Covid : en Haute-Saône, déjà trois fois plus de décès dans les Ehpad que lors de la première vague

Face à l’augmentation importante du nombre de résidents d’Ehpad malades du coronavirus "covid 19", et des décès, Yves Krattinger, le président du Conseil départemental de Haute-Saône tire la sonnette d’alarme. Il demande une accélération des vaccinations.

Ce mardi 5 janvier, le président du Conseil départemental de Haute-Saône ne mâche pas ses mots : "je ne peux pas garder tout ça pour moi, c’est trop dur". Face à l’importante augmentation du nombre de malades du covid, et des décès, dans les Ehpad de la région, Yves Krattinger veut alerter : "les chiffres sont très inquiétants", "l’Etat doit réagir" ajoute-t-il.

 

Une "explosion des contaminations"

Alors que la situation, surveillée de près par le conseil départemental, commençait à s’améliorer dans les Ehpad haut-saônois avec 14 décès du 14 au 20 décembre, puis 12 décès du 21 au 27 décembre, une brusque dégradation est en cours. Lors de la dernière semaine, 20 résidents sont décédés du covid dans les établissements du département. Mais surtout, c’est le nombre de nouveaux cas positifs détectés qui inquiète "prodigieusement" Yves Krattinger : "on constate une quasi explosion des contaminations dans les établissements où le virus est entré" explique-t-il.

Dans l’Ehpad des Capucins à Gray, la situation est particulièrement alarmante : sur 85 résidents, 46 sont désormais positifs, dont 37 ont été détectés au cours des 4 derniers jours. "Il n’y a qu’un décès pour le moment, mais je crains fortement pour les jours à venir. C’est terrible" commente le président.

A Vesoul, l’Ehpad des Combattants, qui était jusqu’à présent hors tensions, 53 résidents sont positifs, sur 237 places dans l’établissement. A Dampierre-sur-Salon, dans l’Ehpad Alfred Dornier, 64 résidents, sur 101 places, sont positifs au covid, et quasiment la moitié du personnel (30 cas covid de avérés pour 65 agents). 12 résidents en sont d’ailleurs décédés, dont 6 au cours des 4 derniers jours.

Au total, six maisons de retraites sont désormais classées "rouge" par le département, avec des cas avérés et des décès au cours des derniers jours. L’Hôtel Dieu à Gray et Le Doyenné du Lac à Vaivre-et-Montoille sont également concernés.

 

"S’il y a le covid dans un établissement, pas de vaccination"

Une situation d’autant plus inquiétante pour le président du Conseil départemental, que selon lui, les Ehpad touchés sont pour l’instant exclus des protocoles de vaccination. Selon Yves Krattinger, cette consigne serait pour l’instant appliquée : "S’il y a le covid dans un établissement, pas de vaccination". L’Ehpad de Cirey en aurait été victime : "l’ARS envisageait il y a une semaine d’y vacciner, car il n’y avait pas eu de covid depuis longtemps, et là, 18 covid et 3 morts", l’Ehpad de Cirey ne fait pas partie des premiers à recevoir des vaccins. Une décision qui lui semble d’autant plus difficile, que la livraison des premiers vaccins a été repoussée de plusieurs jours : "Si on attend à chaque fois que dans l’établissement tout le monde soit indemne et que quelques jours après, ils n’aient pas encore fait le vaccin, je ne sais pas comment on pourrait avancer" s’interroge Yves Krattinger.

Le président du Conseil départemental demande une accélération des vaccinations, et suggère que tous les personnels travaillant dans les Ehpads, potentiellement vecteurs asymptomatiques du virus, puissent l’être rapidement.

Selon l'ARS, "le seul obstacle à la vaccination est on ne fait pas vacciner une personne qui a eu le Covid depuis moins de trois mois". 

Comment expliquer cette augmentation ?

"On cherche la cause de ces explosions virales" explique Yves Krattinger. Mais pour l’instant, les équipes du département et des maisons de retraites sont sans réponse. Comment expliquer que le virus se propage à une telle rapidité dans certains Ehpad, alors que les gestes barrières y sont respectés, et que certains établissements touchés au début de la deuxième vague n’ont pas vécu cette "explosion" ? L’hypothèse d’une mutation du virus a été partiellement écartée, puisque seuls certains établissements sont touchés, et que les autres résidences gérées par le département, comme les structures pour personnes handicapées ou celles pour enfants placés, ne sont pas touchées par le phénomène.

Mais le président du Conseil départemental reconnaît que ses moyens sont réduits. "Est-ce que les masques sont peu efficaces ?" s’interroge-t-il "on ne le pense pas, mais je ne peux pas faire contrôler les masques que l’on a acheté sur les marchés". Là aussi, il en appelle à l’aide de l’ARS pour mener l’enquête.

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