Depuis la rentrée de septembre, l'école maternelle des Capucins de Gray en Haute-Saône accueille une classe entièrement dédiée aux enfants autistes, baptisée UEMA. Reportage au coeur de ce nouveau dispositif.
Le soleil se lève seulement lorsque nous arrivons dans la maison de Gaston, 4 ans, à l'heure du petit déjeuner. Bol de céréales devant lui, l'enfant se prépare à rejoindre sa classe de maternelle. À l'école des Capucins à Gray, une Unité d'enseignement maternelle autisme (UEMA) accueille deux enfants depuis la rentrée. Gaston en fait partie. Il va passer la journée entouré de personnels formés spécialement à l'accompagnement d'enfants autistes. Pour ses parents, ce dispositif est une véritable bouffée d'air et surtout un espoir concret de voir l'enfant rejoindre d'ici trois ans une classe dite "classique".
" C’est très bien, et pour lui, et pour nous. Ca nous permet de nous reposer et vu que tout est intégré dans la structure de l’école, on ne court plus partout. Avant, il allait en école standard mais que 2 heures par semaine, sur 2 jours. Niveau organisation, c’est beaucoup plus facile", nous explique Marine Pyon, la maman de Gaston et de deux petites filles.
Sur place, différents professionnels accompagnent tout au long de la journée Gaston et Jared, un autre petit garçon de 5 ans atteint de troubles autistiques. Des enfants non scolarisables en milieu ordinaire mais qui y sont néanmoins immergés dans un cadre protecteur, géré par l'UEMA avec une équipe dédiée et une institutrice spécialement formée. L'objectif est de les mener à l'intégration.
Découvrez le reportage de Stéphanie Bourgeot, Denis Colle et Amélie Goiffon :
Le programme de maternelle est le même. C'est la méthode qui diffère et qui a été entièrement adaptée aux deux enfants. "Le but c’est de ne jamais être en échec. On commence par des choses acquises et ensuite on met un petit apprentissage avec de la guidance et on finit toujours pas du positif. Il faut qu’ils trouvent de la motivation à venir. On se sert beaucoup de leur centre d’intérêt", nous détaille Justine Daval, enseignante.
Des progrès considérables en quelques semaines
" Chaque année on fait un projet pour l’enfant, on cible ensemble les objectifs qu’on va mettre, par thème et on définit par quel moyen on va élaborer ça. Par exemple, l’autonomie, se laver les mains, accrocher son manteau à sa place. On se base sur ce qui est attendu dans leur future classe ", ajoute Marjolaine Grisouard, monitrice éducatrice spécialisée.
Les apprentissages sont immédiatement mis en pratique, à la récréation, à la cantine et sur des temps d’immersion dans les autres classes. Sur le chemin de l’intégration, chaque progrès est une victoire et ils sont considérables, comme nous le confirme Mandy Muller, la maman de Jared : "Il dit maintenant des mots qui ont du sens, il dit des phrases, en seulement quelques semaines." Dans ce dispositif, les parents jouent également un rôle important. Les différents intervenants de l’Unité d'enseignement échangent quotidiennement avec eux.
L'"ordinaire" est l'un des objectifs à atteindre tout en douceur pour Jared et Gaston, les petits pionniers d'une classe extra-ordinaire.