Le thermomètre est descendu à -2 degrés la nuit dernière dans certains secteurs du département de la Haute-Saône. Les producteurs de l’AOC kirsch de Fougerolles ont été touchés. L’heure est à l’estimation des dommages sur la future récolte.
Ce mardi 23 avril au petit matin, le froid de la nuit a laissé place à un beau ciel bleu. Ils sont encore une soixantaine de producteurs de cerises sur le secteur de Fougerolles à surveiller leurs arbres à chaque caprice de la météo. Dans son verger, Jean-Marie Rapenne, producteur de kirsch au GAEC des Combelles à Fougerolles-Saint-Valbert fait le constat devant nos journalistes Laurent Ducrozet et Laurent Brocard venus à sa rencontre.
Le thermomètre est descendu entre -2 et -3 degrés. On constate que sur le bas des arbres, les cerises sont noires de gel. Elles sont mortes.
Jean-Marie Rapenne, producteur de kirsch
Dans les vergers de ce secteur, les agriculteurs n'ont rien pu faire. "On n'a aucun moyen de lutter contre le gel étant donné qu'on est sur des arbres de haute tige qui montent à 10-12 mètres de haut" précise le producteur.
Estimer les pertes, c'est toujours difficile. J'estime qu'on a une perte de 50% de perte, variable d'un arbre à l'autre, d'un secteur à l'autre. Et il faut savoir que lorqu'un arbre est gelé à 75-80%, les coûts de récolte sont supérieurs au produit de l'arbre, donc il ne sera pas récolté".
Jean-Marie Rapenne, producteur de cerises
Des cerises très en avance
Comme les vignerons, les producteurs de cerises ont la hantise du gel, ce méchant coup de froid qui peut anéantir en quelques heures la future récolte. Ce mardi, les vergers étaient dans une configuration inédite. “On est dans une situation où les cerises sont déjà comme des petits pois au niveau taille. Le gel arrive d’habitude sur des cerisiers en fleurs. Là, elles sont en avance. On n’a pas l’habitude de voir du gel dans une situation comme celle-là. On verra bien ce que ça donne à midi une fois que la température sera remontée”, confiait au réveil Jean-Marie Rapenne.
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La philosophie des anciens
Jacques Daval est président de l'Association des producteurs de cerises et de kirsch de Fougerolles. Il a appris avec le temps à accepter les caprices de dame nature. “S'il y a du mal et des dégâts, c’est fait. Déjà que la floraison n’avait pas été terrible, on verra bien si ça s’est aggravé et on fera avec” explique-t-il ce matin à France 3 Franche-Comté.
Il espère juste que cet épisode de gel, ne va pas se répéter sur plusieurs jours. “Le pire serait que ça dure longtemps, ça provoquerait l’arrêt de la sève et en une semaine tous les futurs fruits dégringolent”.
Dans ce secteur de Haute-Saône, on compte 10.000 cerisiers, destinés à la production du kirsch. Les producteurs de cerises sont pour beaucoup des agriculteurs, pour qui la production de fruits est une deuxième source de revenus, et de nuits blanches quand la météo sort de ses gonds.
En 2021 et 2022, les arboriculteurs avaient déjà subi des pertes liées au gel. Début avril 2022, le thermomètre était descendu entre -4 et -6 degrés dans le secteur de Fougerolles en pleine floraison des cerisiers. Certains avaient combattu le froid en brulant des bottes de paille pour limiter les dégâts.