Les gelées ont touché la Haute-Saône la nuit du 3 au 4 avril. Le thermomètre est descendu à -4°à -6° dans le secteur de l’AOC kirsch de Fougerolles. Les arboriculteurs vont scruter fleurs et bourgeons de près ces prochains jours.
Jean-Marie Rapenne est producteur de cerises. Ces dernières heures, il a regardé le mercure chuter. Avec le souvenir encore en tête des fortes gelées du printemps 2021. Aucune cerise, aucune récolte au final. Ce coup de gel qui vient de s’abattre est moins dramatique. C’est déjà une certitude. “Tout n’était pas en fleurs, il y a eu des dégâts, je ne m’aventurerai pas à donner de pourcentage” explique l’agriculteur du Gaec des Combelles. "Est-ce que ça a gelé dans les boutons ? Il faut voir si les fleurs vont se former ?"
Ce producteur est encore dans l’incertitude. Difficile d’évaluer pour l’instant les dégâts des gelées. Son espoir : ce gel intervient après une année où les cerisiers ont pu se fortifier, ils devraient mieux résister. “Et puis en général, on dit que le gel n’emporte pas tout, sauf l’année dernière, c’était du jamais-vu” se rappelle Jean-Marie Rapenne.
Des bottes de paille pour protéger les cerisiers
La nuit dernière Loïc Gallaire a tenté de combattre le froid. Pour protéger sa future production de cerises, il a brûlé 40 ballots de paille de l'an dernier. La récolte de paille avait été exceptionnelle. Selon lui, il est impossible de dire quelles seront les conséquences de cette nuit à -6 degrés. La nuit d’avant il y avait fait -3 degrés. Pour lui, il faut attendre 15 jours pour se prononcer sur la récolte 2022.
Loïc Gallaire a 33 ans. Il a repris l’entreprise familiale. Il produit de la cerise pour le kirsch, mais il ne distille pas.
Comme tous les producteurs de cerises de Fougerolles, c’est une activité annexe pour lui, et l’élevage assure une grande partie des revenus.
Sa production varie de 0 à 60 tonnes pour les très bonnes années. En moyenne, on est sur du 25 tonnes. L’an passé, il n’y a eu aucune cerise par exemple.
« Une chose est certaine, plus les années passent, plus cela devient compliqué avec les changements climatiques. La floraison démarre de plus en plus tôt, car le temps est printanier comme ces dernières semaines et d’un coup nous avons d’importantes gelées. Mais c’est ainsi, on ne peut pas aller contre la nature » estime Loïc Gallaire.
Il rappelle que les cerises sont un plus, donc une nouvelle saison sans aucune production ne mettra pas en péril son exploitation.
10.000 cerisiers dans ce secteur de Haute-Saône
Ce sera sans doute plus difficile pour les distillateurs qui dépendent de la récolte à acheter. Le secteur de l’AOC Fougerolles, ce sont 10.000 cerisiers qui seront bientôt tous en fleurs. Les producteurs croisent les doigts pour que ce coup de semonce glacial de la météo s'arrête là.