Le budget de l’Armée est discuté depuis lundi 22 mai à l’Assemblée nationale. De Luxeuil, Besançon, Belfort, Bourogne ou Valdahon, cinq villes de Franche-Comté accueillent des sites militaires qui participent activement à la vie économique. Élus et habitants le reconnaissent.
Le budget alloué à l’armée française pour les sept prochaines années est discuté depuis lundi 22 mai à l’Assemblée nationale. Il devrait s’élever à 413 milliards, en hausse de 30 %.
Pour Besançon, Valdahon, Luxeuil-les-Bains ou encore Belfort et Bourogne, l’armée est un acteur économique important pour la ville.
"L’Armée apporte du dynamisme à l’économie locale"
Ceux qui se réjouissent de l’augmentation du budget de l’armée, ce sont d’abord les élus qui accueillent sur leur sol des sites militaires.
Frédéric Burghard, maire Divers Droite de Luxeuil-les-Bains, ne cache pas sa satisfaction. C’est sur sa ville, et la commune voisine de Saint-Sauveur, qu’est stationnée la Base Aérienne 116. « L’armée, c’est essentiel pour nous et l’ensemble de la Haute-Saône. On l’a bien vu quand, il y a 10 ans, 300 emplois ont été supprimés ! Avant, il y avait 1 800 militaires. Je ne vous parle même pas des années 50, quand l’effectif était 3 000 militaires et la population de Luxeuil était de 10 000 habitants…Maintenant, ils sont 1 200 environ et on compte 7 000 Luxoviens» constate l'élu.
"Un militaire, c’est deux à trois personnes présentes en plus"
Même constat dans le département voisin du Territoire de Belfort, plus exactement à Bourogne où se trouve le 1er Régiment d’Artillerie de Bourogne et ses 850 femmes ou hommes, civils et militaires. Le maire Les Républicains Baptiste Guardia reconnait : « Les militaires, ça fait déjà de la population en plus. Les 300 qui logent à la caserne sont comptabilisés dans nos effectifs. Ils comptent pour le recensement ! Nous, nous avons 1 900 habitants alors ces 300, c’est important. Quand, en plus, vous comptez leurs conjoints ou conjointes, avec les enfants, ça fait du bien pour les écoles, les commerces. »
Frédéric Burghard abonde : « Un militaire, c’est 2 à 3 personnes présentes en plus. C’est la boulangerie qui vend davantage de pains, les magasins qui font plus de chiffre d’affaires, les écoles qui ne peinent pas à remplir leurs classes, et aussi les entreprises qui recrutent, car il faut embaucher celui ou celle qui vient avec le militaire. »
L'armée, c'est très important en retombées économiques
Frédéric Burghard, maire de Luxeuil-les-Bains (Divers Droite)
Pour la période 2030-2032, Florence Parly, ancienne ministre des Armées, avait annoncé le renforcement de la BA 116 et l’arrivée d’avions Rafale. Frédéric Burghard constate « une vraie dynamique économique depuis cette annonce. Les militaires sont optimistes et ça se sent. »
Baptiste Guardia renchérit, lui, sur l’image de sa commune : « Grâce à l’armée et au 1er RA, Bourogne a sa petite réputation…. ».
Au Valdahon, l'Armée, ce sont 1 300 emplois
Dans le Doubs, Valdahon ne va pas dire le contraire : cette commune de 7 000 habitants est connue bien au-delà de la région grâce à son 13e Régiment du Génie et ses 1 300 emplois. Les habitants ne s’y trompent pas : « C’est très bénéfique. Cela apporte du dynamisme à l’économie locale. Les militaires viennent acheter dans nos magasins. Ils doivent se nourrir, sortir. Ils vont dans les grandes surfaces…. » confie un habitant. Même réflexion d’une commerçante qui constate : « Les militaires, ça rend la ville vivante. » Une autre habitante ajoute : «
C’est même grâce aux militaires qu’on a pu avoir notre piscine. »
Des équipements grâce aux militaires
Pour le maire de Luxeuil, pas de doute, grâce à des projets menés avec les militaires, les villes peuvent bénéficier d’équipements qu’elles n’auraient peut-être pas pu financer sans eux. Il évoque lui aussi des piscines ou des gymnases.
Baptiste Gaurdia ou Frédéric Burghard affirment que les habitants et les militaires font bon ménage. Ils soulignent les multiples partenariats telles les visites des écoles ou encore les colis de Noël pour les militaires en opérations Extérieures, loin de chez eux.
Les militaires participent à toutes les cérémonies patriotiques. Ils leur donnent un certain relief.
Baptiste Guardia, maire Les Républicains de Bourogne, Territoire de Belfort
Et pourtant, les avions polluent et font du bruit à Luxeuil ? « Oui, malgré tout, je reçois peu de plaintes pour le bruit de la part de la population. » admet Frédéric Burghard « Mais le taux d’acceptation des habitants est très élevé, même si les avions polluent et font du bruit. Nous, on est un territoire qui aime ses militaires. »
Les militaires, acteurs de l’économie de Franche-Comté
En Franche-Comté, des sites militaires sont implantés dans 5 villes : Besançon, Valdahon, Belfort, Bourogne et Luxeuil-les-Bains. Et les militaires pèsent lourd dans l’économie de ces territoires. Dans la région Bourgogne – Franche-Comté, on recense 10 500 militaires dont la plupart sont en poste en Franche-Comté.
A Besançon, l’armée est un employeur non négligeable : plus de 3500 personnes, militaires ou civiles, travaillent pour les Forces Armées.
Il faut citer le 6e Régiment du Matériel (1000 personnes), le 19 e Régiment du Génie (1300) sans oublier les États-Majors de la 1ère Division et de la 7ème Brigade Blindée (350 et 200) auxquels il faut ajouter d’autres services (500).
Pour Valdahon, on compte 1300 emplois ; 850 personnes travaillent au 1er Régiment d’Artillerie de Bourogne et à Belfort, le 35 e Régiment d’Infanterie, c’est 1200 femmes et hommes ; la Base Aérienne 116 de Luxeuil emploie 1200 personnes.
Loi de Programmation militaire : un budget en nette augmentation
Une séquence importante a démarré à l’Assemblée nationale le lundi 22 mai : les députés discutent de la loi de programmation militaire, c’est-à-dire du budget de la défense. Et ce, pour 7 années, de 2024 à 2030.
Pour 2024-2030, il pourrait être de 413 milliards d’euros, soit une hausse de 30 % en comparaison de la somme allouée pour 2019-2025 qui était de 295 milliards.
Fait important par rapport à la période précédente, les discussions parlementaires se déroulent sur fond de guerre en Ukraine. Plus de la moitié du budget servira aux équipements. Le texte prévoit une somme de 268 milliards d'euros pour financer les équipements militaires.
Par exemple, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, en visite en Franche-Comté, a annoncé 73 millions pour le 13e Régiment du Génie de Valdahon. Le 1er Régiment d’Artillerie de Bourogne recevra plus de 70 millions pour de nouvelles lance-rockets.
La loi de programmation militaire veut aussi améliorer les conditions de vie des militaires afin de fidéliser ses effectifs. D'ici à 2030, l’armée devrait compter 275.000 militaires et civils et 80.000 réservistes.