Haute-Saône : une "ferme des 400 vaches" suscite l'inquiétude d'associations environnementales

Des ONG environnementales s'indignent du projet d'expansion d'un élevage de bovins, situé à Sorans-lès-Breurey, en Haute-Saône. Elles soulèvent notamment la question du bien-être animal. Les éleveurs à la tête de l'exploitation tiennent à rassurer.



Sur l’ancienne route nationale qui relie Rioz à Voray-sur-l’Ognon (Haute-Saône), au détour d'un tournant, un important chantier est en cours depuis plusieurs mois. Sur le terrain situé à Sorans-lès-Breurey, la société agricole GAEC ADAM a déjà débuté la construction de deux bâtiments pour une surface de plus de 5 000 mètres carrés, destinés à l'exploitation de plusieurs centaines de vaches.

Dans un communiqué de presse, des ONG s'inquiètent. "Le projet présenté va conduire à une augmentation des pollutions, un appauvrissement des sols et de la biodiversité", explique notamment l'association SOS Loue et Rivières Comtoises rejointe par France Nature Environnement en Bourgogne-Franche-Comté.
 

2,5 millions d'euros d'investissement

Les associations s'inquiètent notamment du fait que les constructions aient débuté avant même le permis d'exploitation : "Une procédure est en cours. Sans le permis d'exploitation, aucune vache ne pourra rentrer dans ces bâtiments", expose Marc Tollot, à la Chambre d'agriculture de Haute-Saône.

Le coût des travaux atteint 2 545 000 euros. Ces investissements de taille pourraient permettre la production de 2 850 000 de litres de lait en 2022.

Les associations regrettent une ferme en complet décalage avec les aspirations sociétales. Selon leurs données, elle pourrait à terme regrouper près de 460 vaches. Un chiffre fermement démenti par Matthieu Adam. Sa famille gère l'exploitation de génération en génération. C'est avec son frère qu'il a décidé d'étendre le troupeau : 
 

"On ne dépassera jamais les 400 vaches. Après l'autorisation, nous resterons aux alentours de 370"

Matthieu Adam

Lorsqu'une de nos équipes s'est rendue sur place, les agriculteurs ont précisé leur projet. Le nouveau bâtiment est conçu pour 300 vaches laitières. Ils auront aussi 70 vaches taries, c'est à dire qu'elles sont entre deux périodes de lactation. Ses vaches là seront dans l'ancien bâtiment de l'exploitation familiale.  


Le bien-être animal remis en question

Les chiffres avancés par les ONG ont de quoi susciter préoccupations et craintes chez tous les sensibles à la cause animale : "Une fois soustraits les aires d’alimentation et les couloirs de déjections, chaque animal disposera de moins de 6 mètres carrés pour bouger et se reposer et moins d'un mètre carré pour sortir à l’extérieur. Un système concentrationnaire très loin des images de vaches pâturant dans les champs."
 
Ce à quoi répond Matthieu Adam : "Il y a des petites erreurs dans ce qu'ils disent. Chacun a ses opinions. Mais le bien-être animal sera meilleur dans les nouvelles installations. La toiture sera adaptée et isolée, des ventilateurs seront mis en place et des ouvertures sur l'extérieur seront possibles de chaque côté du bâtiment. J'ai de l'importance pour mes vaches. Elles ne sortent pas toutes en même temps. Elles seront en pâturage quand elles ne seront pas en production", argumente-t-il avant de conclure : "Avec ces centaines de vaches, il s'agit certes d'une exploitation plus intensive mais je tiens au confort de mes bêtes. Lorsque j'installe un roto de traite, c'est notamment pour réduire le temps de traite des vaches et qu'elles puissent se reposer après."

Entre les mains de la préfecture

"Je peux comprendre que ces chiffres peuvent interroger. Mais je n'ai rien à cacher. Ce lait va même servir à une coopérative haut-saônoise, ce qui permettra d'avoir un lait local et sans OGM", explique Matthieu Adam entre colère et tristesse : "Ces associations veulent choquer mais les gens peuvent venir me voir et me poser des questions, il n'y pas de problème."

Même son de cloche à la Chambre d'agriculture de Haute-Saône : "Ce sont des personnes passionnées par leurs vaches. Certaines sont présentées au Salon de l'agriculture. C'est un troupeau à haute valeur génétique", expose Marc Tollot : "Tout est fait dans les règles, il y a eu des études économiques sur la fiabilité du projet. Celui-ci est désormais entre les mains de la préfecture." 

Les exploitants du Gaec Adam ont obtenu le permis de construire pour leur projet mais ils attendent l'autorisation d'exploiter délivrée par la préfecture de Haute-Saône. Une autorisation nécessaire pour les exploitations de cette taille. La préfete doit rendre sa décision le 7 septembre. 


 
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