau coûtait 100 euros la tonne et en 2015, il était passé à 250 euros la tonne. Aujourd’hui, le coût alimentaire pour 1000 litres de lait est inférieur à 100 euros.
L’alimentation des vaches a changé, elles sont maintenant nourries par du fourrage riche en protéines et légumineuses plantés par Daniel Paulien. Il fabrique également un concentré riche en énergie à partir de ses récoltes. La productivité de son troupeau est en moyenne de 8000 l/vache/an de lait.
Encore une petite précision pour compléter le reportage et comprendre la richesse du sol des surfaces cultivées par Aurélie et Daniel Paulien : ils ont comptabilisé dans leurs sols 2 tonnes 5 de vers de terre à l’hectare contre 300 à 500 kilos/ha pour des terres labourées.
INNOVATION, REMISE EN CAUSE, PRISE DE RISQUE …
Pour organiser un salon Tech&Bio, il faut trouver les exploitants qui acceptent que pendant deux jours, des milliers de personnes viennent piétiner vos champs, visiter vos installations… Connue pour sa tradition d’accueil, la famille Mougin de Villers-Pater a dit Banco !Les quatre associés (Ismaël, Nicolas, Mickaël Mougin et Laurent Poisot) ont chacun leurs spécialités. Voici l’histoire de ce GAEC.
LA BIO, UN ATOUT POUR TRANSMETTRE SON EXPLOITATION
Direction Boursières, un village à l’Est de Vesoul. C’est là que Nicolas Blanc a son exploitation en polyculture élevage. Un type de ferme assez répandue et idéale pour passer en bio.
Nicolas Blanc va livrer son lait bio à la fromagerie Milleret de Charcenne, mais l’entreprise vient de cesser l’augmentation de sa collecte de lait bio, car ses ventes de fromage bio stagnent.
QUELS DEBOUCHES ? QUELLES FILIERES POUR LA BIO ?
La consommation des produits bio est en progression constante comme le souligne les chiffres de l’Agence Française pour le Développement et la Promotion de l'Agriculture Biologique.Lors de ces deux jours de salon Tech&Bio, un des moments les plus symboliques a été la remise de prix aux exploitations bio les plus rentables de chaque département. Pour être le plus juste possible, le prix de vente du lait n’a pas été un critère. « L’objectif premier de ce concours est de montrer la technicité, le savoir-faire et in fine la rentabilité des élevages laitiers bio de la région » précise le communiqué du salon. Elodie Fayel, responsable de la filière bio à la chambre régionale d’agriculture était l’invité d’Aude Sillans dans le JT du 10 septembre dernier. Lors de ce Jt, nous avions aussi diffusé le reportage tourné sur l’exploitation de Laurent Dodane. Un agriculteur aussi discret qu’efficace. Son exploitation a remporté le prix départemental et le prix régional.Avec Laurent Dodane, agriculteur en bio et Mickaël Grevillot, conseiller en bio à la chambre d'agriculture de Haute-Saône. Reportage avec Laurent Brocard, Joe Gutleben et Stéphanie Chevallier.
Installé à Marloz, près de Rioz en Haute-Saône, il a repris l’exploitation de ses parents alors qu’il avait entamé une carrière de carrossier. Maîtrise de la reproduction, qualité et quantité de lait, autonomie du système étaient les principaux critères pour décerner ces prix d’un nouveau genre. Ce sont les résultats de l’exploitation et non la physionomie d’une vache qui font la différence.
Interviewé à l’issue de la remise des prix, Laurent Dodane avait la victoire modeste. Comme pour éviter le feu des projecteurs, il remerciait ses vaches pour leur travail fourni. Et à propos de sa vocation tardive, l’exploitant remarquait qu’il ne s’était intéressé que tardivement à l’exploitation familiale ce qui lui avait permis de ne pas prendre de mauvaises habitudes. Le bio s’est imposée à lui naturellement en fonction de ses convictions et de tout ce qu’il avait appris par lui-même.
Lors de toutes ces rencontres faites à l’occasion de ce salon Tech&Bio, j’ai rencontré des agriculteurs heureux dans leur travail et qui disent bien gagner leur vie. Mais travailler en bio est loin d’être un long fleuve tranquille. Ces hommes et ses femmes passent beaucoup de temps à se former, à s’interroger sur leurs pratiques et à se remettre en cause régulièrement.